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Enquête

POURQUOI LES LICENCIEMENTS VONT SE MULTIPLIER

Enquête | publié le : 01.02.2003 | Valérie Devillechabrolle, Frédéric Rey

Confrontées à un net refroidissement conjoncturel, les entreprises taillent dans leurs effectifs et pressent leurs sous-traitants. Engagées dans une compétition de plus en plus vive à l'échelle mondiale, elles traquent les gains de productivité, délocalisent et rationalisent leurs achats. Ce qui n'augure rien de bon sur le marché du travail.

Triste Saint-Sylvestre pour les 660 salariés de l'usine ACT Manufacturing d'Angers ! En guise de cadeau de Noël, le tribunal de commerce de la préfecture du Maine-et-Loire a prononcé la liquidation judiciaire de cette unité de fabrication de cartes électroniques, cédée par Bull en 2000 au géant américain. Soit un an avant que ce dernier ne soit lui-même déclaré en faillite. Mais les personnels d'ACT sont loin d'être les seuls dans leur malheur. En Lorraine, l'usine de téléviseurs Daewoo de Fameck, en Meurthe-et-Moselle a, elle aussi, fermé ses portes en janvier, entraînant le licenciement de 170 salariés, deux mois à peine après celle de micro-ondes de Villers-la-Montagne (227 personnes concernées). Quant aux 550 salariés de la troisième unité de fabrication du conglomérat coréen, spécialisée dans la production de tubes de téléviseurs et installée depuis 1996 à Mont-Saint-Martin, dans le cadre de la reconversion de l'ancien bassin sidérurgique de Longwy, ils sont en sursis, sous le coup d'un redressement judiciaire. Sans parler de ceux d'Air Lib…

Alors que ces sinistres industriels rencontrent un fort écho médiatique en raison de la mobilisation de leurs salariés, beaucoup d'autres entreprises continuent à mettre, sans bruit, la clé sous la porte. Rien qu'au premier semestre 2002, près de 23 000 sociétés ont ainsi déposé le bilan, un chiffre en augmentation de 12,7 % par rapport au premier semestre 2001, selon l'étude réalisée par le groupe d'affacturage Euler-Sfac. Si tous les secteurs d'activité sont touchés, certains ont payé un plus lourd tribut que d'autres, à l'instar des services aux entreprises (27 % de dépôts de bilan supplémentaires en un an), du BTP (+ 18 %), de l'industrie (+ 16 %) et des transports (+ 14 %). Ces difficultés économiques se sont immédiatement traduites dans la courbe du chômage. Sur les neuf premiers mois de 2002, près de 200 000 personnes se sont inscrites à l'ANPE à la suite d'un licenciement économique, soit 55 000 de plus qu'en 2001 pour la même période. « Et encore, ces licenciements économiques ne constituent que la partie émergée de l'iceberg des restructurations en cours », prévient Rachel Beaujolin, professeur à la Reims Management School et cheville ouvrière du récent rapport sur les mutations industrielles dirigé par Jean-Pierre Aubert, le délégué interministériel aux Restructurations de défense. Une tendance confirmée dans le rapport réalisé en 2002 par le groupement d'intérêt public « Mutations des industries et des services », qui signale une nette propension des entreprises étudiées à éviter les plans sociaux, compte tenu des incertitudes et des risques de judiciarisation qu'ils comportent.

Bon nombre de ces suppressions d'emplois prennent la forme de départs volontaires, mais surtout de fins de contrats temporaires et de licenciements divers. « Ces motifs fournissent désormais l'essentiel des entrées à l'ANPE », note Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (voir graphique ci-contre). Et ce n'est pas fini ! Si l'on en croit les dernières prévisions de l'OFCE, l'économie française, qui était malgré tout parvenue à gagner 44 000 emplois en 2002 grâce au dynamisme de ses services, pourrait en perdre 10 000 en 2003, notamment en raison de quelque 105 000 emplois détruits dans l'industrie. Voici les quatre raisons qui expliquent cette nouvelle vague de suppressions d'emplois, alors que la France affiche un taux de croissance supérieur à celui de l'Allemagne.

