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Le bloc-notes

Fillon, les jeunes et l'emploi

Le bloc-notes | publié le : 01.09.2002 | Bernard Brunhes,

Les contrats jeunes : quel avenir ?

C'est le jeu étrange de l'alternance démocratique : depuis un quart de siècle, chaque nouveau gouvernement réinvente la politique de l'emploi.

Ce coup-ci, voici venir les contrats jeunes. Les entreprises embauchant des jeunes âgés de 16 à 22 ans non bacheliers se verront exonérées de charges sociales. Sans condition et sans contrainte, sans contrepartie. Tous les experts sont d'accord, l'inefficacité est assurée. Effet d'aubaine (des entreprises qui auraient recruté de toute façon verront leurs charges réduites, tant mieux pour elles), effet de substitution (on embauchera de préférence les jeunes qui ont échoué au bac, tant pis pour les bacheliers ; on choisira les moins de 22 ans, tant pis pour les 23 ans), risque de déconvenues douloureuses, faute de formation ou d'efforts d'insertion des jeunes en situation d'échec scolaire : tout est réuni pour que l'argent du contribuable soit jeté par les fenêtres.

Deux types d'aide aux entreprises sont efficaces en termes d'emploi : soit les mesures générales, c'est-à-dire une réduction globale des charges et impôts assis sur les salaires, soit les mesures ciblées mais individualisées, c'est-à-dire obligatoirement accompagnées d'une assistance personnalisée à la formation et à l'insertion. C'est dans ce dernier créneau que, faute d'avoir accepté d'y mettre les moyens, les gouvernements successifs ont péché. La création du Pare est un pas dans cette direction, comme l'étaient d'autres programmes efficaces mais insuffisants, comme Trace.

Peut-être le programme de contrats jeunes est-il utile par le signal qu'il donne ; la politique est aussi une affaire de discours et de signaux donnés aux acteurs. Après avoir sacrifié aux obligations nées des promesses électorales, le gouvernement reviendra certainement à des projets plus riches de perspectives.

Les emplois jeunes : pour un sursis.

Dans le même souci de tourner le dos aux œuvres de la majorité précédente, voici qu'on nous annonce la fin des emplois jeunes. En toute humilité, je souhaiterais suggérer au gouvernement d'y réfléchir à deux fois. Contrairement aux aides aux entreprises, les créations d'emplois publics ou semi-publics (depuis les « emplois d'initiative locale » d'autrefois en passant par les TUC, les CES, etc., jusqu'aux emplois jeunes d'aujourd'hui) ne répondent pas d'abord à des objectifs de réduction du chômage : elles ont avant tout pour but d'améliorer le service public ou les activités d'intérêt général.

Que sont ces emplois jeunes ? D'abord des auxiliaires de police, des auxiliaires de l'Éducation nationale et de quelques autres administrations, c'est-à-dire un moyen de recruter dans le service public sans passer par les rigidités et le coût des fonctionnaires. Voilà bien une mesure qu'un gouvernement de droite soucieux des deniers publics et d'une administration plus flexible devrait apprécier. Ensuite des personnels jeunes à la disposition des associations et des organismes sociaux – comme les médiateurs ou « grands frères » employés par les organismes HLM – qui ont montré leur efficacité dans la gestion des situations sociales complexes et les quartiers difficiles. Luc Ferry, Nicolas Sarkozy ou Jean-Louis Borloo, entre autres, demanderont certainement que l'on maintienne les emplois jeunes, bien entendu en les réformant comme il se doit.

L'Europe sociale.

Vous avez dit « Europe sociale » ? Que voilà un concept oublié… D'ici à 2004, les gouvernements des Quinze devront avoir répondu à des questions décisives pour l'avenir de l'Europe. Et d'abord celle de son élargissement. Les Européens de l'Union actuelle seront-ils prêts à ouvrir toutes grandes leurs portes aux cousins de l'Europe centrale et orientale ? Seront-ils prêts à accorder les exceptions provisoires qui leur permettront de réaliser cet élargissement sans risque excessif ? On peut avoir des doutes aujourd'hui.

La montée des populismes à l'Ouest laisse perplexe quant à l'ouverture des peuples de l'Ouest vers ces nouveaux pays. Voyez l'écho donné aux problèmes de l'immigration clandestine, des filières de prostitution en provenance de l'Est, des étranges mendiants roumains. L'Union européenne a en effet un sacré retard dans le domaine des politiques sociales. Du pain sur la planche pour Noëlle Lenoir, notre nouvelle ministre des Affaires européennes.

Auteur

  • Bernard Brunhes,