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Pas vraiment une priorité

Dossier | publié le : 01.12.2003 | C. L.

Malgré un calme apparent qui se manifeste par une faible conflictualité, les DRH doivent composer avec un climat social plutôt dégradé. Voilà qui ne leur facilite pas la tâche, au vu de la mission qui leur incombe : l'accompagnement des restructurations et réorganisations. Plus de 55 % des responsables RH interrogés estiment d'ailleurs que les restructurations et les réductions d'effectifs ont un impact négatif sur les salariés. 57 % d'entre eux font également état d'un mécontentement lié aux conditions de travail. « Il est la conséquence de l'intensification des réorganisations liées au passage aux 35 heures et à la recherche de productivité »,estime Frédéric Pichard, consultant senior chez CSC Peat Marwick. L'arrêt annoncé des préretraites n'aide pas à détendre l'atmosphère, puisque 57 % des firmes de notre baromètre pensent que cette perspective contribue au mauvais climat actuel. En revanche, les salariés manifestent moins d'insatisfaction quant à leur rémunération ou à leurs perspectives de carrière. « En période socialement peu favorable, les attentes sociales se font moins pressantes », résume, laconiquement, Claude Mathieu, directeur des ressources humaines de Messier-Dowty. Mais le malaise s'exprime indirectement. Ainsi, les arrêts maladie sont en hausse pour 35 % des entreprises interrogées, les affaires de harcèlement moral pour 25 % et les litiges aux prud'hommes pour 18 % d'entre elles.

« Une époque schizophrénique »

Alors que le climat n'est pas franchement au beau fixe, 81 % des DRH interrogés affirment pourtant que le capital humain, donc la motivation des salariés, constitue l'une de leurs priorités à court terme. « Nous sommes vraiment dans une époque schizophrénique », juge Alain Riberry, partner chez CSC Peat Marwick. « Le sujet monte partout en puissance », constate de son côté Jean-Louis Vincent, DRH de Geodis. Cette prise en compte du capital humain a en principe un impact positif sur l'image de l'entreprise et… sur sa performance. Réputée motiver et fidéliser son personnel, l'entreprise se trouve en meilleure posture pour attirer les talents.

Autre chantier mais plutôt à moyen et long terme pour 72 % des DRH interrogés : le développement durable. Un domaine dans lequel les entreprises engagent, petit à petit, une batterie d'actions. Les plus exposées au risque environnemental sont les plus avancées sur le sujet. Le cas d'Areva et de sa filiale la Cogema en est une bonne illustration. Huit principes d'action sont en vedette dans une petite brochure de synthèse qui sert de repère. Le social figure en bonne place aux côtés des préoccupations économiques et environnementales. L'objectif est double : impliquer les salariés dans les démarches de développement durable et de progrès dans lesquelles le groupe s'est engagé, assurer une meilleure adéquation entre les besoins du groupe et les souhaits des salariés. Différentes actions ont déjà été mises en œuvre : une formation interne « valeurs du groupe et déontologie », dispensée au sein de l'université Areva, le partage des bonnes pratiques de GRH et la consolidation des indicateurs sociaux. Le mouvement est donc lancé. Outre les actions visant à maîtriser les effets de l'activité sur l'environnement, 28 % des firmes concernées publient un rapport annuel social et environnemental et 21 % s'y préparent. Des démarches de certification environnementale et sociale sont déjà engagées dans 30 % des sociétés de notre échantillon. Et 15 % vont franchir le pas dans un avenir proche.

Dans le domaine des RH, de nombreux chantiers sont en cours, même si la conjoncture en ralentit la progression. Les baromètres de suivi du climat social et de satisfaction des salariés se généralisent. 58 % des firmes sondées possèdent déjà de tels outils, à l'instar de Geodis, et 21 % envisagent de s'en doter. Le PMU, qui disposera de cet outil en 2004, a déjà mené différentes actions pour sonder son personnel. Dont une table ronde pour connaître la perception de la nouvelle politique RH et définir des axes d'amélioration. Completel, lui, lance des groupes de travail associant les salariés sur les priorités de l'année : confiance, reconnaissance, développement personnel, initiative, meilleures pratiques d'entreprise.

