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Sur un pied d'égalité avec les écoles

Dossier | publié le : 01.09.1999 |

Quel est le point commun entre le Crédit du Nord, Air liquide et Mondial Assistance ? Ces trois entreprises recrutent en nombre des diplômés de l'université. Même si leurs motivations sont profondément différentes.

L'industrie française, chasse gardée des ingénieurs ? Air liquide s'inscrit en faux contre ce préjugé. Ce groupe met un point d'honneur à intégrer, tous les ans, des cadres de formation universitaire, principalement des DESS scientifiques et des pharmaciens. Cette stratégie a même été renforcée depuis cinq ans. Ainsi, dix des trente-neuf cadres récemment embauchés sortent tout droit des bancs de l'université. « Nous sommes très attachés à diversifier nos recrutements. De cette manière, nous évitons la constitution de castes au sein de l'entreprise », explique Marianne Julien, responsable du recrutement et de la gestion des compétences. Une fois intégrés, universitaires et ingénieurs sont traités sur un pied d'égalité. « Le diplôme n'entre absolument pas en compte dans les évolutions de carrière. » Pour preuve, la formation n'est pas mentionnée dans les grilles d'évaluation. En outre, les DESS bénéficient de la même progression de salaire que les ingénieurs d'écoles de second rang. Seuls les diplômés d'établissements prestigieux – type Centrale, Mines… – sont légèrement mieux payés (220 000 francs, au lieu de 200 000 francs).

Des diplômés plus humbles

Rien de philanthropique dans cette stratégie. « Les universitaires ont souvent eu du mal à trouver leur voie. Du coup, ils présentent un parcours sinueux et riche. » Leur modestie est également appréciée. « Les ingénieurs voudraient qu'on leur déroule le tapis rouge. Les diplômés de l'université sont plus humbles. » Ces derniers ne possèdent pas, pour autant, toutes les qualités. « L'université ne met pas assez l'accent sur la pratique des langues. Nous ne sélectionnons d'ailleurs que des candidats ayant séjourné quelque temps à l'étranger. Ce critère élimine, à lui seul, un grand nombre d'universitaires… » Une lacune qui ne semble guère gêner le Crédit du Nord. Sur les 140 collaborateurs qui seront embauchés cette année, la moitié sera issue de l'université. Au niveau bac + 4, bac + 5, le ratio sera même vraisemblablement supérieur à 60 %. Cet attrait découle de la grande qualité des formations universitaires (notamment les DESS) dans les filières banque-finance. « La gestion du patrimoine est une activité en plein développement. Or les 3e cycles universitaires spécialisés sont les meilleures formations dans ce domaine », juge Jean-Pierre Machard, responsable du recrutement.

Le Crédit du Nord a d'ailleurs noué un partenariat avec le DESS gestion du patrimoine de l'université de Valenciennes. Des cadres sont détachés pour aller y donner des cours, et la banque intègre des étudiants en stage. Comme chez Air liquide, universitaires et diplômés d'écoles sont logés à la même enseigne. Toutefois, là encore, les recrues des écoles parisiennes les plus prestigieuses (HEC, ESCP, Essec) touchent une rémunération supérieure (de l'ordre de 10 à 15 %).

Les recruteurs du Crédit du Nord apprécient, eux aussi, les qualités spécifiques des universitaires. « Ils sont habitués à se battre. Lorsqu'un jeune démarre en première année de Deug de sciences éco, il est loin d'être assuré de rentrer un jour en DESS banque-finance. Surtout, ils sont plus autonomes, débrouillards et moins mercenaires que les étudiants d'écoles de commerce, à qui l'on dit qu'il faut changer d'entreprise tous les deux ans. » Mondial Assistance n'a guère le choix. Si la grande majorité de ses aides chargés d'assistance, embauchés tous les ans pour l'été – la saison traditionnellement la plus chargée pour la société d'assistance –, sort de l'université, c'est parce que les diplômés d'écoles ne se bousculent pas pour ces CDD, faiblement rémunérés (8 082 francs brut pour les postes de jour, 9 699 francs brut pour les postes de nuit et les jours fériés). « Les étudiants d'écoles de commerce ne postulent pas chez nous, reconnaît Marianne Belle, DRH de Mondial Assistance. D'ailleurs, ils ne participent pas non plus à nos forums. À leurs yeux, avec 680 salariés, nous sommes une grosse PME, incapable de leur offrir une évolution de carrière et un niveau de rémunération suffisant. » Qu'à cela ne tienne ! « Souvent plus curieux et moins sûrs d'eux, les universitaires ont davantage le sens de l'écoute. Cette qualité est indispensable dans notre métier », remarque Jérôme Burtheret, responsable du recrutement et de la formation. Reste que cette entreprise continue de faire appel aux écoles de commerce afin de pourvoir ses postes de cadres…