« La moitié des arrêts de travail ont une origine d'ordre psychologique », diagnostique Jean-Hubert de Kersabiec, directeur général de Solareh, groupe franco-québécois, filiale à 50 % de la Scor, société de réassurance. C'est pour aider les employeurs à gérer les incapacités de travail et en réduire le coût que Solareh propose un accompagnement et un soutien personnalisés aux salariés et managers, avant qu'ils ne tombent malades.

À travers un programme baptisé Posaction, qui compte à ce jour 100 000 bénéficiaires, les salariés peuvent s'entretenir par téléphone ou en direct avec l'un des 370 intervenants mobilisés par Solareh (psychologues ou conseillers professionnels). Un cadre est insatisfait de sa carrière, une mère n'arrive plus à communiquer avec son fils adolescent ? En toute confidentialité, les bénéficiaires peuvent panser leurs bobos, qu'ils soient d'ordre professionnel ou familial. « Au total, un salarié a droit à douze heures de consultation individuelle par an et peut aussi en faire profiter sa famille », ajoute Jean-Hubert de Kersabiec.

À la demande de l'employeur, Solareh peut aussi monter des groupes de parole pour aider les employés à surmonter des périodes d'instabilité comme les restructurations ou intervenir après un événement traumatisant (accident du travail, prise d'otages…). Pour les cadres, Solareh a surtout créé Coachtel, un service de coaching téléphonique. « Des psychologues centralisent les appels et tentent de conseiller », explique le directeur général. Toutefois, les prestations de Solareh (dont le coût s'élève pour Posaction et Coachtel à 105 euros l'heure hors taxes) ne sont pas accessibles directement par les entreprises mais intégrées dans les contrats d'assurance de certains organismes assureurs. Ainsi, les groupes Magdebourg, AGF, Axa ou la Mutuelle de France les proposent déjà à leurs assurés. Au total, Solareh travaille avec une trentaine de sociétés d'assurance qui couvrent 1,5 million de salariés.

Ce n'est pas tout. Pour aider les salariés à se remettre en selle après un congé maladie de plus de trois mois et faciliter leur retour au travail, Solareh a aussi mis en place un service de réadaptation. En 2001, la société a traité 800 dossiers. « Après un arrêt de travail relativement long, une personne sur trois s'inquiète de la reprise et doute de ses capacités professionnelles », explique Jean-Hubert de Kersabiec. Après sélection du dossier par l'organisme assureur, le conseiller psychosocial de Solareh rend alors visite au salarié à son domicile et l'épaule durant trois à six mois.

Objectif ? Lui éviter de perdre son emploi et permettre à l'employeur de réduire le temps d'absence. « Un congé maladie qui s'éternise constitue une véritable rupture pour un salarié, qui risque de se désociabiliser. Il perd tout lien avec son environnement professionnel et craint au bout du compte d'y remettre les pieds. Un soutien psychologique peut l'aider à se réinsérer plus facilement et peut largement intéresser les PME », constate Gilles Guerreau, directeur adjoint de Johnson Controls, spécialiste de l'installation et de la maintenance de matériels frigorifiques. Mais sans garantie de succès. Ce dirigeant qui avait fait appel à Solareh pour tenter de réintégrer un cadre surmené en congé maladie de longue durée a fini par le licencier.