Alors que la moitié des salariés est aujourd'hui en « reuteuteu », les bataillons d'employés des petites entreprises et la vaste galaxie des indépendants continuent à effectuer des horaires à rallonge. La RTT a creusé le fossé entre les Français qui travaillent. Et la loi Fillon a pérennisé la situation.
La France carbure au deux-temps. Il y a ceux qui partent en congé ou en week-end prolongé et ceux qui les regardent partir. Tous les vendredis après-midi, Anne-Sophie peste au téléphone. Commerciale dans une société d'études d'une dizaine de personnes, elle relance les clients. Mais ce jour-là, elle échoue le plus souvent sur des boîtes vocales. « Ils sont tous en “reuteuteu”, maugrée-t-elle. Ça devient insensé de contacter les gens dans les grosses boîtes. Le lundi ils sont en réunion, le mercredi avec leurs mômes et le vendredi à la campagne… » Le tableau dressé par cette salariée qui, elle, ne part pas en week-end dès le jeudi soir est sans doute un tantinet caricatural. Mais il illustre la fracture qui sépare désormais les « avec » des « sans » 35 heures. Une France coupée en deux.
Aujourd'hui, la moitié des salariés est à 35 heures. Mais pas de chance pour ceux qui travaillent dans les toutes petites structures (soit 90 % des entreprises hexagonales) : si, selon les chiffres de l'Urssaf, près des deux tiers des collaborateurs des sociétés de plus de 20 personnes étaient passés aux 35 heures à la fin septembre 2002, seuls 20 % des salariés des entreprises de plus petite taille en bénéficiaient à cette date. Pas de chance non plus pour les travailleurs indépendants, artisans et professions libérales qui endurent en moyenne des semaines de 50 heures, jonglent avec des horaires variables, n'ont guère de répit le week-end et s'octroient des vacances en peau de chagrin.
L'exaspération des exclus des 35 heures est aujourd'hui perceptible. « Dans les dîners, chez les copains, c'est la surenchère à celui qui alignera le plus de jours de congé », relève Pierre, cadre dans une agence d'urbanisme de la banlieue parisienne, qui se contente de ses cinq semaines de congés payés et de deux jours supplémentaires, récompense pour dix ans de bons et loyaux services. À mille lieues des salariés de l'imprimeur Quebecor qui bénéficient de 29 jours de RTT en plus des six semaines de congés payés. Soit la bagatelle de trois mois de congé par an ! Les collaborateurs d'Yves Rocher ne sont pas non plus à plaindre. Contrôleur de gestion dans une filiale du groupe de cosmétiques, Matthieu cumule cinq semaines de congés payés et 22 jours de RTT. De quoi satisfaire ses passions : voyages, brocantes et rugby… Et faire des jaloux chez ceux qui triment toute la semaine, font la queue aux caisses le samedi et vont grossir les embouteillages du mois d'août.
Passe encore d'avoir une couverture complémentaire au rabais en matière de soins, de ne pas bénéficier comme les nantis des grandes entreprises des multiples avantages octroyés par le comité d'entreprise pour ses loisirs, ses vacances ou sa progéniture, de ne toucher ni intéressement ni participation en fin d'année… mais continuer de travailler sans compter ses heures, non merci ! La goutte d'eau des 35 heures a fait déborder le vase des rancœurs accumulées par les salariés des petites entreprises et par la vaste galaxie de tous ceux qui travaillent à leur compte.
