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Vie des entreprises

Formation : échec des négociations

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.12.2001 | Anne-Cécile Geoffroy

Dix mois de négociations à l'eau. Syndicats et patronat se renvoient la responsabilité de l'échec de l'accord de la formation professionnelle.

La réforme de la formation professionnelle, tant attendue, n'aura pas lieu. Les organisations syndicales (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC) et patronales (Medef, CGPME, UPA) engagées dans les discussions depuis bientôt un an n'ont pas su trouver les bases d'un accord. L'enjeu était pourtant de taille. Il s'agissait d'élaborer un système qui corrige les inégalités d'accès à la formation et de créer un droit individuel du salarié à la formation. Après dix réunions, le chef de file du patronat, Francis Mer, P-DG d'Usinor, a donc jeté l'éponge et décidé de quitter la table des négociations, sine die, affirmant « ne pas vouloir d'un accord au rabais ».

Pour les organisations syndicales, le Medef n'a pas su trouver de position homogène sur les thèmes de la négociation et notamment le caractère normatif ou non de l'accord interprofessionnel. Les branches professionnelles, l'UIMM, la chimie et le bâtiment en tête, ont pesé de tout leur poids auprès du Medef pour que l'accord interprofessionnel ne s'impose pas aux accords de branche ou d'entreprise existants signés dans le cadre des 35 heures (la loi Aubry II), même s'ils sont moins favorables.

Une position jugée inacceptable par les syndicats. « À quoi bon alors négocier un accord interprofessionnel s'il est dès le départ remis en cause par les branches ? » demande Maryse Dumas, à la CGT. Pour FO, le patronat a aussi butté sur la question du financement de la formation professionnelle. « Le Medef est dans une logique de réduction des charges et des coûts », analyse Jean-Claude Quentin, négociateur pour Force ouvrière.

Au Medef, on accuse surtout certains syndicats de faire preuve de mauvaise volonté et de ne pas avoir pris la mesure des efforts consentis par le patronat. « Nous avions pourtant bien travaillé et l'accord qui était sur le point de voir le jour avait de la tenue », regrette-t-on au Medef. Les partenaires sociaux avaient en effet réussi à construire un texte qui rendait l'individu acteur de sa vie professionnelle et plaçait la formation sous la responsabilité conjointe de l'entreprise et du salarié.

Une réforme mort-née ?

Et maintenant ? L'arrêt des négociations signe-t-il l'arrêt de mort de la réforme de la formation professionnelle ? « Nous ne le souhaitons pas, assure Annie Thomas, à la CFDT. Notre ambition est de ne pas perdre les acquis de cette négociation au long cours. » Les syndicats se sont déjà retrouvés pour savoir quelle attitude adopter. « Nous allons d'abord rédiger une déclaration commune à destination du patronat et du gouvernement, qui liste les thématiques qui ont fait échouer les négociations et pointe les questions qui poseront problème à la réouverture des négociations », poursuit Annie Thomas. Les syndicats se sont également mis d'accord pour créer un groupe de travail définissant leurs orientations communes.

Le Medef, quant à lui, a résolument mis de côté les chantiers de la refondation sociale. « Cela ne doit pas empêcher les organisations syndicales de venir nous voir avec leurs propositions quand la conjoncture politique sera meilleure », indique-t-on au Medef. En clair, pas avant la présidentielle ni les élections prud'homales. Donc pas avant le printemps prochain.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy