Dix-neuf fonds différents et une mosaïque de prestataires… Jusqu'à la fin 2001, le dispositif d'épargne salariale du groupe Aventis manquait à l'évidence de transparence. La fusion entre Rhône-Poulenc et Hoechst Marion Roussel qui a donné naissance à ce mastodonte de la pharmacie a parallèlement superposé les différents systèmes d'épargne salariale. Résultat, une offre trop complexe et peu efficace : onze fonds diversifiés et huit fonds d'actionnariat salarié, six sociétés gestionnaires et deux prestataires de services pour répondre aux interrogations des salariés, les informer de l'évolution de leur patrimoine et vérifier les dates de déblocage. Certains fonds faisaient doublon et la multiplication des accords donnait une impression d'inégalité de traitement. Opportuniste, la direction du groupe a profité de la nécessaire remise en ordre de ce dispositif pour redéfinir les principes de son épargne salariale.

« Nous souhaitions bâtir une offre d'épargne commune à l'ensemble du personnel, proposer une diversification suffisante de placements, garantir l'intérêt des salariés en faisant participer les partenaires sociaux aux différentes étapes d'élaboration et, surtout, rationaliser la gestion administrative auprès d'un interlocuteur unique », énumère Philippe Subiron, DRH du groupe. Le résultat est éloquent. Après amalgame et restructuration des différents fonds, les salariés ont le choix entre six FCPE pour verser leur épargne (intéressement, participation et épargne volontaire). Avec l'aide de Frank Russell Company (FRC), une société de conseil en ingénierie financière, le groupe a choisi de confier l'ensemble de la gestion administrative à Interépargne. Cette filiale de Natexis Banques populaires est la seule interlocutrice des salariés pour recevoir et comptabiliser leurs versements, leurs demandes de retrait et les transferts d'un fonds à un autre. Elle envoie à chaque salarié un relevé de compte trimestriel qui récapitule les avoirs, et diffuse chaque jour la valeur de chaque fonds. « Le transfert s'est effectué sans aucuns frais pour les salariés », précise le DRH.

Du côté de la gestion financière, Interépargne n'assure en direct que la gestion du FCPE « sécurité » et des fonds d'actionnariat salarié. Les quatre autres fonds ont été confiés à des sociétés spécialisées auditées par FRC. « Les gérants sélectionnés sont des spécialistes de la classe d'actifs dont ils ont la responsabilité, indique Philippe Subiron. Il nous est apparu qu'une combinaison de spécialistes donne de meilleures performances globales qu'un gérant généraliste. »

Concrètement, les fonds sont partagés en « poches » gérées dans le cadre de conventions de délégation de gestion financière entre Interépargne et les établissements sélectionnés. Ce système de délégation à plusieurs gérants financiers à l'intérieur d'un FCPE constitue une première dans le domaine de l'épargne salariale en France. Pour les salariés, le dispositif est transparent. Nombre d'experts estiment que ce type de montage devrait s'imposer dans les années à venir. Outre l'intérêt de réunir des compétences complémentaires, il permet à l'entreprise cliente de n'avoir qu'un interlocuteur et lui évite de multiplier les frais de tenue de comptes. Il n'y a pas de petites économies.