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Des fonds de pension à consolider

Dossier | publié le : 01.12.2002 | E. T.

Les temps sont durs pour le système néerlandais de retraite collective par capitalisation. Les fonds de pension ont vu fondre leurs réserves. Résultat, les cotisants doivent mettre la main à la poche, et les retraités se serrer la ceinture.

Même si la chute des cours de Bourse leur a fait perdre 67 milliards d'euros, les fonds de retraite néerlandais font encore partie des plus riches du monde. Il reste que les revers financiers de ces deux dernières années en ont incité beaucoup à la prudence. Pendant près d'une décennie, les placements réalisés avec l'argent des actifs avaient généré tellement de profits que les salariés pouvaient bénéficier d'une réduction, voire être exonérés, de cotisation. Mais on assiste aujourd'hui à un retournement de situation : les fonds s'apprêtent à augmenter sensiblement leur taux de prélèvement. « Déjà, avec une baisse de rendement de 1 %, on peut s'attendre à une hausse des cotisations de 40 % », calcule Alfred Oosenburg, professeur d'économie à l'université Erasme de Rotterdam. Les gestionnaires ont encore une autre possibilité : diminuer les prestations de retraites. Non pas en rognant sur le taux de remplacement – qui représente actuellement 70 % du dernier salaire –, mais en supprimant l'indexation, totale ou partielle, sur le coût de la vie, en vigueur dans la plupart des fonds de retraite.

L'ABP a décidé de maintenir cette indexation. Le fonds de retraite des fonctionnaires et assimilés, l'un des plus importants du monde avec ses 2,4 millions de participants et son patrimoine de 147 milliards d'euros, continuera donc d'indexer l'an prochain. « Pour l'instant, nous avons encore assez de réserves pour nous le permettre », déclarait récemment le président du comité de direction, John Neervens. Car c'est bien du côté des réserves que réside le problème. La loi sur les assurances et pensions stipule que tous les fonds de retraite doivent disposer d'un taux de couverture de 100 %, c'est-à-dire d'un capital suffisant pour pouvoir, à n'importe quel moment, verser aux bénéficiaires ce qui leur est dû. Le seuil de stabilité est fixé à 115 %, afin de faire face aux imprévus et aux frais de gestion. Or un fonds néerlandais sur trois se situe aujourd'hui dans la zone dangereuse, entre 100 et 105 %. Quelques-uns sont même descendus au-dessous des 100 % et se retrouvent en situation d'insolvabilité.

Les employeurs appelés à la rescousse

Au regard de la loi, il s'agit d'une infraction. Les gestionnaires des caisses de retraite doivent donc prendre des mesures appropriées pour reconstituer un « coussin de sécurité » acceptable. Ils peuvent réviser le montant des cotisations et des retraites, mais aussi réorganiser leur portefeuille boursier. Beaucoup de fonds ont commis l'erreur de placer une grande partie de l'argent des cotisants dans des actions à risque. En misant sur des titres plus sûrs ou des obligations, ils espèrent remonter la pente. Autre solution, solliciter une aide financière de l'employeur. Après tout, pendant la période d'euphorie boursière, c'étaient souvent les fonds de retraite qui reversaient une part de leurs bénéfices à l'entreprise. Aujourd'hui, ils peuvent prétendre à ce qu'on leur renvoie l'ascenseur.

Le syndicat chrétien CNV a fait une proposition d'une autre nature. « Si nous réussissons à obtenir que l'employeur, au lieu de la traditionnelle augmentation annuelle de salaire, verse à son personnel une prime unique, moins soumise aux prélèvements sociaux, il restera à l'entreprise assez d'argent pour financer de meilleurs plans de retraite », explique le président du CNV, Doekle Terpstra. La prime devrait bien sûr être suffisamment importante pour compenser l'inflation prévue. Le CNV comptait aborder cette question lors des habituelles négociations collectives d'automne entre les partenaires sociaux. Mais la chute du gouvernement Balkenende, à la mi-octobre, a tout remis en question. Reste comme seule instance de dialogue possible la Fondation du travail, un organe consultatif et indépendant. « Il semble judicieux de nous concerter avec les employeurs sur la marche à suivre après avoir répertorié les problèmes », estime Lodewijk de Waal, président de la grande confédération syndicale FNV. Une méthode bien dans la culture néerlandaise de dialogue social.

La PVK veille au grain

Les Pays-Bas comptent un peu plus de 900 fonds de retraite : une centaine de fonds d'entreprise et 800 fonds sectoriels. Juridiquement, ces organismes ont le statut de fondation et ne dépendent donc pas des sociétés qui emploient leurs cotisants. Employés, employeurs et retraités sont représentés dans les fonds sectoriels. Un organisme de contrôle, la Chambre des pensions et assurances (PVK), veille à ce que l'équilibre financier soit maintenu. Après avoir été plutôt discrète pendant les périodes de vaches grasses, la PVK s'est récemment attiré la colère des gestionnaires de fonds en difficulté : elle ne leur donne désormais plus qu'un an pour rétablir la situation financière et de deux à huit ans pour reconstituer des réserves suffisantes.

Auteur

  • E. T.