1 L'ÉCLATEMENT DE LA BULLE INTERNET FAIT DES RAVAGES

Le retour des charrettes de licenciements trouve en grande partie son origine dans le très fort refroidissement conjoncturel qui affecte les économies occidentales, depuis l'éclatement de la bulle Internet à l'automne 2000. À court de liquidités après l'effondrement des marchés boursiers qui s'est ensuivi et surendettées en raison de leur débauche d'investissements dans les nouvelles technologies, les entreprises ont dû s'ajuster à la contraction brutale et non anticipée de la demande. Le meilleur exemple en reste Alcatel. Confronté à une chute spectaculaire de son chiffre d'affaires, de l'ordre de 40 %, l'équipementier en télécommunications n'a pas tardé à réagir en annonçant son intention de réduire de moitié la voilure au niveau mondial. Objectif : ramener ses effectifs de 120 000 en 1999 à 60 000 fin 2003.

« Serrer les coûts est la seule stratégie raisonnable pour générer du cash », estime l'économiste Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS. Et il n'y a pas, alors, trente-six solutions : « Cela passe par la réduction des surcapacités de production, l'abandon des marchés les moins rentables et des plans d'économies drastiques », explique Dominique Redor, directeur du GIP-MIS, qui pronostique encore « un à deux ans de marasme, le temps que les surcapacités de production disparaissent et que les entreprises parviennent à se repositionner sur des créneaux plus porteurs ».

Tous les secteurs d'activité ne sont certes pas logés à la même enseigne. « Il faut distinguer les secteurs en crise profonde, à l'instar des télécommunications, de ceux qui suivent l'évolution moyenne des affaires », tempère Jean-Pierre Gondran, secrétaire général du Groupe des fédérations industrielles (GFI). Pour cette dernière catégorie, poursuit-il, « seuls ceux qui étaient en retard sont dans l'obligation de se restructurer profondément, les autres se contentant de serrer les boulons sans avoir à remettre en cause leurs unités de fabrication ».

En cas de crise, les cost killers ne font désormais plus de quartier. Alors que les groupes ne supprimaient précédemment qu'une partie des emplois sur les différents sites, « ils n'hésitent plus aujourd'hui à couper les branches mortes, par la fermeture totale des sites ou la mise en faillite de leurs filiales », observe-t-on à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Ainsi, en dépit de ses onze années d'investissements précédentes, Mitsubishi Electric Telecom Europe, la branche de fabrication de téléphones portables du consortium japonais, n'a pas hésité, après deux années de pertes, à annoncer au printemps dernier la fermeture pure et simple de son unique usine européenne, située à Etrelles, en Ille-et-Vilaine. Bilan : non seulement 600 emplois ont été supprimés, mais plusieurs centaines d'intérimaires ont vu leurs contrats non renouvelés. L'inconvénient de ces méthodes radicales, c'est qu'elles sont « beaucoup plus difficiles à gérer pour les territoires concernés », reconnaît-on à la DGEFP.

2 LES COST KILLERS METTENT LES SOUS-TRAITANTS SOUS PRESSION

Outre les coupes claires réalisées en interne, les grands groupes s'ajustent sur le dos de leurs sous-traitants et autres prestataires, dont l'importance s'est singulièrement accrue au cours des dernières années depuis que les donneurs d'ordres ont décidé de se recentrer sur leur cœur de métier. « Dans un contexte de recherche d'économies, les payeurs deviennent les maîtres du jeu, et les donneurs d'ordres des price leaders », explique encore Élie Cohen. Conséquence, « la pression concurrentielle sur les prix n'a jamais été aussi forte », note Alain Schweitzer, du groupe de conseil aux comités d'entreprise Secafi Alpha. L'essentiel des entreprises métallurgiques en restructuration dont s'occupe ce consultant, responsable d'une équipe spécialisée dans la conduite du changement, fait en réalité partie de la chaîne de sous-traitants de grands groupes. À l'instar de Peinture Sablage Industrie, un sous-traitant des Chantiers de l'Atlantique. Confrontée à un doublement de ses délais de paiement depuis six mois et à une chute des prix d'environ 15 % en un an, cette PME s'est retrouvée en décembre 2002 en liquidation judiciaire, entraînant le licenciement de ses 62 salariés.

