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Eurocopter soigne la formation

Dossier | publié le : 01.01.2002 | S. D.

Pour pallier ses difficultés de recrutement, le constructeur d'hélicoptères franco-allemand va financer la formation de 15 étudiants handicapés d'ici à la fin 2003. Parallèlement, il continue d'embaucher sur ses sites de Marignane et de La Courneuve, où il emploie actuellement 114 salariés ayant un handicap.

« Il faut que nos hélicoptères volent correctement. Et pour cela nous avons besoin de personnel qualifié, d'un niveau bac + 2 minimum. Je ne recrute pas des handicapés juste pour le plaisir. Il faut qu'ils soient compétents », provoque Annie Lamerteyn, responsable de la gestion du personnel d'Eurocopter. Dès 1992, le constructeur franco-allemand s'est engagé dans une politique d'intégration des personnes handicapées. Mais le fabricant d'hélicoptères a le plus grand mal à trouver les profils recherchés. Les candidats ne sont pas légion, notamment dans les domaines de la gestion, de l'électronique, de la robotique. Comme la plupart des employeurs qui recherchent des handicapés de niveau bac + 2 au minimum, Eurocopter constate l'inadéquation entre les besoins de l'entreprise et les qualifications des handicapés. C'est pour pallier ces difficultés de recrutement que la filiale d'EADS a signé en décembre 2000 un accord novateur avec cinq organisations syndicales (CFTC, CFE-CGC, CGT, CFDT et FO). « Nous avons décidé de faire porter nos efforts sur la formation des personnes handicapées en amont du recrutement et après leur embauche », indique Annie Lamerteyn.

D'ici à la fin 2003, Eurocopter va donc ratisser universités et écoles d'ingénieurs et de commerce à la recherche de 15 étudiants motivés. Objectif ? Signer avec eux un contrat de préembauche et les aider à décrocher leur diplôme. Un comité de sélection, composé notamment d'un représentant de l'entreprise et d'un représentant de l'école, sera chargé de sélectionner les candidats. Ensuite, les heureux élus pourront suivre leurs stages d'études au sein de la société. Mais surtout, ils pourront bénéficier d'un soutien financier de 45 000 francs maximum pour s'acheter, par exemple, du matériel adapté. Et rejoindre les équipes d'Eurocopter une fois leur formation terminée. Cet accord s'est soldé dès cette année par l'emploi de quatre étudiants. L'objectif est d'en embaucher cinq autres en 2002 et six en 2003.

Un tuteur formé par un psychologue

Pour mieux accueillir et intégrer ces diplômés, un tuteur, qui est souvent leur supérieur hiérarchique, est formé par un psychologue et un médecin du travail. « Généralement, leur arrivée ne pose aucun problème, souligne Bernard Mattio, secrétaire général CGT du site de Marignane. Chez Eurocopter, la plupart des salariés sont attachés à l'insertion des handicapés. » Parallèlement, l'entreprise continue de recruter d'autres salariés handicapés. Fin 2000, elle en employait 114, en comptabilité, dans les bureaux d'étude, les services informatiques, etc. « Lors du prérecrutement, je convoque le candidat pour un entretien médical préliminaire. Je vérifie ainsi si son handicap est compatible avec le poste que l'entreprise lui propose. Et, avant que le salarié prenne ses fonctions, je réfléchis avec l'ergonome qui travaille à demeure chez Eurocopter à un éventuel aménagement de poste », indique le docteur Jacques Teston, médecin du travail chez le fabricant d'hélicoptères. Seule restriction : aucun handicapé en fauteuil roulant n'a fait l'objet d'une embauche. « Nos locaux sont assez vieux et les aménager d'un seul coup nous coûterait cher. Plutôt qu'un handicapé en fauteuil roulant, nous préférons embaucher deux personnes qui ont un handicap plus léger », précise Éric Arcamone, le directeur des relations sociales d'Eurocopter.

Avec un taux d'emploi de plus de 5 %, le constructeur franco-allemand fait donc partie des bons élèves. En poursuivant ses efforts, il devrait bientôt atteindre la barre des 6 %, qui correspond au quota fixé par la loi de 1987. Pour cela, Eurocopter travaille en étroite collaboration avec l'ANPE et avec des associations spécialisées comme Cap Emploi Heda à Aix-en-Provence et Arieda à Montpellier, spécialisée dans l'intégration de personnes malentendantes. Mais, même en multipliant les contacts, Eurocopter se heurte toujours à une pénurie de candidats suffisamment qualifiés. « Pour certains postes, il arrive que Cap Emploi me propose un bachelier, alors que nous avons besoin d'un candidat de niveau bac + 2, explique Annie Lamerteyn. Nous passons donc un marché : Cap Emploi leur finance une formation qualifiante et Eurocopter s'engage à les embaucher. » L'Agefiph soutient les efforts du constructeur franco-allemand. Rien qu'en 2000, Eurocopter a reçu 130 000 francs de l'association chargée de gérer le fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées.

Auteur

  • S. D.