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Politique sociale

Le syndicalisme corse contaminé par la préférence insulaire

Politique sociale | REPORTAGE | publié le : 01.06.2003 | Anne Fairise, en Corse

Champion de la « corsisation » des emplois, le Syndicat des travailleurs corses taille des croupières aux centrales dans le privé et pointe son nez dans le public, où il revendique des concours régionalisés. Mais son slogan se heurte à la réalité : l'île de Beauté manque de bras et de main-d'œuvre qualifiée.

Inutile de chercher. Aucune trace du Syndicat des travailleurs corses (STC) parmi les manifestants qui remontent paisiblement le cours Napoléon, à Ajaccio, derrière la banderole « Tous ensemble pour l'avenir des retraites ». En ce 1er Mai, le Sindicatu di i travagliadori corsi, d'obédience nationaliste, ne s'est pas joint au traditionnel défilé. Celui des « syndicats français », comme il les appelle. Une habitude à laquelle il n'a jamais dérogé, même s'il occupe une place désormais incontournable dans le paysage social insulaire. Aux élections prud'homales de décembre 2002, le STC a délogé la CGT d'une première place qu'elle occupait en Corse depuis 1979 ! Son cahier de doléances, le ci-devant « premier syndicat du secteur privé » a préféré le remettre directement à Nicolas Sarkozy, en visite sur l'île de Beauté le 25 avril dernier.

Au premier rang des revendications du STC figure la « corsisation des emplois » dans le secteur public. C'est sur ce thème sulfureux que le syndicat a bâti méthodiquement son ascension, depuis sa création en 1984. En s'implantant tout d'abord dans le maigre tissu des microentreprises insulaires (95 % ont moins de 10 salariés), alors que les syndicats confédérés se concentraient sur les bataillons du secteur public. La requête du STC est ensuite montée d'un cran lorsque la Corse est devenue une région pilote en matière de décentralisation, dans les années 90. Également portée par les mouvements indépendantistes, à commencer par le FLNC, elle a pris depuis un an une tournure menaçante, avec l'explosion, en plein été 2002, d'une charge de 20 kilos qui a dévasté le siège ajaccien de l'Insee.

À l'origine de cet acte de violence, tout de même condamné par le syndicat d'obédience nationaliste, l'arrivée à Ajaccio d'un fonctionnaire « continental », dont le STC et la CFDT exigeaient le remplacement par un agent d'origine corse. Moins bien classé au concours national, ce dernier avait été affecté à Lyon. L'acte terroriste sera revendiqué par le FLNC au nom de la lutte contre la politique de « décorsisation des emplois ». Selon les indépendantistes, l'État s'ingénierait en effet, dans la région la plus administrée de France – la Corse compte un tiers d'emplois publics –, à privilégier la nomination, en particulier aux postes clés, de « pinsutti », comme on surnomme ici les gens du continent.

Depuis l'attentat contre l'Insee, le combat pour la préférence insulaire en matière d'emploi a suscité de nombreuses autres actions. En mars dernier, des militants d'Indipendenza ont occupé les locaux de l'ANPE, toujours à Ajaccio, en les bombant avec des slogans du genre « La francisation, ça suffit ! » ou « Les emplois aux Corses », comme ils l'avaient fait auparavant à la Direction de l'équipement (DDE), aux Impôts, à la Jeunesse et aux Sports… Au printemps, le STC a déclenché une grève sur ce même thème à La Poste (2 200 employés sur l'île), quelque peu interloquée par ce procès. « Au total, mutations incluses, les embauches concernent à parité les fonctionnaires et les salariés de droit privé, recrutés localement », affirme la DRH, Véronique Rommel. Et la revendication a même gagné le secteur privé, le STC dénonçant devant un hypermarché Carrefour l'arrivée d'un cadre de Nice, en tant que responsable de caisses, alors que « des employés avec plusieurs années d'expérience sont écartés des promotions internes ». Des actes toutefois sans commune mesure avec le plastiquage de l'Insee.

Une concession de Sarkozy

Que Nicolas Sarkozy ait lui-même ouvert le dossier, à l'automne, n'y est sans doute pas étranger. En se déclarant « favorable à l'insertion des Corses en Corse » et au développement de « concours régionaux pour le recrutement des fonctionnaires de catégorie B et C », le ministre de l'Intérieur a provoqué des remous jusque dans les rangs socialistes de l'Assemblée nationale. Concession aux mouvements nationalistes ? Habile, le locataire de la Place Beauveau a vite élargi son propos : « La régionalisation des concours est une initiative que l'on peut étendre à la France entière. » Et de préciser qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que de recourir aux « concours déconcentrés », déjà pratiqués par certains ministères. Différence subtile : il ne s'agit pas d'un recrutement régional, mais d'un concours national ouvert à tous, délocalisé, à affectation régionale…