Mais les sous-traitants en production ne sont pas les seuls à être dans le collimateur des cost killers. Les prestataires de services sont eux aussi en pleine tempête. À ce titre, le plan de France Télécom a déclenché un véritable vent de panique dans les sociétés de services informatiques. Et pour cause ! Sur les 15 milliards d'euros d'économies décidées par le nouveau P-DG, Thierry Breton, entre 2003 et 2005, 40 à 45 % sont liés à la réduction et à l'optimisation des investissements de l'opérateur public en télécommunications. « La pression sur les prix a toujours existé, précise Éric Hayat, président du Syntec, mais depuis quelques mois elle est tellement forte que l'indice du coût de nos prestations est négatif. Du jamais vu au cours des trente dernières années ! »

Toutefois, le repli conjoncturel n'explique pas à lui seul l'ampleur des dégâts dans la sous-traitance. Car les grands groupes ont aussi beaucoup rationalisé leurs procédures d'achat ces dernières années. À l'instar d'Air France qui a progressivement revu à partir de 1997 l'ensemble des prestations qui lui sont rendues : « La remise à plat désormais systématique des contrats, effectuée par des acheteurs spécialisés, nous permet non seulement de gagner en efficacité, mais aussi de profiter des dernières avancées technologiques réalisées par nos prestataires », explique-t-on à la direction de la communication d'Air France. Et cette stratégie fait des émules. Tandis qu'Alcatel compte sur une « très fine revue de ses coûts » pour dégager 1 milliard d'euros d'économies supplémentaires en 2003, la Société générale en a fait un « enjeu majeur » d'amélioration de sa rentabilité. Axée en priorité en 2002 sur les prestations intellectuelles et informatiques, le marketing, la communication et le conseil, la centralisation des achats du groupe bancaire devrait permettre de réaliser un tiers des économies attendues pour la période 2002-2004 !

En parallèle, « les grands groupes en ont profité pour imposer à leurs prestataires des standards de gestion identiques aux leurs », indique Rachel Beaujolin. « En plus de leurs exigences en matière de qualité, de niveau des investissements technologiques et de baisse de prix, les constructeurs automobiles imposent désormais à leurs fournisseurs d'avoir une envergure mondiale, ce qui tend à écrémer encore leur portefeuille d'équipementiers », confirme Alain Schweitzer, de Secafi Alpha. Une stratégie qui tend à gagner d'autres catégories de prestataires, comme le facilities management, la logistique ou l'intérim. La société de travail temporaire Intérim 25, implantée à Besançon et à Montbéliard, en a fait les frais. « Progressivement, les directeurs des ressources humaines, qui étaient nos interlocuteurs privilégiés, ont été remplacés par des acheteurs, explique Valérie Thevenot, dirigeante d'Intérim 25. Ainsi, Peugeot-Montbéliard, avec qui nous travaillions depuis longtemps, a décidé un jour d'avoir un prestataire national unique. L'acheteur nous a froidement expliqué que le niveau de prix attendu était tel que nous ne serions plus en mesure de dégager une marge suffisante… »

