logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Politique sociale

Comment Seillière a mis le Medef sur orbite

Politique sociale | ANALYSE | publié le : 01.10.2001 | Jean-Paul Coulange

En plaçant le gouvernement en position défensive sur les 35 heures et le dialogue social, le leader du Medef aborde la dernière ligne droite de son mandat en fanfare. Au-delà de son allure guerrière, Ernest-Antoine Seillière a réussi à doper le vieux lobby patronal et à lancer une « refondation sociale » au bilan plus qu'honorable.

Un candidat déclaré à l'élection présidentielle, Jean-Pierre Chevènement, un Premier ministrable en cas de victoire de Jacques Chirac en 2002, Alain Juppé, des anciens ministres, des parlementaires de tous bords : très œcuménique, l'université d'été du Medef a constitué l'un des rendez-vous politiques les plus prisés de la rentrée. Joli succès pour le patronat, qui recevait ses hôtes sur le campus de HEC, à Jouy-en-Josas. Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le Medef a réussi la prouesse, à la mi-juillet, de réunir quatre signatures syndicales sur un texte essentiel pour sa « refondation sociale », puisqu'il redéfinit les relations entre l'accord collectif et la loi. Autre victoire pour le patron des patrons : il est parvenu à convaincre ses troupes – au départ plutôt réticentes – de ne pas renouveler, début octobre, ses administrateurs à la Sécu. Et il a contraint le gouvernement à lâcher du lest sur les 35 heures dans les PME de moins de 20 salariés, en remontant leur contingent d'heures supplémentaires. Une belle revanche pour le patronat, après l'oukase de 1997.

Indéniablement, « EAS » a retrouvé sa superbe. Rien à voir avec le président du Medef vilipendé, en début d'année, dans toutes les grandes villes françaises par des centaines de milliers de manifestants mobilisés pour la retraite à 60 ans. Absous, le président de la CGIP contesté par ses pairs lorsqu'il appelait les entreprises à suspendre le paiement des cotisations de retraite complémentaire. Oublié, l'héritier de Wendel éclaboussé au printemps par le crash d'AOM-Air Liberté. Au prix d'un redressement spectaculaire, Ernest-Antoine Seillière est, incontestablement, l'homme de cette rentrée sociale.

La meilleure preuve ? C'est lui qui a désormais les cartes en main, contraignant Élisabeth Guigou à trouver des expédients pour faire fonctionner les conseils d'administration de la Sécurité sociale, ou le Premier ministre à monter en hâte une opération de rabibochage avec les partenaires sociaux, baptisée du nom de rénovation sociale. Et alors que les échéances électorales s'apprêtent à geler l'action politique, le Medef continue d'avancer lentement mais sûrement sur le chemin miné de la refondation sociale. Après l'adoption du texte sur les voies et moyens de la négociation collective, c'est le gros dossier de la formation professionnelle qui devrait prochainement aboutir.

Une formation de combat

Bref, au moment où certains guignent déjà le fauteuil de Seillière, renouvelable en 2002 à la tête du Medef, l'intéressé aborde la dernière ligne droite de son mandat, le front haut et la mèche toujours plus rebelle. Son bilan est probant. Humiliée par la mascarade de la Conférence sur l'emploi à Matignon, en octobre 1997, l'organisation patronale s'est muée en « parti de l'entreprise ». Une formation de combat qui n'a cessé de croiser le fer avec le gouvernement Jospin. Initiatrice, et non plus suiviste comme dans l'affaire des 35 heures, avec la refondation sociale, qui va bientôt fêter ses deux ans d'existence. Rassembleuse, lorsqu'elle a, à deux reprises, dressé les partenaires sociaux contre une éventuelle ponction de la Sécu pour financer les 35 heures. Déterminée, comme le montre son départ de la Sécu. Une rupture maintes et maintes fois promise par le patronat, mais jamais mise à exécution. Ses prédécesseurs se contentaient d'en brandir la menace, Ernest-Antoine Seillière l'a fait. « Le ton lisse de François Perigot et le ton doux de Jean Gandois, ça ne convenait plus », résumait le délégué général d'une des fédérations patronales du commerce dans les allées de Jouy-en-Josas.

On aurait cependant bien tort de ne voir dans la méthode Seillière qu'une allure guerrière, un langage coloré à faire se pâmer les Guignols de l'info et un réseau d'influence qui s'étend jusqu'à Matignon. Le président du Medef a su construire son succès. Certes, il avait, au départ, des atouts dans sa manche : grand patron, homme du sérail – il présidait la commission économique du défunt CNPF –, plutôt doué pour la communication et doté d'un sens politique acquis dans les amphis de l'ENA. Mais le CNPF, dont il a hérité de Jean Gandois en 1997, était bien mal-en-point, avec un chef isolé, à l'autorité contestée, et des fédérations de plus en plus frondeuses.

En chef d'entreprise qui se respecte, EAS a commencé par prendre possession de ce qui restait des murs, Avenue Pierre-Ier-de-Serbie. « Il fait partie de ces patrons, comme Jean Gandois d'ailleurs, qui considèrent qu'on peut diriger une organisation comme une entreprise », note un connaisseur. Force est de constater qu'il a administré au cacochyme CNPF un remède de cheval : changement de nom – et bientôt départ du fief historique du XVIe arrondissement –, élargissement du conseil exécutif à 44 membres, avec l'arrivée d'hommes neufs, suppression des baronnies que constituaient les deux commissions économiques et sociales, et surtout création d'un poste de vice-président délégué, confié au bouillant Denis Kessler. « Seillière et Kessler ? C'est comme Jospin et Schrameck », dit méchamment un pilier de l'Avenue Pierre-Ier-de-Serbie. Une façon de rabaisser le président de la FFSA au rang de superdirecteur de cabinet.

Ancien patron du Centre national du commerce et désormais président du Conseil économique et social, Jacques Dermagne relativise ces changements : « Au patronat, il y a toujours eu un numéro un, le président, et un numéro deux, le président de la commission sociale. Les dupliquettes, ça a toujours existé : rappelez-vous François Ceyrac et Yvon Chotard. Celle-ci marche bien, car l'intelligence de Kessler est redoutable et la volonté de Seillière sans faille. » En tout cas, avec un Kessler aux commandes, la maison est bien gardée, pendant qu'EAS préside aux destinées de sa CGIP. Un avantage qui s'est avéré appréciable lorsqu'a éclaté l'affaire AOM-Air Liberté.

Cette remise au pas de l'appareil patronal n'est pas, loin s'en faut, la seule raison du décollage de la fusée Seillière. Jaloux de son indépendance, le président du Medef a pris soin de se démarquer des grandes fédérations professionnelles qui faisaient traditionnellement la pluie et le beau temps Avenue Pierre-Ier-de-Serbie. Quand elles ne paralysaient pas l'organisation patronale et son numéro un, sommé de parvenir au consensus et de réaliser la synthèse entre les intérêts contradictoires des donneurs d'ordres et des sous-traitants, ou de l'industrie et de la grande distribution, pour ne citer qu'eux. Dorénavant, les décisions du conseil exécutif sont prises à la majorité simple. Et « souvent par acclamation », ironise un ancien de l'ex-CNPF. L'émancipation est particulièrement flagrante vis-à-vis de l'UIMM.

Jadis gardien de la politique sociale de l'ex-CNPF, le patronat de la métallurgie ne règne plus que sur une sous-commission, présidée par son vice-président délégué, l'énarque distingué Denis Gautier-Sauvagnac. Magnanime, ce dernier ne voit guère que deux points de désaccord, en quatre années de cohabitation : sur les 35 heures et les retraites complémentaires, excusez du peu. Car si la métallurgie a tapé du poing sur la table plus souvent qu'à son tour pour dénoncer les méfaits du passage aux 35 heures, le ton a fini par monter fin 1999 entre l'UIMM et le Medef, la première reprochant au second son jusqu'au-boutisme.

Des histoires d'hommes

L'« Union », comme l'appellent les familiers de la puissante fédération de l'avenue de Wagram, a fini par obtenir gain de cause. L'assemblée générale du Medef a certes décidé de continuer le combat, pour obtenir la révision de la loi Aubry. Mais, en attendant, les branches ont pu prendre « toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de leurs salariés ». À la lutte d'influence entre les deux organisations se mêlent, en coulisse, des histoires d'hommes. Dire que les deux Denis, Kessler et Gautier-Sauvagnac, ne s'apprécient guère est un doux euphémisme. « Lors du centenaire de l'UIMM, Seillière n'y était pas. Et Kessler n'a fait qu'une apparition, s'engueulant avec Gautier-Sauvagnac », raconte un témoin de la scène.

