Le papy-boom et le risque de pénurie de cadres incitent des entreprises comme Axa ou le Lyonnais à garder leurs anciens.
Après avoir largement usé des préretraites, les employeurs se réconcilieraient-ils avec leurs quinquas ? Confrontées à des départs massifs à la retraite à partir de 2005, certaines entreprises s'orientent vers une gestion plus dynamique des 45-60 ans, qu'elles cherchent à remotiver. « Le risque de pénurie de cadres les incite à maintenir plus longtemps les seniors en activité », souligne Marc Bernardin, directeur général de QuinCadres. Bilans de carrière, mobilité interne, formation, aménagement du temps de travail… Pour requinquer les plus âgés de leurs salariés, les entreprises activent plusieurs leviers. Axa propose à ses collaborateurs de plus de 55 ans de travailler à mi-temps en percevant jusqu'à 80 % de leur salaire brut. En juin dernier, le Crédit lyonnais initiait ses premiers « rendez-vous carrière », des bilans de compétences approfondis destinés à ses 12 000 employés de 45 à 52 ans. « À 45 ans, un salarié est au deux tiers de sa vie professionnelle, sa carrière n'est pas finie, explique Christine Fabresse, responsable du développement RH. C'est pourquoi il est opportun de faire le point sur ses aptitudes, son employabilité et ses perspectives d'évolution. » Un sacré changement pour des salariés habitués à partir dès 55 ans.
En 1999, Thales a créé Thales Mission Conseil, qui permet aux cadres de développer de nouvelles compétences, quel que soit leur âge. Environ 50 consultants, en majorité des quinquas, y sont détachés pour dix-huit mois afin de se repositionner au sein du groupe. « Au début, on nous comparait au cimetière des éléphants, mais nous avons réussi à faire la preuve de notre efficacité économique et sociale, témoigne Brigitte Guénard, la directrice. Notre cabinet stimule la mobilité dans le groupe et permet à des cadres de faire une pause tonique. » À 57 ans, l'un d'entre eux a retrouvé un poste de direction en Angleterre.