« Nous sommes condamnés à une gestion des ressources humaines pointue et offensive », annonce d'emblée Éric Piétrac, DRH chez Deloitte & Touche. Confrontés à un turnover avoisinant les 25 %, les grands cabinets d'audit et de conseil se mettent en quatre pour fidéliser des cadres volages et exigeants en termes de carrière. C'est ainsi qu'en 2000 le numéro deux mondial a décidé de « vendre » sa politique RH en créant un intranet. Objectif ? Améliorer les services rendus à ses 4 000 salariés français en tentant de mieux répondre à leurs attentes. « D'abord, l'intranet est un bon moyen de communiquer sur notre politique RH. Ensuite, il permet aux salariés nomades et à nos cabinets installés en province de mieux se tenir informés », se félicite Éric Piétrac.

Reste que les informations distillées sont classiques. Les intranautes peuvent consulter les traditionnelles fiches techniques sur le congé de paternité, la cooptation, le 1 % logement, etc. « Ces documents me font gagner du temps et m'évitent de passer un coup de fil à la DRH chaque fois que j'ai besoin de renseignements. Souvent, aussi, je consulte l'annuaire de l'entreprise pour savoir qui fait quoi », témoigne Magali dos Santos, assistante RH au pôle Corporate Finance. Des fiches de métiers font aussi le point sur les compétences requises. Afin de clarifier sa politique de formation, Deloitte a mis en ligne un catalogue enregistrant une centaine d'offres. Enfin, une bourse à l'emploi permet de consulter les offres en ligne et de poser sa candidature. Par ailleurs, deux sites sont spécialement dédiés l'un aux équipes RH, l'autre aux secrétaires. Sur le premier, les assistants RH peuvent, par exemple, valider les temps de travail effectués par chaque salarié et transmettre ensuite directement les données au service de la paye. Quant aux secrétaires, on leur donne des « trucs » pour trouver des salles de séminaires !

Rendre les RH plus accessibles au commun des salariés permet à Deloitte & Touche de redéployer son service du personnel vers des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme la gestion des carrières. Le constat vaut aussi pour les managers, qui semblent plutôt bien s'accommoder de l'intranet. « Le savoir, c'est un pouvoir. Nous craignions qu'une plus grande transparence au niveau de l'information soit mal vécue par les cadres intermédiaires, raconte Éric Piétrac. Mais ils se sont vite rendu compte que cet outil pouvait les aider à dégager du temps pour se consacrer à des tâches plus valorisantes comme le coaching. » L'utilisation de l'intranet n'est cependant pas encore entrée dans les mœurs. Car si les fiches techniques et le catalogue des formations sont appréciés des salariés, c'est le site du comité d'établissement qui est le plus visité !