Le tandem Seillière-Kessler n'a pas pris de gants non plus avec les autres officines patronales. Notamment avec la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, qui a, pourtant, largement contribué au succès du grand meeting contre les 35 heures, porte de Versailles, en octobre 1999. « L'hégémonisme du Medef ? Je ne m'en plains pas, hormis sur le plan de la communication », répond placidement Jacques Freidel, président de la CGPME et petit patron de la métallurgie. À vrai dire, les cousins éloignés de l'Avenue Pierre-Ier-de-Serbie n'ont pas été mieux gâtés.

« Le consensus patronal se déglingue, affirme un connaisseur. Le patronat chrétien se plaint de ne plus être consulté par le Medef. La CGPME prend ses distances, le CJD est très remonté… » Quant à l'UPA du truculent Robert Buguet, en guerre de représentativité avec le Medef, elle a carrément fait sécession (voir encadré). Les artisans renâclent, mais il arrive aussi que les grands patrons râlent. Au début de l'année 2001, ils n'ont guère apprécié le coup de force du président du Medef sur les retraites complémentaires et le lui ont clairement dit.

Une guérilla qui dérange

Après la mobilisation de masse du 25 janvier qui a jeté environ 300 000 manifestants dans les rues pour défendre la retraite à 60 ans, Ernest-Antoine Seillière a dû subir les remontrances de l'Association française des entreprises privées. Début février, dans les locaux feutrés de l'Afep, Jean-Louis Beffa, de Saint-Gobain, Thierry Desmarest, de TotalFina, et un tiercé majeur de banquiers, Jean Peyrelevade, du Lyonnais, Daniel Bouton, de la Société générale, et Michel Pébereau, de BNP Paribas, critiquent ouvertement l'appel au boycott des cotisations de retraite complémentaire, lancé par Seillière. En présence de l'intéressé.

« L'Afep ? Ils sont très musclés sur les aspects financiers. Mais, dans le domaine social, ce ne sont pas des aventuriers », ironise Pierre Guillen, ancien président de la commission sociale du CNPF. L'affaire des retraites complémentaires montre, en tout cas, que la guérilla permanente menée par Seillière contre le gouvernement dérange des grands patrons soucieux de la paix sociale. Du moins dans le périmètre de leur entreprise ! « Ils se sont surtout exprimés sur la méthode, indique un membre du Conseil économique et social. Ce que veulent ces messieurs, c'est prioritairement de ne pas avoir le bordel. Et c'est avec cet état d'esprit qu'ils délèguent le social à l'outil patronal. Mais il faut bien reconnaître que, depuis cinquante ans, ce n'est pas le secteur privé qui a mis les gens dans la rue ! »

De ce chapitre désormais clos, avec la reculade du Medef, il reste une trace : la candidature virtuelle de Bertrand Collomb, le président du groupe Lafarge, à la succession d'EAS. Du moins c'est ainsi que les exégètes ont interprété l'interview accordée par Collomb au Figaro sur le climat social français. « Ça vient de l'UIMM ! » affirme, en expert, l'ancien président d'une grande fédération professionnelle. Reste que les grands patrons ne boycottent ni le Medef ni son leader. Le raout de Jouy-en-Josas en a même réuni une belle brochette, de Jean-Martin Folz à Jean-Marc Espalioux. Sans oublier Daniel Bouton et Thierry Desmarest, deux des frondeurs de l'Afep…

Ces universités d'été, lancées par Denis Kessler, en sont le parfait symbole : réduite à l'état d'un lobby en perte de vitesse lors du retour de la gauche en 1997, l'organisation patronale, sous la férule d'Ernest-Antoine Seillière et de Denis Kessler, a retrouvé le corps de doctrine qui lui faisait cruellement défaut. Ce nouveau corpus idéologique a pris naissance autour de l'idée d'un vaste chantier de négociations collectives, clairement destiné à combattre le rôle hégémonique de l'État dans la régulation sociale. Après son élection, fin 1997, Seillière s'était pourtant prononcé sans ambiguïté contre les grand-messes interprofessionnelles, se montrant un farouche partisan du traitement des questions sociales au plus près du terrain, au niveau de l'entreprise. Mais nécessité fait loi. Le voilà devenu un ardent prosélyte de la politique contractuelle au sommet, privilégiant le contrat passé entre les partenaires sociaux à la loi, imposée par un État indécrottablement jacobin.

« Lors de la toute première négociation sur l'Unedic, en 1999, Ernest-Antoine Seillière s'est rendu compte qu'il y avait un front commun des partenaires sociaux contre l'État. Et la refondation n'est venue qu'ensuite », rappelle Raymond Soubie, le président du groupe de conseil Altedia. Depuis bientôt deux ans, et sur tous les grands sujets sociaux – la formation, l'assurance chômage, la négociation collective –, l'organisation patronale mène le bal, avec des syndicats plus ou moins ravis de l'aubaine.