Mais le STC jure avoir obtenu une autre concession de taille de Nicolas Sarkozy. « Le ministre nous a affirmé qu'aucune publicité sur les postes administratifs à pourvoir en Corse ne serait faite sur le continent », s'enthousiasme Jacky Rossi, secrétaire général du STC. Ce qui revient, dans les faits, à instaurer une forme de recrutement insulaire ! « La corsisation, ce n'est pas seulement une priorité d'emploi donnée aux Corses, à ceux ayant un conjoint corse, des intérêts moraux ou de famille dans l'île, nuance le leader du STC. Elle concerne tous ceux qui y résident et partagent une communauté de destin. C'est d'ailleurs parmi les populations arrivées il y a quelques années, qui ont aujourd'hui des enfants au chômage, que la demande de corsisation des emplois est la plus forte. » L'organisation, qui se définit comme un « syndicat nationaliste et non de nationalistes », affirme compter, parmi ses 3 800 membres, des continentaux comme des salariés immigrés. Et récuse toute dérive xénophobe, rappelant qu'elle a condamné l'attentat de la fin avril contre les locaux de l'Association des Marocains. Rien d'incompatible donc, selon elle, entre « la défense de tous les travailleurs vivant en Corse » et la « corsisation des emplois ».

Priorité aux insulaires

Le terme fait bondir les syndicats confédérés, qui y décèlent des connotations « racistes » ou « populistes ». Mais force est de constater qu'une fois le vocable écarté, la CFDT et FO s'accordent pour donner, « à compétence égale », la priorité aux insulaires. Seule exception : la CGT s'en tient à « l'extension des concours nationaux à vocation régionale » proposée par le ministre de l'Intérieur. Force ouvrière s'en félicite aussi. « C'est une de nos revendications depuis plus de dix ans », commente Paul Giacomoni, son secrétaire général. De quoi, selon lui, « faire rentrer la Corse dans le statut de la fonction publique ». Reste que ce syndicaliste ne serait pas contre une adaptation, pour la seule Corse, du droit d'accès aux concours : « Les régionaliser permettrait de donner une chance aux jeunes de la région et de garantir une stabilité des effectifs de la fonction publique, soumise à un grand turnover du fait des mutations. »

Un discours équivoque. Il est vrai que la revendication de la corsisation des emplois publics « suscite un engouement chez certains jeunes », ainsi que le reconnaît avec un certain embarras Patrick Maurel, représentant CGT en Corse du Sud. Et que le STC concurrence de plus en plus ouvertement les syndicats confédérés. Malgré son absence de représentativité nationale, il commence à marquer des points dans leur chasse gardée, le secteur public. Notamment dans les hôpitaux, dans l'enseignement ou à EDF. À la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), il a démontré sa capacité d'action, en décembre 2002, en bloquant les ferries durant sept jours, malgré l'hostilité des autres syndicats.

Une ascension qu'Étienne Santucci, trésorier du Syndicat des travailleurs corses, explique par un travail de proximité : « Nous menons nos actions au plus près du terrain et des spécificités insulaires », plaide-t-il. Le STC a élargi son champ de revendications au-delà de la « corsisation des emplois, ajoute un expert du monde du travail. C'est le syndicat le plus actif dans la défense des salariés devant les conseils de prud'hommes. Il a privilégié l'action purement syndicale. Cela lui a permis de s'implanter au-delà de la sphère nationaliste ».

Une CFDT très « corsiste »

Présenté naguère comme le messager des clandestins du FLNC dans les entreprises, en clair comme un groupe de pression chargé de récupérer l'« impôt révolutionnaire », le STC revendique son émancipation des partis nationalistes depuis le début des années 90. Une période au cours de laquelle la mouvance a éclaté en factions rivales. Pour un haut fonctionnaire, qui tient à conserver l'anonymat, le syndicat serait à ce point intégré dans le paysage social qu'il existerait « une alliance de fait entre le STC et le Medef, le patronat ayant voulu affaiblir les syndicats confédérés, notamment la CGT, capables, à coups de grèves, de désorganiser l'économie et de bloquer l'île ».