Martine Aubry était sans doute loin de se douter que la réforme qu'elle a portée troublerait la paix des ménages. Cadre dans une société d'assurance, Frédéric cumule dix semaines de congé. Dominique, sa compagne, vient de s'associer dans un cabinet d'architectes. Cette année, elle tentera de prendre trois semaines d'affilée. « Je sais que la conjoncture n'est pas géniale pour les archis, mais je n'ai pas envie de partir seul cinq semaines avec nos deux gamins », confie Frédéric. Caprice de nanti, jugera sans doute Michel, directeur d'une supérette franchisée de 350 mètres carrés et 14 salariés. « Les 35 heures, ça veut dire quoi ? J'en fais 70 par semaine », explique ce dernier, présent dès l'ouverture à 6 heures et toujours là, pour la fermeture, à 20 heures. Il a songé à entrer chez Leclerc ou Carrefour pour travailler moins et voir davantage sa famille. Mais, avec son niveau de diplôme, il ne pourrait commencer au mieux qu'au poste de chef de rayon et ne toucherait pas les 2 600 euros par mois qu'il perçoit aujourd'hui, ceci sans les primes. « Pour le moment, je fais un choix financier. Tant que j'ai la santé, je continue. »
Certes, les bénéficiaires des 35 heures font parfois la fine bouche : les ouvriers et employés pestent contre la modulation de leurs horaires, qui leur est souvent imposée en contrepartie de la RTT, tandis que les cadres se plaignent de la surcharge de travail. Mais les sondages d'opinion se suivent et se ressemblent. Bien rares sont ces salariés grognons qui souhaiteraient revenir en arrière. « La RTT est perçue comme un privilège. Le fait que les 35 heures aient surtout été appliquées dans les grandes sociétés, où les cadres sont plus nombreux, a renforcé ce sentiment d'injustice entre bénéficiaires et exclus. C'est notamment cela qui a motivé ce sentiment négatif à l'égard des 35 heures perceptible depuis un an et demi », explique Robert Rochefort. Le directeur du Credoc en veut pour preuve l'enquête menée par son institut. « Ceux qui partaient déjà, les hauts revenus, les Franciliens, partent plus souvent, et ceux qui regardaient la télé la regardent davantage. En clair, chacun fait davantage ce qu'il avait coutume de faire. Mais les non-salariés, dont les indépendants, ont tendance à idéaliser les effets de la RTT. Plus d'un tiers d'entre eux ont le sentiment qu'avec les 35 heures on part davantage en voyage. Dans les faits, l'impact se révèle plus faible. » Pour autant, même si tous n'ont pas les moyens de boucler leurs valises grâce à la RTT, le temps libéré constitue bel et bien un avantage. Qu'on l'utilise pour cultiver des légumes ou pour s'occuper de ses enfants.
Quant aux laissés-pour-compte, notamment dans les plus petites structures, ils ont l'amère certitude d'avoir servi de « variable d'ajustement » pour permettre à leurs homologues des grosses entreprises de travailler à 35 heures. « La RTT a dopé la sous-traitance, souligne une inspectrice du travail. Lorsqu'on demandait aux dirigeants de grandes entreprises comment ils comptaient mettre en place la RTT sans embauches supplémentaires, ils répondaient invariablement : on sous-traitera. »
Chez tous les « petits », les 35 heures ont aggravé des inégalités qui existaient déjà. « Les libéraux, dont six sur dix sont des professionnels de santé, travaillent en moyenne 50 heures par semaine », observe Gérard Goupil, chirurgien-dentiste installé à Perpignan et responsable des questions sociales à l'Union nationale des professions libérales (UNAPL). Pis, lorsqu'elles ont été mises en place dans les cabinets libéraux, elles se sont généralement traduites par un surcroît de travail des non-salariés. « Pour compenser la RTT, nous avons du mal à trouver du personnel qualifié. Fatalement, c'est le dentiste ou le médecin qui supplée lorsque les salariés passent à 35 heures. Dans les plus grosses structures, c'est plus souple », complète Gérard Goupil.