3 LA MONDIALISATION CROISSANTE REDISTRIBUE LES CARTES

« Dans un même contexte de ralentissement économique, vingt ans plus tôt, l'emploi n'aurait pas été autant touché que maintenant, souligne Xavier Timbeau, économiste à l'OFCE. L'extension de la globalisation et de la concurrence à l'échelle planétaire a accentué la pression. » Entre-temps, les multinationales se sont mises à raisonner au niveau mondial, en rationalisant leur outil de production, en fonction des grandes zones géographiques, Amérique, Europe, Asie. Secrétaire de la Fédération CFDT de la métallurgie, Marcel Grignard le confirme : « Les restructurations en cours ne sont pas seulement françaises mais européennes », s'inquiète-t-il en réclamant l'ouverture d'un dialogue social européen sur les moyens d'anticiper ces restructurations. Nestlé, par exemple, après s'être livré à un savant benchmarking auprès de ses principaux concurrents, a décidé, pour se maintenir dans la course, de réduire de 500 à 350 le nombre de ses établissements dans le monde, les usines incapables d'accroître leur efficacité étant condamnées à disparaître. En conséquence, 4 000 emplois devraient être supprimés en Europe et deux établissements cédés dans l'Hexagone – dans la Manche et le Vaucluse.

Mais cette stratégie d'optimisation globale ne concerne pas que les sites industriels. Pour optimiser son fonctionnement, la société américaine Ralph Lauren, implantée en France depuis 1986, a annoncé la fermeture de ses structures administratives en France, en Italie et en Grande-Bretagne et leur regroupement en une seule structure européenne implantée à Genève. « Toutes les fonctions de back office devraient être concernées », indique un représentant du siège parisien. Autre exemple de cette globalisation tertiaire, Air France a décidé de retirer à son sous-traitant toulousain la gestion de ses coupons de vol pour les confier au sous-traitant mexicain de Delta Airlines, son allié au sein du réseau SkyTeam, avec pour conséquence la suppression de près de 70 emplois dans la région Midi-Pyrénées.

Cette quête de performance se traduit par une plus grande volatilité des implantations géographiques et des sites sous l'effet d'une concurrence accrue entre les zones Europe, Amérique et Asie. En particulier pour la production de biens comme l'habillement, qui perd près de 2 000 emplois par mois, frappé de plein fouet par les délocalisations vers les pays à faible coût de main-d'œuvre. Dernier exemple en date, l'entreprise Lejaby, spécialisée dans la lingerie haut de gamme, rachetée en 1996 par le groupe américain Warnaco, a annoncé la fermeture de la moitié de ses sites de production en France. Une partie de la production va rejoindre la Tunisie où Lejaby sous-traitait déjà l'activité de coupe et de conditionnement. Mais, au-delà du textile, toute l'industrie est touchée : électronique, mécanique, jouet, horlogerie, etc. Et le mouvement de délocalisation pourrait bien se diffuser aussi à la chaîne des sous-traitants : « Lorsque PSA annonce l'ouverture de deux usines en République tchèque, cela crée un formidable appel d'air pour inciter ses fournisseurs à investir là-bas plutôt qu'en France », souligne Jean-Pierre Gondran, secrétaire général du Groupe des fédérations industrielles, qui pronostique « des effets de substitution sensibles, au détriment du tissu industriel français ».

Pour l'heure, la France possède encore quelques longueurs d'avance grâce à ses technologies et ses processus de production de qualité. Les activités à forte valeur ajoutée nécessitant une capacité d'innovation importante sont encore préservées, mais pour combien de temps ? Selon Jean-Pierre Rodier, P-DG de Pechiney, le ralliement du géant asiatique à l'Organisation mondiale du commerce va avoir l'effet d'une « lame de fond » : « En abaissant ses protections tarifaires, la Chine va être amenée à moderniser son appareil de production afin d'atteindre le niveau occidental. L'industrie chinoise va rapidement devenir plus compétitive que nos industries sur tous les produits exportables », expliquait ce grand patron lors d'un colloque sur les mutations industrielles organisé cet automne par Développement et Emploi et Entreprise et Personnel.

Inutile d'attendre la Chine pour observer les premiers effets sur les travailleurs du savoir. « Avec la forte pression de nos clients sur les prix, la baisse des coûts des télécommunications, il est probable que des SSII sous-traitent une partie de leur activité dans le Maghreb ou les pays de l'Est, explique Éric Hayat, président du Syntec. Ces risques restent cependant limités aux tâches informatiques très techniques, car nous demeurons un service de proximité. » Les professionnels du transport pensaient aussi être protégés par des relations directes avec leurs clients jusqu'à l'arrivée dans la Communauté européenne de dix nouveaux pays. « 2004 va être l'année du choc thermique, prévient Hervé Cornède, délégué général de la Fédération des entreprises de transport et logistique. Comment gagner la bataille de la concurrence alors qu'il existe d'importantes disparités sociales entre les pays ? Le pavillon français va inévitablement reculer. » La facture sociale pourrait être salée : sur les 564 000 salariés du secteur, 42 000 sont des emplois de conducteurs longue distance.

