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Le marché cherche ses marques

Dossier | publié le : 01.04.2002 | M. H.

L'année 2001 a été marquée par une vague de concentrations sur le marché de l'« e-learning », qui reste structuré autour des technologies, de la production et de la vente de contenus, et du conseil. Et les ténors de l'informatique RH pourraient bien se lancer, à leur tour, dans une vaste offensive…

Pour les experts de la formation en ligne, 2001 n'a pas été une bonne année. Outre un climat économique mondial morose, le secteur a été touché de plein fouet par une des grandes spécificités françaises en matière de formation : la prudence. À leur arrivée dans l'Hexagone en 1999, les sociétés américaines comme Saba ou Docent avaient pourtant prévu que l'e-learning démarrerait en trombe. Ça n'a pas été le cas. Néanmoins, le cabinet d'études américain IDC estime qu'en 2002, en France, plus d'un tiers de la formation continue (37 % très exactement) se fera en ligne. Toujours selon ce cabinet, le marché devrait connaître une croissance des dépenses de 42 % jusqu'en 2004 ! Mais les spécialistes n'y croient guère. Une étude réalisée en 2001 par Cocedal Conseil auprès de 144 responsables de formation et DRH d'entreprises de plus de 500 salariés montre que 16 % d'entre eux ont mis en place des formations sur Internet, mais souvent à titre expérimental. La route est donc encore longue.

Les éditeurs occupent les niches

Du côté de l'offre, rien de bien nouveau par rapport à 2001. La structure demeure articulée autour de trois grands secteurs : les technologies ; la production et la vente de contenus ; le conseil. Côté technologies, Docent, Saba ou Luvit, éditeurs de systèmes de gestion de la formation (LMS), s'affirment comme les leaders d'un marché naissant en France. Dans ce groupe de prestataires, on trouve également les éditeurs de logiciels de classe virtuelle tels que Centra, Interwise, T3W ou Savoir Web. Parallèlement, certains acteurs ont choisi de ne commercialiser qu'un pan de la construction d'un projet d'e-learning. C'est le cas d'Adesoft, spécialisé dans le planning automatisé de déploiement de projets.

Plus nombreuses, les sociétés éditrices et productrices de contenus se positionnent sur une niche ou proposent, au contraire, un vaste choix de cours. IProgress est spécialisé dans la formation informatique et Auralog ou GoFluent le sont dans les langues. SmartForce, SmartCanal, Info Convergence et Demos jouent la diversité. Des poids lourds de la formation « traditionnelle » comme la Cegos ou le Cned investissent par ailleurs le secteur. Les universités aussi (voir page 80) tablent sur l'e-formation pour compléter leur gamme de services en direction des entreprises. Les cabinets de conseil, enfin, jouent la carte de l'offre unique en proposant aux entreprises une solution adaptée à leurs cahiers des charges. Depuis 1999, Accenture et Andersen se sont positionnés sur la formation en ligne alors que des acteurs moins connus mais reconnus comme HyperOffice, Synergie 3R ou IMexpert conseillent de longue date les entreprises dans le domaine de l'e-formation.

Crise et structuration obligent, 2001 aura cependant été marquée par une vague de concentrations sur le marché de l'e-learning. Les sociétés à l'assise financière plus solide que leurs jeunes concurrentes en ont profité pour faire de la croissance externe, à moindre coût. Ainsi, Docent, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 28 millions de dollars (32 millions d'euros) en 2001, a récemment acheté la société gForce pour étendre son offre au knowledge management. De son côté, SmartForce a repris l'éditeur de logiciels Centra en début d'année. Une acquisition qui en a étonné plus d'un, compte tenu de la forte activité de vente de contenus de SmartForce. « Il ne faut pas oublier que le groupe a racheté l'éditeur de LMS CBT Systems en 1999, puis IC Global, dont l'activité était la même, et enfin M2S, seule société à proposer du contenu compatible SAP, en début d'année », rappelle Jean-Christophe Dejongh, DG France de SmartForce. L'objectif est donc clair : SmartForce veut proposer une offre globale. La majorité des grands acteurs développe d'ailleurs une stratégie identique. La Cegos s'est récemment offert Arcom, une société de conseil. Pour le numéro un de la formation continue en France, l'e-learning représente en 2001 près de 4,6 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec un investissement initial d'environ 4 millions d'euros, « notamment destiné à asseoir la marque Cegos E-Learning, que nous avons créée en début d'année dernière », précise Jacques Coquerel, président de la Cegos.

