logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Vie des entreprises

Renault dope les compétences de ses opérateurs

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.02.2002 | Sarah Delattre

En juillet 2001, le constructeur automobile s'est engagé à booster l'évolution professionnelle de ses 17 000 opérateurs de production. Au cœur du dispositif lancé en janvier dernier, la reconnaissance des compétences réellement exercées.

En matière de professionnalisation, Renault veut commencer l'année sur les chapeaux de roue. Depuis un mois, en effet, le constructeur automobile applique un accord signé en juillet dernier avec la CGC-CFE, la CFTC et FO – la CFDT et la CGT s'étant abstenues – visant à rendre l'évolution professionnelle de quelque 17 000 opérateurs de production plus dynamique et les règles plus claires. C'est dans un souci de lisibilité que les grilles de classification ont été dépoussiérées et que le nombre de filières de production a été réduit de dix-huit à deux : exploitant industriel et conducteur d'installations. Dans les deux filières, chaque niveau de classification bénéficie désormais d'un seul niveau de rémunération. Mais, surtout, le dispositif décrit précisément le chemin à suivre pour gravir les échelons.

En situation de travail

Ainsi, pour accéder à un coefficient supérieur et voir leur fiche de paie augmenter, les ouvriers devront dorénavant valider de un à cinq blocs de compétences, un bloc comprenant une dizaine d'aptitudes. Un jury composé de leur supérieur hiérarchique direct, de leur supérieur de niveau N + 2 et d'un expert métier (carrosserie, tôlerie, etc.) testera leurs connaissances tant professionnelles que générales – lecture, mathématiques… – en les observant en situation de travail. « L'objectif est de reconnaître des compétences réellement exercées », explique Michel Guillamaud, directeur du développement des ressources humaines fabrication. L'ensemble de ces compétences sera ensuite récapitulé dans un « passeport compétences » que le salarié conservera tout au long de sa carrière dans l'entreprise. Quant au chef d'équipe, il se retrouve avec de nouvelles responsabilités. Car c'est lui qui, en fonction des besoins de l'entreprise et des postes ouverts, proposera à un salarié de progresser. Lors d'un entretien annuel, les deux feront le point sur les compétences acquises et les perspectives d'évolution. « Notre système de progression ne correspondait plus vraiment aux nouvelles organisations du travail, argumente Michel Guillamaud. Avec ce dispositif, nous espérons valoriser les métiers de fabrication et mieux répondre aux aspirations des salariés, notamment des jeunes. » Et Lucien Mérel, délégué syndical central FO, d'ajouter : « L'ancien système était fondé sur une organisation taylorienne du travail, il était totalement dépassé et ne reconnaissait plus certaines compétences. La carrière des opérateurs était figée, il fallait parfois attendre quinze à vingt ans avant de progresser. »

Le constructeur automobile s'est engagé auprès des trois syndicats signataires à amener les 17 000 ouvriers concernés à un niveau de spécialistes confirmés, ce qui, pour certains, devrait se traduire par une hausse de salaire non négligeable. Pour autant, les salariés qui débutent au coefficient le plus bas devront prendre leur mal en patience et compter au moins cinq ans avant d'atteindre l'objectif. Il n'empêche. « La professionnalisation des ouvriers est en marche, se réjouit Lucien Mérel. Il reste à voir comment l'accord, ratifié au niveau central, va être accueilli dans les usines. »

Auteur

  • Sarah Delattre