4 LA COURSE AUX GAINS DE PRODUCTIVITÉ REPART DE PLUS BELLE

Dernier facteur explicatif des destructions d'emplois, la course aux gains de productivité s'accélère. « Plus la mondialisation s'accentue, plus les entreprises sont enclines à réaliser des gains de productivité supplémentaires pour ne conserver en interne que les coûts salariaux supportables », commente Élie Cohen. D'autant plus que, selon une étude publiée en 2002 par McKinsey Global Institute portant sur six secteurs (télécoms, banques, industrie automobile, transport routier, commerce de détail, services collectifs), la France et l'Allemagne ont décroché depuis le milieu des années 90, avec une productivité en progression de seulement 1,1 % par an, contre 2 % pour les États-Unis. Sous l'effet du ralentissement de la croissance, les entreprises françaises vont donc être tentées de mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard. En particulier dans les services, où la France affiche un handicap certain.

Pendant que son homologue allemande investissait 15 milliards d'euros dans l'automatisation de la distribution du courrier ces cinq dernières années, La Poste française n'en a engagé que 4. Si bien que le taux d'automatisation de la BundesPost dépasse les 80 %, alors que, dans l'Hexagone, celui de l'entreprise publique est compris, selon les produits distribués, entre 5 et 60 %. Jean-Paul Bailly, son nouveau président, s'en est publiquement inquiété en annonçant, « au nom du principe de précaution », un vaste chantier de rattrapage de la compétitivité dans les quatre prochaines années. Si les dirigeants de La Poste comptent bien profiter des départs massifs en retraite pour en atténuer l'impact social, les organisations syndicales ne sont pas dupes et s'attendent à des non-remplacements importants. L'établissement public ne sera pas seul dans ce cas : les banques et les assurances se préparent elles aussi à mettre à profit les vagues de départs en retraite pour automatiser largement leur réseau commercial. Au total, selon les prévisions de l'OFCE, la croissance des gains de productivité en France pourrait bien atteindre 1,2 % cette année dans les services marchands. L'industrie ne sera pas en reste : l'observatoire table sur un bond de 3,4 %, soit quatre fois plus qu'en 2002.

De façon moins spectaculaire, toutes les entreprises sont aujourd'hui engagées dans une recherche permanente d'optimisation de leur processus de production. « Plus aucun secteur n'est à l'abri de ces restructurations destinées à préparer l'avenir, précise Frédéric Bruggeman, consultant de Syndex. Conséquence, même les activités utilisatrices de main-d'œuvre et présentées au milieu des années 90 comme un nouvel eldorado pour les créations d'emplois sont déjà aujourd'hui en pleine mutation. Le meilleur exemple est celui des centres d'appels. En l'espace de six ans, Air France vient de réduire « par étapes successives » de trente-deux à sept le nombre de ses call-centers spécialisés dans la vente directe sur le marché français. « La répartition des quatre centres conservés en province s'est faite par appels d'offres et mise en concurrence informelle de nos délégations régionales », explique Jean Wieviorka, directeur des ventes directes sur le marché français. Au profit des villes les plus importantes, « les seules de nature à assurer un parcours professionnel ultérieur à nos salariés », poursuit ce cadre en quête de nouvelles sources d'optimisation de l'organisation. Prochaines étapes prévues, l'accélération des ventes par Internet et la spécialisation des téléconseillers dans les transactions les plus complexes. Les NTIC n'ont décidément pas fini de bouleverser les frontières de l'emploi…

Auteur

  • Valérie Devillechabrolle, Frédéric Rey