Les DRH ont à nouveau le nez dans le guidon. Dans un contexte économique difficile dominé par la panne de croissance, l'atonie des carnets de commandes et l'exacerbation de la concurrence, les responsables des ressources humaines se préoccupent principalement de rentabilité à court terme et de performance de l'organisation. Tel est le premier enseignement du premier baromètre réalisé par Liaisons sociales et le groupe CSC Peat Marwick auprès d'une cinquantaine de DRH de grandes entreprises et organismes privés et publics (voir page 75). Mis sous pression par leurs directions générales, ils ont les yeux rivés sur les indicateurs de coûts : l'évolution des effectifs et l'augmentation de la masse salariale. Car la tâche essentielle des DRH consiste, à l'heure actuelle, à gérer les restructurations et les réorganisations liées aux rachats ou cessions d'entreprises, aux difficultés économiques ou à l'obsolescence des techniques. Les services RH sont priés de se mettre eux-mêmes au diapason et d'accroître leur efficacité, en se réorganisant, en se dotant de systèmes d'information plus performants et en diminuant leurs coûts.

Considérés comme des partenaires à part entière du business, les DRH ont en outre – par-delà les aléas conjoncturels – des chantiers de fond à conduire : soutenir les managers opérationnels, organiser la mobilité, suivre les carrières et les hauts potentiels, mettre en place l'internationalisation des équipes. Avec une palette d'outils (SIRH, intranet…) de plus en plus large, qu'ils souhaiteraient encore plus opérationnels. Privilégiant les actions managériales et sociales dont le payback est immédiat, les responsables RH renvoient bien souvent à plus tard les dossiers de longue haleine comme la gestion des âges, l'employabilité, voire le développement durable, alors que ce dernier figure en bonne place dans les projets et les intentions. Même si le capital humain est plus que jamais érigé au rang de priorité, les salariés n'apparaissent pas pour autant satisfaits de leurs conditions de travail, si l'on en croit les DRH que nous avons interrogés. L'amélioration du dialogue avec les organisations syndicales ne fait pas non plus partie des urgences. Le climat dans les entreprises s'en trouve alourdi, en dépit du calme apparent. En période de crise, chacun s'accroche à son emploi. Mais gare au retour de manivelle !…