Bernard Pasquier
Délégué de l'Association française pour la réflexion et l'échange sur la formation (Afref) et auteur de Voyages dans l'apprentissage aux éditions L'Harmattan.
Quelle place l'apprentissage a-t-il pris dans notre système éducatif ?
En dix ans, nous sommes passés de 200 000 à 400 000 apprentis dont 12 à 13 % dans l'enseignement supérieur. Cette dernière évolution a d'ailleurs considérablement changé la donne. Alors que l'apprentissage était lié à l'échec scolaire et aux métiers de la production à connotation négative, il est désormais reconnu comme une filière de formation à part entière. On peut préparer un diplôme par l'apprentissage, du CAP au diplôme d'ingénieur ou de commerce. Par ailleurs, il s'est développé dans des secteurs qui l'ignoraient jusqu'à présent : le secteur financier par exemple. Il est utilisé par les entreprises comme un outil de prérecrutement pour renouveler leur personnel et anticiper les départs à la retraite.
Pourtant, on assiste aujourd'hui à une stabilisation des effectifs…
Cette situation est née d'une attitude collective d'indécision. Les conseils régionaux, qui ont principalement porté le développement de l'apprentissage, ont levé le pied sur les investissements. Ils attendaient jusqu'à l'année dernière une réforme de la taxe d'apprentissage qui n'a pas eu lieu. De plus, l'information des jeunes et de leur famille était mal organisée. Une partie de l'information passait et passe encore par les structures de l'Éducation nationale qui veut remplir ses lycées professionnels plutôt que de voir partir les jeunes en CFA. Avec le renforcement de la décentralisation, les conseils régionaux vont devoir animer les différents réseaux d'information et d'orientation comme les missions locales, les points d'information des chambres de commerce ou encore les CIO, pour mieux informer les publics.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour relancer l'apprentissage ?
La situation actuelle ne sera débloquée que si les négociations sur la formation professionnelle abordent la formation des jeunes et notamment les contrats d'insertion. Ce qui amènera les partenaires sociaux à se positionner par rapport à l'apprentissage. Le gouvernement et les conseils régionaux ne se décideront à bouger que si syndicats et patronat trouvent un accord.