Même source de complication chez les avocats. « Nous aurions pu proposer à notre secrétaire de prendre deux heures pour déjeuner au lieu d'une, mais cela aurait été du saupoudrage. Impossible, par ailleurs, de lui octroyer ses vendredis après-midi. Je travaille environ 60 heures par semaine et assure déjà le secrétariat quand elle n'est pas là. Finalement, nous avons opté pour le paiement des heures supplémentaires », explique Guillaume Bluzet, avocat au cabinet Balder. Reste que les 35 heures ont ébranlé les jeunes générations de libéraux. Moins stakhanovistes que leurs aînés, ils sont prêts à s'investir professionnellement, mais veulent aussi profiter de la vie. Et ils ne se pressent pas pour s'installer dans des coins perdus où l'on ne compte pas ses heures. Le phénomène a d'autant plus d'impact dans la profession que celle-ci se féminise. Plus soucieuses de concilier vie privée et vie professionnelle, les femmes lèvent davantage le pied. Mais tout est relatif. Et mieux vaut ne pas avoir les yeux rivés sur les comptes du ménage. Bon nombre d'indépendants qui revendiquent haut et fort leur « liberté » s'avouent condamnés à réaliser un chiffre d'affaires. « Libre » d'organiser son temps comme elle souhaite, Anne, avocate parisienne à son compte, a travaillé jusqu'à la veille de son accouchement. « Ce sont les juges qui déterminent nos vacances en fixant les audiences. Dix jours après la naissance de mon fils, j'ai dû l'embarquer avec moi au bureau pour rédiger des conclusions et passer le témoin à un confrère qui est allé plaider à ma place. » Rien de comparable avec Claire, cadre au Crédit lyonnais, qui en plus du mois et demi supplémentaire de congé de maternité octroyé par l'entreprise a pu continuer à cumuler des jours de RTT, même en son absence… Un joli reliquat à mettre sur son compte épargne temps.
Pour les 2,7 millions d'indépendants tout comme pour les exclus des 35 heures, la question de la durée hebdomadaire du travail est loin d'être anodine. Surtout en plein débat sur les retraites. « Sur quarante ans de vie professionnelle, un salarié à 39 heures travaillera quatre ans et demi de plus qu'un bénéficiaire des 35 heures ! Ou huit ans de plus qu'un salarié d'EDF à 32 heures. Ne parlons pas d'un médecin à 60 heures par semaine… », calcule Jean-Pierre Gauthier, directeur de recherche au sein du cabinet ASG, spécialiste du temps de travail.
Et il n'y a pas de raison pour que l'écart se résorbe. Si la loi Fillon ne bouleverse pas le paysage dans les grandes entreprises soucieuses de conserver la paix sociale – les 35 heures faisant désormais partie des acquis sociaux –, elle a définitivement enterré les espoirs des salariés des TPE de travailler un jour réellement à 35 heures. Depuis janvier 2002, toutes les entreprises ont beau être légalement passées à 35 heures, la quasi-totalité des plus petites est toujours au régime des 39 heures grâce aux heures supplémentaires. Dont le coût, fortement revu à la baisse, n'incite guère les employeurs à lâcher du lest. Cadeau du locataire actuel de la Rue de Grenelle, la majoration des heures sup (de 35 à 39) est fixée à 10 % pour les TPE jusqu'en 2005, et non à 25 % comme il était initialement prévu. Calculette en main, celles-ci n'ont donc guère intérêt à ouvrir des négociations en vue d'un accord de RTT.
D'autant que l'autre incitation mise en place par les lois Aubry – les allégements de charges profitant aux entreprises qui signent un accord 35 heures – devient bien moins intéressante avec l'entrée en vigueur le mois prochain de nouvelles exonérations, déconnectées de la RTT. « Les entreprises passées à 35 heures ne seront pas perdantes, plaide pourtant Robert Buguet, président de l'Union professionnelle des artisans (UPA), ne serait-ce que parce que les allégements liés au dispositif Aubry II restent supérieurs, au moins jusqu'en 2005, à ceux prévus par la loi Fillon. »
Un argument suffisant pour que les petites entreprises adoptent les 35 heures ? Ces considérations font sourire les salariés de ces petites structures. « La loi Fillon nous met définitivement hors jeu. Et on n'avait pas besoin de ça. Les 39 heures n'étaient déjà pas respectées chez nous, alors les 35 heures… Quant aux heures sup, on n'en voyait pas la couleur », déplore Pierre. Ce salarié dans un bureau d'études d'urbanisme de 12 personnes travaille en moyenne 50 heures par semaine, sans compter les charrettes. Ici, pas question de récupérer les nuits et les week-ends passés à boucler un projet. « Ne jamais regarder sa montre est une règle implicite », explique cet ancien de la maison qui exploserait littéralement le contingent d'heures supplémentaire s'il était appliqué. « Le contingent de 180 heures est finalement assez faible, d'autant qu'il ne constitue pas un plancher, constate Anne Fagès, juriste à l'ordre des experts-comptables. Dans certaines branches comme l'immobilier, il est fixé à 130, voire à 70 heures pour les prestataires de services dans le tertiaire. Les dépassements sont inévitables et déboucheront sur des repos compensateurs… et sur leur cortège de contentieux. » Encore faut-il que ces salariés frappent à la porte des prud'hommes.
