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Le bloc-notes

La France après le 11 septembre

Le bloc-notes | publié le : 01.11.2001 | Bernard Brunhes,

Intégration républicaine

France, pays d'intégration républicaine : le 11 septembre a remis une fois de plus la question sur le tapis. Dans les banlieues où se sont concentrés les immigrés et les Français issus de l'immigration, les événements internationaux bousculent et interpellent les Maghrébins, jeunes et moins jeunes. Hasard des calendriers, le quarantième anniversaire des manifestations sanglantes du 17 octobre 1961 à Paris, venant après d'autres rappels douloureux sur la torture en Algérie ou sur le sort réservé aux harkis, ravive des blessures. Les sifflets qui ont accompagné la Marseillaise au Stade de France n'ont fait que manifester de manière spectaculaire les sentiments diffus qui se développent chez ceux que notre société n'a pas su ou n'a pas pu intégrer.

Les périodes de crise révèlent les fractures que la paix a permis d'oublier : l'intégration républicaine, principe puissant opposé au communautarisme qui isole dans des ghettos, ne fonctionne pas bien. Elle ne sera réussie que si la France sait offrir à tous les mêmes chances. On chercherait en vain dans les états-majors des grandes entreprises des dirigeants au nom arabe. On parle des délinquants et bien peu de ceux qui ont réussi leur insertion. Il n'est pas conseillé de s'appeler Ahmed ou Mohammed quand on est candidat à un emploi de cadre.

En cette période difficile, nous devons dire aux étrangers ou aux Français issus du monde islamique, et notamment aux Arabes installés en France, qu'ils y ont leur place entière. Il ne s'agit pas de nouvelles gesticulations politiques ou de déclarations généreuses, mais de décisions concrètes : modes de recrutement des personnels, critères de promotion au sein des entreprises et administrations, place qui leur est faite dans nos institutions.

Attention, chômage !

Le 11 septembre a parfois bon dos : la crise vient de plus loin. Le ralentissement américain, que l'on n'osait avant l'été qualifier de récession, a traversé l'Atlantique. La chute des valeurs technologiques, comme on dit à Wall Street ou au Palais-Brongniart, a entraîné le reste de l'économie. Les effets directs des attentats sur l'activité des compagnies aériennes et sur un certain nombre de secteurs, notamment le tourisme, ont certes aggravé la situation. Mais c'est surtout l'incertitude sur la suite des événements qui, plongeant les entreprises dans la perplexité, freine l'investissement.

Quels seront les effets sur l'emploi ? Les médias ont les yeux fixés sur les plans sociaux les plus spectaculaires, mais ce n'est pas là qu'il faut chercher les conséquences de la crise. Sauf peut-être dans certains secteurs très directement atteints, la difficulté ne viendra pas d'une pluie de nouveaux plans sociaux, mais de l'inévitable ralentissement des créations d'emplois.

On créera toujours des emplois en 2002, mais probablement pas assez pour empêcher le chômage de s'accroître. Ce qui embarrasse bien, à moins de six mois de l'élection présidentielle, un gouvernement qui peut se vanter de la forte décrue du chômage depuis quatre ans.

Faut-il le répéter une fois de plus ? Au-delà de la conjoncture, les problèmes structurels du marché du travail subsistent. Les réformes ne viennent pas. Faciles à imaginer sur le papier ou à importer des pays du Nord, mais moins faciles à faire passer, elles permettraient de rendre le service public de l'emploi et de l'éducation plus efficace, moins dispersé, plus présent dans la vie des entreprises, plus déconcentré et même plus décentralisé.

Élections : de quoi parlerons-nous ?

Qu'est-ce qui pourrait distinguer la gauche de la droite dans la conduite de la politique sociale ? Pas facile à dire aujourd'hui. Les 35 heures ? Certes. Mais, que l'on penche à droite ou que l'on penche à gauche, on ne peut que souscrire aux mêmes conclusions : cette idée plutôt bonne s'est quelque peu noyée dans les vices habituels de notre État, c'est-à-dire centralisation, goût des lois ou des règlements ficelés qui ignorent la réalité diverse, méfiance à l'égard des chefs d'entreprise et des partenaires sociaux. Le premier bilan des lois Aubry est mitigé. Mais plus personne à droite ne songe à les remettre en cause, sinon pour y apporter quelques assouplissements.

Peu de différences sur les autres sujets. Il faut se décider à traiter le problème des retraites, mais le courage manque. Il faut sortir de la crise du système de santé, c'est-à-dire passer par-dessus les lobbies pour réaliser des réformes structurelles sur lesquelles le consensus n'est pas loin. J'arrête la liste : ce serait lassant. Question : parlerons-nous de tout cela dans les mois qui précèdent l'élection ?

Auteur

  • Bernard Brunhes,