« Nous n'allons surtout pas les chercher. Nous attendons que les salariés viennent nous présenter leur projet de création d'entreprise avant de les aider. » Pour Serge Vessaz, « faciliteur » à la direction d'appui à la création d'entreprise des ressources humaines de La Poste, la neutralité de la communication est un facteur clé de succès de l'essaimage. Depuis 1994, plus de 200 entreprises ont été lancées par des facteurs ou des guichetiers avec le soutien de leur ancien employeur.

« Outil de gestion des compétences à part entière, l'essaimage ne fonctionne que s'il est organisé au sein d'un dispositif permanent, renchérit Patrice Simounet, président de Diese, association pour le Développement de l'initiative et de l'entrepreneuriat par les salariés des entreprises, fondée en 2000 par une douzaine de grands groupes français (Air France, Aventis, EADS Développement, EDF, France Télécom, La Poste…). Ce dispositif rend cohérents les discours sur la nécessité d'attirer des profils entrepreneuriaux : les entrepreneurs en interne seront accompagnés lorsqu'ils décideront de voler de leurs propres ailes. » L'essaimage renforce aussi l'employabilité des salariés et permet à l'« entreprise citoyenne » de contribuer au dynamisme de la société.

« Les départs pour création volontaire d'entreprise font respirer l'entreprise, confirme Serge Vessaz. Et contribuent au développement de commerces et d'entreprises en province. Parallèlement, La Poste aide aussi nombre de salariés à démystifier leurs projets lorsqu'ils sont irréalistes. Elle les réoriente alors en interne vers des formations, de nouveaux métiers ou des fonctions différentes. » Au total, près de 10 000 salariés créent leur entreprise chaque année en France par essaimage. Le ralentissement économique a quelque peu infléchi ce chiffre en 2002, touchant surtout les projets liés aux nouvelles technologies.