Pour ou contre les 35 heures, les politiques de stop-and-go des gouvernements successifs n'ont fait que graver les disparités dans le marbre. « S'il est plus difficile pour une petite entreprise de mettre en place les 35 heures, fixer un délai de sept à huit ans afin que tout le monde soit sur un pied d'égalité en termes de temps de travail aurait été plus judicieux. Au moins le cap aurait été maintenu », estime Danielle Kaisergruber, présidente du directoire de Bernard Brunhes Consultants. Au lieu de cela, on a maintenu des seuils qui ont cristallisé les différences. Il y a désormais le clan des plus de 20 et celui des moins de 20 salariés. « Pourquoi avoir ajouté un seuil supplémentaire alors qu'il en existe déjà une quantité phénoménale ? s'interroge l'économiste Gilbert Cette. Cela a renforcé les inégalités et brouillé les pistes. »
Complexité du Code du travail et de la législation, manque d'informations, mauvaise volonté patronale, problèmes organisationnels, conjoncture défavorable… quelle qu'en soit la raison, le fossé entre les petits et les grands n'est pas près d'être comblé. Seul facteur susceptible de mettre tout le monde à égalité, la crainte de perdre les meilleurs. Du côté de la CGPME, on se veut résolument confiant. « Les choses vont se réguler d'elles-mêmes. Les jeunes osent nous dire qu'ils veulent travailler plus pour gagner plus. La loi Fillon le permet et c'est la voix de la raison », assure Jean-François Veysset, vice-président de l'organisation patronale, chargé des affaires sociales. Certes, mais à rémunération égale, les salariés pourraient être tentés de choisir une PME passée aux 35 heures. Robert Buguet, président de l'UPA et patron d'une entreprise de charpente de Haute-Marne, pionnière du passage aux 35 heures avec annualisation, a bien mesuré cet avantage concurrentiel : « Depuis trois ans, nous n'avons plus aucune difficulté à trouver d'excellentes recrues. Mais le jour où les embauches redémarreront, les entreprises les plus attractives emporteront le morceau. »
Ce n'est pas ce particulier qui démentira cette prédiction. Il y a trois ans, il a fait faire des travaux chez lui par un petit artisan. Le vendredi, ses trois ouvriers voyaient sur un chantier voisin ceux d'une entreprise d'une vingtaine de salariés partir en week-end à midi. Les pauses casse-croûte ont été l'occasion d'un fructueux benchmarking entre les équipes. « Résultat : mon artisan a perdu son conducteur de chantier. » Que dire, alors, si le chantier avait appartenu à un grand du BTP !
Un four à micro-ondes contre une cantine d'entreprise. David contre Goliath. Difficile pour une start-up parisienne de rivaliser avec le géant de la cosmétique, L'Oréal, sur le plan social. Ce « gap », le couple que forment Caroline et Alexandre, tous deux âgés de 31 ans, le vit au quotidien.