Le décollage du STC s'est réalisé aux dépens des organisations traditionnelles. Avant de créer leur syndicat, avec une dizaine d'associations, afin d'investir le tissu socio-économique, les nationalistes ont d'abord choisi la voie de l'entrisme dans les syndicats confédérés, notamment la CFDT. Au point de rendre celle-ci quasi exsangue lorsqu'ils l'ont quittée pour constituer le STC. La CFDT a d'autant plus mal vécu cette période qu'elle n'a jamais caché son positionnement « corsiste ». Ce qui lui a valu des tiraillements avec la confédération et d'être accusée de faire le jeu des nationalistes, voire le lit du STC. À la pointe de toutes les batailles, de la défense de la langue corse à la création de l'université de Corte, elle a ainsi approuvé – contrairement à la CGT et à FO – le statut spécifique octroyé par Pierre Joxe en 1992 et le processus de Matignon, initié par Lionel Jospin. « C'est nous qui avons inventé le terme de « corsisation » des emplois, revendique Michel Beveraggi, représentant de l'union régionale. Nous avons ainsi traduit le concept “vivre et travailler au pays” que la confédération portait dans les années 70. Depuis, le STC nous a rejoints sur cette revendication. Le terme a été dénaturé. »

La revendication a également des partisans au sein du patronat insulaire. « S'il faut avoir un nom de famille corse pour décrocher un emploi, c'est insupportable. Mais pourquoi ne pas donner la priorité aux Corses ou à ceux qui veulent s'investir en Corse ? Cela permet de fidéliser le personnel dans notre secteur, la grande distribution, confrontée à un fort turnover. Dans notre hypermarché de Bastia, certaines employées de caisse sont en poste depuis 1971 », observe Charles Capia, ex-président du Medef insulaire, premier employeur privé de l'île (1 200 salariés), connu pour ses convictions régionalistes. Dans ses quatre hypers et ses cinq supermarchés, le recrutement local est privilégié. Quant aux cadres, ils « sont issus à 95 % de la promotion interne ». Et s'il recrute parfois sur le continent, il s'assure au préalable des intentions du candidat : « Ma première question est de savoir s'il compte s'installer ici. Je n'embaucherais pas quelqu'un dont l'épouse reste sur le continent. »

La polémique autour de la corsisation de l'emploi n'est pas près de retomber. A fortiori dans le secteur public, où les insulaires ne sont pas majoritaires. Parmi les 9 200 emplois de titulaires civils de la fonction publique d'État, moins de la moitié (47,3 %) étaient occupés, fin 1998, par des fonctionnaires nés sur place, note une étude de la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP). Une vingtaine de départements métropolitains avaient un taux supérieur, dont le Nord-Pas-de-Calais en tête, avec deux fonctionnaires sur trois natifs de la région !

Une fuite des élites

Le débat devrait d'autant plus s'aviver que les départs en retraite parmi les fonctionnaires de catégories B et C (quelque 7 000 personnes), massifs d'ici à 2012, ouvrent de nouvelles perspectives : un tiers des fonctionnaires en poste en Corse auront soufflé leurs 60 bougies avant cette échéance, selon l'Insee. D'où des embauches prévisibles, même si, comme le note Paul Giacomoni, de FO, « la tendance générale n'est pas à l'augmentation des effectifs dans la fonction publique, ni même au remplacement poste par poste des départs en retraite ».

Dans le privé, la revendication risque en revanche de se heurter au principe de réalité. Si des perspectives d'embauches existent, encore faut-il que des candidats veuillent les saisir, et qu'ils soient disponibles et qualifiés. Or la Corse est la région la moins peuplée de France (260 000 habitants) et la plus vieillissante. « Il y a un déséquilibre fondamental entre les ressources nécessaires au développement économique et la réalité démographique », explique Michel Biggi, économiste. Et d'énumérer un niveau de qualification inférieur à la moyenne, moins de diplômés post baccalauréat, une fuite des élites, une forte émigration des jeunes de 20 à 25 ans, des carences dans l'offre de formation. Région touristique, la Corse ne dispose par exemple pas d'école hôtelière. Le comble est qu'en dépit d'un taux de chômage toujours élevé (10,2 %) l'île n'arrive pas à pourvoir toutes les offres d'emploi. « Il y a un décalage entre les besoins en main-d'œuvre dans le bâtiment, le tourisme, l'agriculture, le transport et les aspirations des demandeurs d'emploi, qui se détournent de ces métiers », note Didier Rey, directeur régional de l'emploi et de la formation professionnelle.

Serveurs et cuisiniers lorrains

Particulièrement touchés par le manque de bras, le BTP et l'hôtellerie-restauration. Chaque année, le Club Med peine pour trouver les employés locaux nécessaires au fonctionnement de ses deux villages de Cargèse et de Sant'Ambrogio. « Nous n'arrivons à pourvoir sur place que 5 % des 400 postes. Il n'y a pas de vivier local. Malheureusement, car cela nous permettrait d'éviter de déplacer des centaines de personnes », déplore Vikash Limbeea, chargé du recrutement. À titre de comparaison, le Club Med de Vittel recrute la moitié de son personnel localement. Même constat à l'ANPE d'Ajaccio : « On compte cinq offres d'emploi dans l'hôtellerie-restauration pour une demande », regrette Jean-Marie Marcaggi, le directeur de l'agence locale, qui organise depuis cinq ans des recrutements par visioconférence entre les hôteliers corses en quête de cuisiniers ou de serveurs et des demandeurs d'emploi lorrains ! L'expérience va être étendue à la Bourgogne et à l'Auvergne. Car la centaine de Lorrains recrutés chaque année pour la saison touristique n'est qu'une goutte d'eau face aux 1 500 postes à pourvoir, rien que sur Ajaccio. Dans le bâtiment, la pénurie est moins criante : deux offres d'emploi pour une demande. Mais elles trouvent preneurs, « à 65 % auprès de maçons des pays de l'Est, la Pologne notamment », reprend Jean-Marie Marcaggi.

