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Vie des entreprises

L'Afpa forme soudeuses et plombières

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.09.2002 | Sarah Delattre

Depuis deux ans, l'Afpa s'efforce de former des femmes à des « métiers d'hommes » considérés comme porteurs. Mais le démarrage est plutôt lent.

Les femmes du IIIe millénaire seront électriciens, chaudronniers, peintres, carreleurs, menuisiers, ou bien soudeurs, même si les équivalents féminins ne sonnent pas toujours très bien, une femme plombier devenant, par exemple, une plombière. Telle est en tout cas l'ambition de l'Afpa qui, en réponse à la loi de mai 2001 sur l'égalité professionnelle, a décidé d'œuvrer pour l'égalité d'accès à la formation professionnelle. Comment ? En diversifiant les choix professionnels des femmes et en les incitant à s'orienter vers des « métiers d'hommes » dans huit secteurs porteurs. Parmi eux, l'électricité, le bâtiment, la construction métallique, l'électronique, la maintenance industrielle, le transport, etc. Initié en 2000, en partenariat avec l'ANPE et des réseaux spécialisés tels que Retravailler ou le Centre national d'information des femmes et des familles (CNIDFF), ce programme devrait s'étaler jusqu'en 2006.

À n'en pas douter, le chemin jusqu'à la parité sera long. « Dans certains métiers, il y a encore beaucoup à faire en matière d'égalité d'accès, reconnaît Gilbert Hyvernat, directeur général de l'Afpa. Notre objectif est de doubler, voire tripler le nombre de femmes accueillies chaque année dans ces huit filières de formation. » Globalement, l'Afpa a formé 26 935 femmes en 2001, soit 34,5 % du public. Mais, dans les huit secteurs concernés, l'organisme n'en a reçu que 3 000 en 2001, représentant seulement 15,4 % des stagiaires. « Nous souhaiterions arriver rapidement à 5 000 femmes formées chaque année », affirme Gilbert Hyvernat.

Reste que les femmes rechignent à investir ces métiers d'hommes. Pour tordre le cou à des stéréotypes têtus et mieux orienter les stagiaires, l'Afpa a donc commencé par mobiliser son personnel. Un formateur relais a ainsi été nommé dans chacune des 22 régions. Il est chargé de sensibiliser ses confrères à l'égalité professionnelle. Tout nouveau formateur ou psychologue du travail est également invité à s'intéresser au sujet.

Des impératifs économiques

Quant aux pionnières qui se sont lancées dans ces formations, elles ne semblent pas le regretter. En témoigne Muriel Arrivé Delporte qui, en février dernier, a terminé une formation de peintre en bâtiment, au centre Afpa du Mans. « À 32 ans, je n'avais quasiment jamais travaillé et m'étais exclusivement consacrée à l'éducation de mes trois enfants, raconte-t-elle. Il y a plus d'un an, j'ai décidé d'apprendre un métier. Je suis d'abord allée à l'ANPE, qui m'a orientée vers l'Afpa. Après un stage de découverte de trois mois où j'ai touché un peu à tout, j'ai décidé de me spécialiser dans la peinture et de suivre une formation de sept mois. Aujourd'hui, j'ai l'intention de me mettre à mon compte. »

Car le réalisme économique a raison des derniers bastions masculins. Si le bâtiment et la plasturgie, entre autres, s'ouvrent aux femmes, c'est en priorité pour pallier des pénuries de main-d'œuvre et donner un coup de jeune aux pyramides des âges. Ainsi, en février dernier, la Fédération française du bâtiment signait un accord quinquennal avec l'état visant à favoriser l'accès des femmes aux métiers du BTP.

Auteur

  • Sarah Delattre