Pas tant d'un point de vue salarial (2 800 euros brut par mois pour la chef de produit de marketing international de L'Oréal ; 2 900 euros pour le cadre de la start-up), qu'au regard des multiples autres avantages sociaux. À la jeune femme les 35 heures, la mutuelle, la participation, les formations, les œuvres sociales du comité d'entreprise et les services en tout genre (agence de voyages, pressing) ; à son compagnon le trip de la petite entreprise de copains, sympa et motivée par un projet commun. En quittant Accenture pour participer à la création d'une start-up d'« e-learning » qui compte à présent sept personnes, Alexandre savait bien sûr ce qu'il perdait en termes d'avantages sociaux. Mais l'aventure l'a tenté. Deux ans et demi après et quelques week-ends de boulot plus tard, il « avoue être encore porté par le projet ».
Combien de temps est-il encore prêt à payer le prix fort sur le plan social ? « J'attends la fin de l'année pour savoir quelle sera la situation de l'entreprise, explique-t-il. Car le taux de mortalité des petites entreprises est important dans les trois premières années. » Bref, si « l'élan ne se confirme pas, je prendrai en compte tous les avantages sociaux que proposent les autres entreprises ». Pas toujours évident en effet de voir sa compagne, qui bénéficie de 11 jours de RTT en plus de ses congés payés, partir en vacances quand on travaille environ 60 heures par semaine, qu'on n'est pas payé en heures sup et qu'on a du mal à prendre ses cinq semaines de congé. En comparant sa situation à celle de son ami, Caroline s'estime « plutôt bien lotie ». Impossible pour elle de travailler ailleurs que dans un grand groupe, qui certes met sous pression ses salariés, mais offre aussi un copieux package social et des possibilités d'évolution de carrière importantes. La start-up ? Non merci !
La terre est capricieuse. Thiébault, exploitant de 6 hectares de vignes à Pommard, Volnay et Meursault, en connaît long sur la question. Entre le gel qui, en avril dernier, a endommagé ses vignes, mais aussi l'entretien quotidien et les vendanges, mieux vaut laisser sa montre sur la table de chevet. Une passion dévorante qui engloutit 70 heures hebdomadaire, les samedis et les dimanches. Et ce travail ne s'achève pas avec la mise en bouteilles. En plus de la paperasse administrative, non seulement il faut vendre, mais il est aussi indispensable d'être présent dans les salons. Depuis près de dix ans, Thiébault, 33 ans, regarde les autres partir en vacances. L'année dernière, il a royalement pris quatre jours de congé en août avec Marielle, sa femme, et leurs quatre enfants en bas âge. Les dernières « deux semaines d'affilée » datent de 1999. Un sacerdoce à hauteur de 1 500 euros net par mois. Et, depuis janvier, la conjoncture s'en mêle, aussi noire que des raisins grêlés. Dans les moments de « moins bien », le viticulteur bourguignon se verrait bien salarié, dans les bottes d'un régisseur sans souci. Mais l'intérêt qu'il porte à son métier le pousse à continuer.
Marielle, déléguée médicale dans un gros labo pharmaceutique en « suspension de contrat » jusqu'aux trois ans de la petite dernière, mesure d'autant mieux le fossé qui sépare les indépendants des salariés. « Travailler ensemble et épauler Thiébault pour l'administratif et l'aspect commercial est totalement inenvisageable, explique-t-elle. La santé du domaine est trop aléatoire. Pas d'hésitation, je conserve mon emploi. »
Un salaire fixe de 2 200 euros sur treize mois, des primes sur objectifs, la participation, une voiture de fonction, sept semaines de congé, des jours de RTT et un CE généreux – « même pendant ma suspension de contrat, je continue à percevoir les chèques-cadeaux pour les enfants » – font la différence. Sans oublier la complémentaire santé. Pendant son congé parental, elle ne bénéficie pas des tarifs avantageux de la mutuelle du laboratoire pharmaceutique et a dû souscrire une assurance privée. « Pour nous couvrir tous les six, nous cotisons 160 euros par mois, explique-t-elle. L'année prochaine, quand je retournerai au boulot, je ne paierai plus qu'environ 30 euros. » Des avantages qui, alignés bout à bout, permettent au couple de limiter les risques. En attendant que l'activité de Thiébault décolle vraiment.