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Dossier

La protection sociale entre État et marché

Dossier | publié le : 01.12.2001 | François Charpentier, Laurence Allard

Fin septembre, le Medef s'est retiré de la gestion des caisses de Sécurité sociale pour protester contre l'interventionnisme de l'État. Va-t-on vers une étatisation de notre système de protection sociale ? à gauche comme à droite, personne ne souhaite vraiment une telle évolution. En réalité, on assiste plutôt, tant en France qu'à l'étranger, à une « privatisation rampante » de la couverture sociale. Les régimes de base résistent, mais le niveau de leur couverture se réduit alors que s'élargit la part prise par les complémentaires. Concrètement, l'état tend à se replier sur ses activités régaliennes et à n'assurer que des tâches relevant de sa mission de service public. Pour le reste, il s'en remet au marché, qui apporte une diversification de l'offre des biens et des services, et répond à une demande de plus en plus individualisée des assurés.

En France, les opérateurs privés accompagnent cette évolution. Parce qu'il faut répondre à la préoccupation des entreprises en termes de maîtrise des coûts et de compétitivité, ils se sont engagés depuis plus de dix ans dans un mouvement de concentration qui leur permet de réaliser d'importantes économies d'échelle. Après les assureurs qui ont montré la voie au milieu des années 90, les institutions de prévoyance, mieux implantées dans les entreprises, ont suivi. Aujourd'hui, c'est au tour des mutuelles de s'intégrer à des grands ensembles afin de préserver des parts de marché. De ce point de vue, la construction de l'Union européenne aura constitué un puissant facteur de rapprochement entre des organismes qui n'avaient ni la volonté politique de dépasser des querelles de clocher pour se regrouper ni la taille critique pour survivre. Il reste que la privatisation de la protection sociale n'apparaît pas comme la panacée. Partout où ce processus a été mis en œuvre, on a assisté à la montée d'un phénomène d'exclusion avec, pour paradoxe, de renvoyer vers l'état des catégories sociales incapables d'accéder aux biens et aux services offerts par le privé. Ce qui n'est pas payé par des cotisations l'est alors par l'impôt. D'où la recherche de nouveaux compromis passant par une meilleure articulation entre ce qui relève de choix collectifs et ce qui ressort du libre arbitre de chacun. L'équilibre n'est, alors, pas facile à trouver.

Auteur

  • François Charpentier, Laurence Allard