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Le bloc-notes

2003 : l'année de tous les dangers

Le bloc-notes | publié le : 01.01.2003 | Bernard Brunhes

Les retraites… par le bon bout

Jean-Pierre Raffarin l'a promis : au premier semestre 2003, on traitera enfin le problème lancinant des retraites. Mais par quel bout prendre ce dossier brûlant sans se blesser ? Pour régler la question financière de l'équilibre des régimes de retraite, chacun sait qu'il y a quatre curseurs à déplacer : le montant des cotisations, le montant des prestations, la durée de cotisation, l'âge de liquidation des droits.

Ceux dont on parle le plus sont les deux derniers, peut-être parce que les chiffres 37 ans, 40 ans, 60 ans font symbole. Mais qu'est-ce qui compte le plus pour le pensionné ? Évidemment le montant de la pension. Lorsqu'on prend sa retraite, c'est pour longtemps : vingt ans, vingt-cinq ans, plus même, si l'on prend en compte la pension de réversion que recevra le conjoint survivant. N'importe quelle personne active normalement logique choisirait d'abord son niveau de retraite avant de choisir la date de départ. Travailler quelques mois ou années de plus pour un quart de siècle de revenus plus élevés, le choix ne fait pas de doute.

Comme le suggèrent plusieurs syndicats, la CFDT en tête, suivie plus prudemment par la CGT, c'est donc sur le montant des retraites qu'il faut d'abord s'entendre dans les débats et négociations à venir. Une fois établi un accord sur celui-ci – c'est-à-dire sur le taux de remplacement –, il restera à manier les autres curseurs, forcément dépendant les uns des autres. Il n'est évidemment pas nécessaire que les quarante ans de cotisation s'appliquent à tout le monde, pas plus que les couperets de 60 et 65 ans. Il faut en outre créer des souplesses qui permettent de partir plus tôt que la norme avec une pension plus faible ou plus tard avec une pension plus élevée. À côté des quatre curseurs de base, il y a d'autres compteurs à mettre en place, des dispositions multiples et complexes à imaginer. L'important est que l'équilibre financier recherché se fasse dans l'équité et la justice, d'une part, la transparence et la démocratie, de l'autre. Pour cela, commençons par nous entendre sur ce qui est de loin le plus important : le niveau des pensions.

Un secteur public prêt à s'emporter

Le dossier des retraites n'est pas la seule épine sociale dans le pied du gouvernement. Les agents du secteur public, fonctionnaires ou agents des services publics, toujours prompts à s'enflammer, auront bien d'autres sujets de conflit : les entreprises publiques qui ouvrent leur capital – comme EDF et GDF –, celles dont l'État vend les actions qu'il détient encore – comme France Télécom ou Air France –, celles qui voient leur marché s'ouvrir à des concurrents – comme la SNCF –, voilà bien des inquiétudes qui montent et des thèmes de mobilisation. La situation des hôpitaux publics est franchement inquiétante. La nécessaire réforme de l'État passera par des réductions d'effectifs dans la fonction publique. Nos ministres ont du pain sur la planche.

À Matignon depuis sept mois, le Premier ministre a montré tout son savoir-faire dans la gestion de crises violentes mais sans lendemain. On peut saluer l'artiste qui a mis fin à des manifestations d'agriculteurs ou de chauffeurs routiers en novembre. Mais, ce faisant, il a poussé les problèmes devant lui, comme l'ont malheureusement fait d'autres avant lui.

On ne prend pas beaucoup de risques à annoncer un printemps chaud du côté du service public. Ce gouvernement n'a pas de chance. Cette montagne de problèmes sociaux qui s'est construite à force de repousser les échéances, il doit l'aborder dans une conjoncture économique médiocre. Guerre en Irak ou pas, tous les économistes prévoient un premier semestre aussi morose que 2002. Le niveau du chômage n'a aucune raison de baisser (d'autant que les premières mesures du gouvernement n'y aident guère). Concrètement, cela se traduit par nombre de plans sociaux, notamment dans les secteurs liés aux télécommunications et aux nouvelles technologies de l'information. L'ambiance n'est pas au beau fixe. Les processus d'exclusion continuent imperturbablement à détruire le tissu social dans ce qu'il est convenu d'appeler les quartiers. L'année sera dure.

Les prud'homales et la refondation

Denis Kessler et Nicole Notat partis sous d'autres cieux, la droite remplaçant la gauche à Matignon et Rue de Grenelle : les cartes de la « refondation sociale » sont rebattues. Les problèmes restent. Accord majoritaire, négociation sociale dans les PME sans syndicats, l'Unedic et le Pare, la formation professionnelle, le paritarisme dans la Sécurité sociale et le retour éventuel du patronat dans les caisses : tous ces dossiers sont encore là ! C'est aux partenaires de reprendre le dialogue et aussi, peut-être surtout, au gouvernement de s'emparer des dossiers. Il n'est pas sûr que, après les prud'homales, l'émiettement aggravé du paysage syndical soit une bonne nouvelle de ce point de vue !

Auteur

  • Bernard Brunhes