Les petites entreprises négligées

La vague des fusions-acquisitions n'est pas près de s'arrêter. SmartCanal, qui a réalisé un chiffre d'affaires de près de 1,8 million d'euros en 2001, contre 133 000 euros en 2000, doit faire face à d'importants besoins de financement pour continuer à investir dans la recherche et développement et peut susciter des convoitises. Demos a, pour sa part, levé 4,6 millions d'euros en novembre 2001. Des ténors de l'informatique RH, PeopleSoft et SAP, préparent une offensive qui pourrait consister à racheter des sociétés spécialisées dans la formation en ligne. Siemens, qui a testé ses e-formations en interne, les commercialise depuis cette année. France Télécom prépare également la commercialisation d'une offre, alors que Microsoft ou Cisco Systems ont mis en place depuis quelques années déjà des universités virtuelles pour leurs clients.

Enfin, selon Gilles Freyssinet, directeur du Préau, cellule de veille technologique de la chambre de commerce et d'industrie de Paris, des acteurs plus inattendus devraient apparaître prochainement sur le marché, des chambres syndicales ou des fédérations professionnelles par exemple. Ces dernières auront un rôle crucial à jouer pour éviter que les PME ne soient touchées par la fracture numérique. Car, malgré l'effervescence qui règne sur le marché, l'offre manque encore de diversité. Les prestataires ciblent de préférence les grands comptes et négligent les petites entreprises. Et la demande en formations aux métiers est loin d'être satisfaite.

Des produits de plus en plus adaptés aux besoins

De l'assistant formateur automatique aux cours personnalisés, les nouveaux outils d'e-formation se rapprochent chaque jour un peu plus des besoins spécifiques de l'entreprise. Si les cours standards font encore recette dans la formation en ligne, les entreprises réclament aujourd'hui des contenus et des technologies adaptés à leurs besoins spécifiques ou à ceux de leurs salariés.

Les parcours personnalisés de formation représentent l'une des réussites de l'interactivité. Après une phase d'auto évaluation, le logiciel propose à l'apprenant un certain nombre de modules en fonction de ses résultats. Les modules se veulent assez courts pour éviter des abandons au beau milieu des cursus. En dehors de ces parcours dits individualisés, qui existent depuis près de deux ans, les contenus de formation n'ont jusqu'à présent pas poussé plus loin la personnalisation.

Face à une demande croissante dans ce sens, on voit apparaître cette année de nouveaux outils. Comme le « support contextuel » développé par une société irlandaise, Baydon Solutions, sous le nom d'Assistware. Cet assistant virtuel permet de se former en travaillant. Il suffit de l'appeler dès qu'on ne sait pas comment faire une manipulation sur son ordinateur. Cette bulle d'aide sophistiquée permet donc d'éviter ou d'écourter les formations traditionnelles. À quoi bon, par exemple, suivre un cours sur Excel si une formation sur ordinateur peut expliquer, lorsque c'est nécessaire, comment réaliser des tableaux dynamiques ?

Outre l'aide « juste à temps », on trouve désormais sur le marché des cours qui intègrent des éléments de la culture de l'entreprise, notamment chez iProgress. La société propose à ses clients d'insérer des fenêtres informatives propres à l'entreprise au moment le plus opportun du cours en ligne. Les salariés peuvent ainsi découvrir la charte d'utilisation d'Internet de leur employeur en apprenant à cliquer sur l'icône de lancement d'un navigateur. Certains prestataires jouent la carte de la rapidité de création, tout en mettant l'accent sur la pertinence des contenus. C'est le cas de Télélangue, qui annonce depuis plus d'un an avoir mis au point un logiciel de création automatique de cours de langues, baptisé Cyber Teachers. Principal argument de vente : ce logiciel permet la conversion des documents de travail en cours de langues « multimédias interactifs ». On imagine un document Word métamorphosé en quelques secondes en cours de langues sur le Net. L'e-formation investit également de nouveaux supports tels que le téléphone portable ou les PDA. L'utilisateur n'a qu'à se connecter à son portail de formation pour télécharger ses cours et envoyer ses exercices. Chez Nokia, les salariés suivent déjà des cours sur leur téléphone portable ou sur leur PDA.

M. H.

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