Les chartes font florès

Les DRH planchent également sur les questions de déontologie. Les chartes font aujourd'hui florès, même si elles confondent parfois éthique et valeurs de l'entreprise. « Les concepts, et surtout leur mise en œuvre, sont encore mal appréhendés par les entreprises », reconnaît Dominique Laurent, directeur des ressources humaines d'Elco Brandt. L'amélioration des conditions de travail a aussi les faveurs des entreprises : 51 % des DRH interrogés disent avoir engagé des actions dans ce sens et 17 % ont des projets en cours. Des efforts insuffisants ou mal perçus si l'on se réfère à l'insatisfaction des salariés sur le sujet. D'autres thèmes sont en vogue comme l'égalité hommes-femmes ou l'insertion des personnes handicapées.

Par ailleurs, la moitié des DRH (53 %) disent avoir engagé des actions afin d'améliorer les relations avec leurs interlocuteurs syndicaux, mais seulement 9 % s'apprêtent à en mener. Beaucoup d'entreprises vivent donc sur leurs acquis. Notre baromètre montre que l'amélioration du dialogue social ne figure pas au hit-parade de leurs attentes (voir page 74). Quelques pionniers cherchent toutefois à sortir des schémas convenus, comme Completel, qui vise à impliquer les syndicats dans les démarches de développement personnel. L'alchimie entre l'économique et le social, le collectif et l'individuel, reste à trouver. C'est tout le sens du développement durable.

81 % des DRH sont intéressés à court terme par le capital humain

25 % des DRH sont intéressés à court terme par le développement durable

34 % des DRH sont intéressés à court terme par la gouvernance d'entreprise

57 % des DRH estiment que les salariés ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail

Quelle est votre appréciation du climat social au sein de votre entreprise ?

35 % des DRH ont constaté une hausse des arrêts de travail

25 % une hausse du nombre d'affaires de harcèlement moral

18 % du hausse du nombre de litiges aux prud'hommes

Au cours des douze derniers mois, comment ont évolué les indicateurs suivants ?

Le premier baromètre Liaisons sociales-CSC Peat Marwick a été réalisé auprès des responsables des ressources humaines de 53 entreprises et établissements représentatifs de l'ensemble des secteurs d'activité (40 % appartiennent à l'industrie, 19 % aux services, 13 % à l'administration). 49 % d'entre eux emploient plus de 5 000 personnes, 36 % de 1 000 à 5 000 personnes et 15 % de 500 à 1 000, ce qui représente environ 1,3 million de salariés. 55 % ont une implantation internationale et 45 % une implantation nationale.

Ont notamment répondu à notre enquête : Accor, AGF, Alcatel, Arcelor, Bic, BHV, Bouygues Bâtiment Ile-de-France, Caisses d'épargne de Bretagne et de Haute-Normandie, Caisse nationale des caisses d'épargne, CHR de Lille, Centre hospitalier de Valenciennes, Champagne Céréales, Chanel/Bourjois, Cogema, Completel, Communauté urbaine de Lille, Conseil général de Seine-et-Marne, conseils régionaux des Pays de la Loire et de Poitou-Charentes, Crédit agricole du Finistère, Confédération nationale du Crédit mutuel, EDF, ElcoBrandt, Ethicon SAS, Fleury Michon, France 3, Fromageries Bel, Galderma, GECapital Bank, Geodis, Inria, La Poste, Dassault Falcon Services, Harry's France, Messier-Dowty, Michelin, ministère de l'Économie et des Finances, Pfizer, PMU, Radiall, RATP, Rexel, Richemont, Saur France, Schlumberger limited, SEB, Thales Communications, Thales Naval, Whirlpool France, MMA…

Auteur

  • C. L.

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