Une situation qui risque de devenir problématique, avec les 2 milliards d'euros de crédits exceptionnels accordés à la Corse dans le cadre des accords de Matignon, pour rattraper le retard en infrastructures. « Il faudra trouver un juste équilibre entre la proportion de travailleurs étrangers et la jeunesse locale », pronostique le responsable de l'ANPE d'Ajaccio, qui a entamé, avec les professionnels du secteur, des actions pour revaloriser l'image des métiers. Pour l'instant, le recours à la main-d'œuvre étrangère reste faible. La DRTEFP a autorisé, en 2002, l'embauche de 500 travailleurs étrangers, saisonniers marocains dans l'agriculture, serveurs ou ouvriers qualifiés d'Europe de l'Est. Beaucoup travaillaient déjà sur place. « Il s'agit surtout de régularisation de situations illégales, essentiellement dans l'agriculture », souligne un inspecteur du travail. Selon l'Insee, 10 % de la population en Corse est étrangère. Soit le même taux qu'en Ile-de-France.

De quoi relativiser la polémique sur l'emploi. « La corsisation ne doit pas être un dogme. Elle doit être mise en pratique grâce à l'élévation du niveau de compétences. Mais tout, ou presque, reste à faire », estime Jean-Claude Guazzelli, président de l'Agence de développement économique. Le vice-président du Conseil exécutif de l'assemblée de Corse planche sur la mise en place d'un programme de formation aux métiers du BTP pour aider les entreprises à saisir les marchés locaux du Plan exceptionnel d'investissement. L'objectif, ambitieux, est que 40 % reviennent aux entrepreneurs locaux. « Ce qui n'est pas gagné d'avance », reconnaît l'élu Divers Droite.

En attendant, une vague d'attentats vise, depuis plusieurs mois, des sociétés de BTP continentales. Et des entreprises insulaires qui souhaiteraient s'allier à de grands groupes pour remporter les futurs marchés inscrits au PEI. Refusant de regarder la réalité en face, certains nationalistes ne désarment pas !

Le dialogue social reste à construire

Quand un conflit éclate en Corse, on ne sait jamais quand il va se terminer. Tout le monde garde ainsi en mémoire les précédents de 1989 et 1995, qui ont désorganisé l'île pendant plusieurs mois. La Corse figure ainsi dans le peloton de tête des régions les plus conflictuelles. « Les conflits collectifs, menés surtout dans le secteur public, sont peu nombreux », tempère toutefois Didier Rey, directeur régional de l'emploi. « Mais ils sont longs et très bloquants. »

Autre singularité insulaire : on compte 50 % d'affaires en plus devant les prud'hommes, par rapport à la moyenne nationale ! Presque aucune n'est résolue lors de la conciliation préalable, contre la moitié sur le continent. Cette judiciarisation s'explique par la petite taille des entreprises privées. Seuls 21 % des salariés sont couverts par un accord de branche.

Et « beaucoup de TPE travaillent à côté du Code du travail », résume un spécialiste. Mais il y subsiste aussi des rapports de travail très particuliers, issus du fonctionnement clanique, qui se situent uniquement « dans le registre des relations personnelles », observe le sociologue Alain d'Iribarne.

Pour dépasser ces antagonismes, les syndicats, le patronat, des entreprises publiques et privées, l'administration du travail ont été invités, à la suite des accords de Matignon, à se rencontrer pendant six mois, sous l'égide de l'Institut national du travail (Intefp). Une petite révolution dans la mesure où la Corse n'a ni culture ni espace de dialogue social.

« Nous avons tissé des relations constructives », affirme Didier Rey. À la nuance près que la CGT et FO ont refusé d'y participer. Les partenaires présents se sont entendus pour impulser la création d'une Aract (agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail) et d'un institut corse du travail. « Car la conflictualité s'explique aussi par l'absence d'une culture de la réglementation sociale », note Marie-France Giovannangeli, ex-secrétaire du STC en Haute-Corse et DRH du groupe Codim 2 (Casino-Géant). Mieux : une Association de médiation des conflits, créée à cette occasion, a déjà commencé à intervenir dans certains conflits collectifs.

Auteur

  • Anne Fairise, en Corse