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Un pari sur le multimédia

Dossier | publié le : 01.09.2002 | A.-C. G.

Compétitivité oblige, les banques se doivent de mieux former leurs salariés aux subtilités de l'anglais. Souvent classiques, les formations mises en œuvre commencent toutefois à s'adapter à la diversité des besoins et aux spécificités des métiers en s'appuyant sur le multimédia.

Pas de doute, le centre de gravité des banques françaises bascule inexorablement vers l'étranger. Au rythme des fusions et acquisitions, les établissements bancaires acquièrent une taille critique qui leur permet d'exister sur les marchés internationaux. Du coup, bon gré mal gré, les grandes banques adoptent l'anglais comme langue de travail sans pour autant qu'aucune ne l'ait encore officialisée. « Depuis son rachat par le Crédit agricole en 1997, Crédit agricole-Indosuez est devenue la filiale internationale du groupe, explique Bernadette D'Este, chargée de formation aux langues dans cette dernière. De par leurs activités avec l'étranger, de nombreux collaborateurs (dans les salles de marché, ou en relation avec la clientèle internationale) sont dans l'obligation d'avoir une bonne maîtrise de l'anglais. » La filiale de la banque verte est aujourd'hui présente dans 55 pays et, sur ses 11 773 collaborateurs, 62 % travaillent à l'étranger.

À BNP Paribas, l'anglais est de plus en plus utilisé au sein des réunions et des groupes de travail. Pour accompagner son développement en Europe (sur 80 000 collaborateurs, 61 000 travaillent dans les pays européens), le groupe affine chaque année ses formations en langues. « Auparavant, le centre de formation proposait des formations à l'espagnol, à l'allemand. Désormais, la presque totalité de nos actions se concentre sur l'apprentissage de l'anglais », souligne Michèle George, responsable des formations internationales et linguistiques au centre de formation de BNP Paribas à Louveciennes.

Sur le front des formations linguistiques, les banques n'ont pas fait de révolution. Les cours traditionnels en face à face ou en très petits groupes restent prédominants. BNP Paribas dispose d'une brochette de séminaires d'« immersion » et autres cours intensifs pour réactiver des connaissances rouillées et amener rapidement les salariés à travailler en VO. « Nous proposons aussi des formations thématiques autour de la négociation, la communication au téléphone ou l'accueil dans les agences commerciales », ajoute Michèle George. Au Crédit agricole-Indosuez, les cours en face à face sont la règle. 41 % du budget de formation en langues passe aussi dans les séminaires d'immersion en Angleterre. « Ces stages intensifs à l'étranger et les cours particuliers s'adressent essentiellement à une population de top managers devant maîtriser rapidement la langue anglaise dans leur activité, précise Bernadette D'Este. Parallèlement, les salariés peuvent préparer différents tests comme le Preliminary english test ou le Business certificate english test de l'université de Cambridge. Ces formations qualifiantes sont prises en compte dans l'évolution professionnelle des collaborateurs. »

Individualiser au maximum

À côté des formations traditionnelles, les banques mettent à la disposition des salariés des centres de ressources pour faciliter l'accès aux CD-ROM et autres cours multimédias. BNP Paribas en a ouvert 100, rattachés aux directions centrales et aux groupes d'agences. Au Crédit agricole-Indosuez, les salariés disposent de centres sur les sites de la Défense et de Saint-Quentin-en-Yvelines. Au total, le Crédit agricole-Indosuez aura formé 440 collaborateurs cette année pour 17 000 heures stagiaires. À Louveciennes, le centre de formation de BNP Paribas a vu passer 700 stagiaires et dispensé 17 000 heures de formation en langues l'an dernier. Des chiffres stables ces dernières années. « Ce qui évolue, c'est moins le nombre de stagiaires que les choix des collaborateurs qui s'orientent davantage vers les séminaires intensifs, explique Michèle George. Nous devons par ailleurs individualiser au maximum les parcours en fonction des métiers et des fonctions. »

Du juriste au trader en passant par la secrétaire ou le chargé de clientèle, les besoins ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, le recrutement de jeunes diplômés, mieux formés aux langues, oblige les banques à répondre à leurs exigences de façon plus précise. « Ils ont de meilleures connaissances en langues que leurs aînés. Ils veulent surtout entretenir leurs acquis et être formés aux spécificités de leur métier », note Michèle George. Au Crédit mutuel, dont l'activité reste principalement franco-française, les formations en langues ne sont pas pour autant désertées par les salariés. « Nous avons embauché près de 2 000 jeunes ces dernières années. Ils nous demandent d'entretenir leurs compétences pour soigner leur employabilité », constate Dominique Paty, responsable de la formation interfédérale à la Confédération des crédits mutuels.

Pour individualiser au maximum les formations, les grands établissements financiers se lancent avec prudence dans l'e-learning. BNP Paribas fait appel depuis un an à Global English et propose des modules d'anglais sur l'intranet de formation. Reste que les débuts sont timides. Entre juin 2001 et mai 2002, 518 utilisateurs actifs se sont servis de Global English, accompagnés par une équipe de tuteurs du centre de formation de Louveciennes. « Le nombre d'usagers va croissant, assure la responsable des formations internationales et linguistiques. L'accès se fait souvent en centre de ressources, tout le monde n'étant pas encore équipé d'un poste multimedia. »

Auteur

  • A.-C. G.