Devant le succès du coaching, les formations poussent comme des champignons. Mais, pour le candidat, il est encore difficile de s'y retrouver. Petit mode d'emploi pour éviter les pièges.
9 heures du matin, rue Notre-Dame-des-Champs, dans un arrondissement chic de Paris. C'est dans un ancien cloître que Nicolas De Beer et Isabelle Laplante, deux coachs qui ont fondé le portail spécialisé Mediat-Coaching, prêchent la bonne parole devant une quinzaine de novices venus s'initier au coaching. Parmi eux, Thierry, pianiste de son état, est venu avec l'intention de mieux accompagner ses élèves. Bruno et Vincent, codirigeants d'une entreprise de sécurité, aimeraient convertir leurs salariés au coaching pour mieux leur faire digérer des changements organisationnels. Bénédicte envisage d'intégrer le réseau de coachs internes de la SNCF. Quant à Anne, Pascale et Michel, ils font partie de ces nombreux consultants désireux d'ajouter le coaching à leur activité. Durant neuf jours, répartis sur quatre mois, ces néophytes vont notamment s'initier à l'analyse systémique, une approche couramment utilisée par les coachs et qui consiste à étudier les individus comme faisant partie d'un système aux éléments interdépendants. Enfin, ils s'entraîneront en jouant successivement le rôle du coach et du coaché. Depuis le début de l'année 2001, Mediat-Coaching a initié près de 130 stagiaires. En 1989, Vincent Lenhardt, P-DG du cabinet Transformance et père du coaching en France, a ouvert les premiers stages destinés aux consultants et aux dirigeants. Une vingtaine de promotions plus tard, de nombreux coachs se réclament de cette école. Depuis, International Mozaïk, Le Dôjô, l'Ifod, Insep Consulting ou Mediator International se sont engouffrés dans la brèche. Public visé ? Des DRH et des managers qui veulent s'initier au coaching, des consultants et formateurs qui souhaitent diversifier leurs activités et des cadres en reconversion. Même si être coach ne s'improvise pas, voici les 10 questions à se poser avant de choisir parmi la dizaine d'organismes de formation qui officient sur le marché.
Grosso modo, deux écoles cohabitent. Transformance, l'Ifod ou International Mozaïk sont de la tendance psy. Plus pragmatiques, Mediat-Coaching ou Insep Consulting prônent l'accompagnement individuel vers la performance.
Mediat-Coaching et International Mozaïk s'appuient essentiellement sur l'analyse systémique, Transformance sur l'analyse transactionnelle. Le Dôjô a formalisé son propre modèle. L'idéal est d'avoir une vision globale des différentes approches pour pouvoir faire son choix.
La plupart proposent, en plus des formations au coaching individuel, des formations au coaching d'équipe (appliquées au groupe). Mais certains privilégient un type plus qu'un autre. Ainsi, Mediator International, qui est réputé dans le coaching de dirigeants, a initié des formations idoines. Insep Consulting cible plutôt le coaching interne.
La majorité des organismes, comme l'Ifod, Le Dôjô ou Insep Consulting, prennent le tout-venant, considérant que les candidats sont assez grands pour savoir s'ils sont faits pour ce métier. L'intérêt est de constituer des groupes riches de leurs différences. Le revers de la médaille: handicaper les plus motivés d'entre eux. À l'inverse, Mediator International et International Mozaïk testent les motivations en entretien préalable. Et Transformance exige de ses candidats d'avoir suivi une psychothérapie.
Les cycles initiaux, qui s'étalent entre neuf et vingt jours, sont malheureusement assez courts et suffisent à peine pour appréhender le métier. « Une quinzaine de jours semble être un minimum pour acquérir les bases », note François Délivré.
Mieux vaut éviter les stages surpeuplés, comme ceux de Transformance. Un effectif de 20 personnes pour deux formateurs est un bon équilibre.
L'idéal est que deux formateurs se relaient ou que des coachs interviennent durant les séminaires. Les stagiaires auront ainsi l'occasion d'analyser diverses approches. À eux de se renseigner sur la réputation des intervenants.
La plupart des stages se déroulant en plusieurs temps, des organismes comme Transformance ou l'Ifop demandent aux stagiaires de se rencontrer entre sessions. Par groupes de quatre ou cinq, ces derniers sont priés de s'entraîner au coaching et de faire quelques notes de lecture.
À l'issue du stage, des organismes comme Transformance, Le Dôjô ou International Mozaïk délivrent une certification. Le candidat doit se poser la question de sa cote auprès des entreprises et des modalités de validation. Ainsi, chez International Mozaïk, le stagiaire doit faire la preuve de ses connaissances devant un jury de pros et rédiger un mémoire sur une expérience concrète de coaching. « Chaque stagiaire passe devant les membres du groupe qui doivent dire s'ils le reconnaissent comme coach, s'ils lui enverraient des clients ou s'ils accepteraient de se faire coacher par lui. En moyenne, nous différons la certification pour 20 % d'entre eux », explique Bernard Hévin, coach et cofondateur du Dôjô. Reste que l'obtention du diplôme se fait souvent en famille, le jury étant constitué des seuls membres de la maison. Un processus de certification qui n'est guère objectif.
Cher, dans tous les cas, d'où la nécessité d'y réfléchir à deux fois. Pour un cycle initial, les prix varient de 2 906 à 8 491 euros.