N@tilus est sur les rails. Mis en place en 2000 dans le cadre de sa politique de modernisation, l'intranet de la RATP brasse aujourd'hui une masse d'informations. Plus précisément, à travers ce portail dédié aux ressources humaines, c'est son équipe RH que la Régie a voulu privilégier. Grâce à un accès personnalisé, les quelque 150 assistants et responsables des ressources humaines disposent de leur propre réseau d'échange. « Depuis plusieurs années, nous poursuivons une logique de décentralisation. Nous avons voulu profiter de l'intranet pour professionnaliser la communauté RH », explique Vincent Berthelot, responsable du projet intranet RH. Un réseau dont le budget initial s'est chiffré à un peu plus de 30 000 euros, sans compter les heures de travail passées à l'alimenter. En s'y connectant, un responsable peut, par exemple, y trouver une cinquantaine de fiches techniques traitant de l'inaptitude, des CDD, des 35 heures, etc. Dans l'agenda, il peut aussi prendre note des rendez-vous importants tels que les élections professionnelles, les prochaines négociations salariales. « Je ne suis qu'une surfeuse occasionnelle, mais j'occupe mes fonctions depuis peu et l'intranet RH m'aide à mieux cerner le fonctionnement de l'entreprise », juge Sarah Guillouët, responsable de la mobilité. Mais c'est surtout le trombinoscope qui semble le plus apprécié des professionnels RH. En plus d'une présentation de tous les membres de la « tribu », il fournit une description de leurs responsabilités et de leurs compétences. « Quand je dois travailler sur le thème de la mobilité, par exemple, je peux consulter le trombinoscope pour savoir qui possède déjà une expertise dans ce domaine », indique Sylvie Savignac, responsable RH du département environnement et sécurité, qui pointe cependant une actualisation insuffisante.

Par ailleurs, l'intranet RH de la Régie délivre des informations en théorie accessibles aux 43 000 agents. Là encore, des fiches pratiques récapitulent les dispositifs d'épargne salariale, de formation et font le point sur les barèmes de rémunération, les accidents du travail, le 1 % logement, etc. « L'espace santé qui fournit l'adresse des médecins agréés par la RATP dans la région parisienne obtient un franc succès », note Vincent Berthelot. Autre service plébiscité : les flashs d'actualité sur les négociations en cours. « Sitôt rentrée de vacances, ils m'ont permis de faire le point sur l'avancement des discussions », résume Sylvie Savignac. Ce n'est pas tout. La Régie des transports parisiens a aussi voulu faire de l'intranet un outil de management. Destiné en priorité aux managers, un chapitre intitulé « Entretien, appréciation, progrès » permet de se préparer à l'entretien annuel d'évaluation. Néanmoins, tous les salariés peuvent prendre connaissance des règles déontologiques et s'amuser à remplir un quiz pour être prêts le jour J. Cette plus grande transparence n'a pas eu l'heur de plaire à certains managers, qui se sont estimés menacés dans leurs prérogatives. « Aujourd'hui, chacun peut savoir comment doit se dérouler un entretien d'évaluation. Les managers sont donc plus attentifs au bon respect des règles et si certains se sentent mis sous tension par l'usage de l'intranet, tant mieux ! » estime pour sa part Vincent Berthelot, le responsable du projet.

Encore en gestation, l'intranet troisième génération de la RATP sera « profilé » et tentera de coller au mieux à la personnalité des utilisateurs. « Il restera une base commune à tous. Mais ensuite, les intranautes, en fonction de leurs centres d'intérêt, auront accès à des informations personnalisées », prévoit Vincent Berthelot. Les salariés pourront aussi remplir une demande de formation via le Net et consulter une bourse à l'emploi d'ici à la fin de l'année. « Chacun sera à même de postuler en ligne puis les candidatures seront directement orientées vers le responsable hiérarchique concerné », précise Sarah Guillouët.

Reste que, avec seulement 9 000 ordinateurs, la majorité des salariés n'ont malheureusement pas accès à ces services. « Ce sont les cadres, surtout, qui consultent l'intranet, moins les agents de maîtrise », concède Vincent Berthelot. Le métropolitain « d'en bas » et sa cohorte de conducteurs, de machinistes et d'opérateurs de maintenance restent largement techno-exclus ! « Les agents d'exploitation n'ont ni vraiment le temps ni les moyens matériels de se connecter à l'intranet, regrette Michel Brun, secrétaire adjoint CGT du comité départemental économique et professionnel de la RATP. Quand ils ont besoin d'informations, ils vont les demander à leur responsable ou aux DP. Il y a un décalage regrettable entre le discours de la direction et l'utilisation qui est faite au quotidien de l'intranet. » À bon entendeur…