Les esprits chagrins soulignent que cet interminable marathon s'est souvent soldé par des accords minoritaires, vilipendés par les syndicats non signataires. Comme la convention d'assurance chômage, approuvée par les seules CFDT et CFTC. « Qu'il n'y ait pas de signature cégétiste dans la refondation sociale est une erreur, estime Jacques Dermagne, le président du Conseil économique et social. Leur signature était pourtant possible. Il fallait donner quelque chose à Force ouvrière pour qu'ils se calment et que la CGT n'apparaisse pas comme plus réformiste que FO. »

Des méthodes à la hussarde

Pourtant, le dernier accord en date, celui du 17 juillet sur la négociation collective, porte la griffe de quatre des cinq grandes confédérations. Un accord dans la grande tradition de l'UIMM, arraché par… Denis Gautier-Sauvagnac, le chef de file de la délégation patronale. « Une négociation à l'ancienne, un style petit bras », pestait la CFDT, avant d'ajouter finalement son paraphe au texte déjà signé par FO, la CFTC et la CGC. Il faut dire que le numéro deux de l'UIMM, dûment chapitré par Seillière, a été invité à revoir sa copie pour qu'elle soit acceptée par la CFDT. Au moment où le Medef annonçait son départ des caisses de Sécu, fragilisant la position de la CFDT qui a défendu contre vents et marées la réforme Juppé, la signature cédétiste au bas de l'accord valait bien une session de rattrapage. Michel Jalmain, secrétaire confédéral de la CFDT, dresse, d'ailleurs, un bilan positif de ces deux années passées autour du tapis vert : « Avec des méthodes à la hussarde, Seillière et Kessler font ce que Gandois aurait voulu faire avec de vrais et bons sujets de négociation. » Le dirigeant syndical constate aussi, avec grand plaisir, que Lionel Jospin a été forcé de se « repositionner » sur l'échiquier social. « Le Premier ministre a mesuré les limites du tout-politique, du tout-législatif qui le fait dériver à gauche. Lui qui avait peu de relations avec le patronat et les syndicats voit bien qu'un espace s'est ouvert. »

D'aucuns s'interrogent cependant sur la posture très politique de l'organisation patronale, qui commence déjà à s'immiscer dans la campagne présidentielle. « Ça me gêne », soupire un patron, qui a pris ses distances avec le Medef. Relève de génération, changement d'époque ou manifestation d'un désaccord de fond ? Beaucoup d'éléphants sont partis, comme Pierre Guillen ou Jacques Dermagne. D'autres se font discrets, à l'instar de Georges Jollès ou de Bernard Boisson, ancien président de l'Unedic et de l'Ucanss. L'ordre règne Avenue Pierre-Ier-de-Serbie, où le Medef s'apprête à entrer, lui aussi, dans une année électorale. Souhaitant, affirme-t-elle, que l'actuel président de l'organisation patronale soit candidat à sa propre succession, l'UIMM se proclame « seilliériste ». Mais il est possible que la métallurgie ne soit pas fâchée de voir EAS, empêché par la famille de Wendel ou poussé par ses proches, jeter l'éponge. Les présidents du patronat passent, l'UIMM reste…

Quand l'UPA passe à l'ennemi

Les rangs patronaux vont être clairsemés dans les caisses de Sécurité sociale. Les organisations syndicales n'y rencontreront plus que les artisans, le Medef et la CGPME ayant décidé de ne pas renouveler leurs administrateurs. Mais pas l'Union professionnelle des artisans. La dissidence de l'UPA n'est pas nouvelle. Elle a toujours contesté sa représentation dans les organismes paritaires, jugée insuffisante eu égard à ses 230 000 adhérents. Et aux 830 000 entreprises artisanales. Mais force est de constater que ses relations avec les deux autres organisations patronales se sont nettement dégradées depuis le retour de la gauche aux affaires. Président de l'UPA jusqu'à la fin 2000, Jean Delmas a vigoureusement critiqué le jusqu'au-boutisme du Medef sur les 35 heures ou les retraites complémentaires. Et condamné son départ de la présidence de l'Ucanss. La situation s'est encore envenimée avec l'arrivée de Robert Buguet, en janvier 2001, à la tête du mouvement. Ancien leader de la Confédération de l'artisanat et des entreprises du bâtiment, ce charpentier-couvreur de 59 ans a conclu, avec le soutien de Martine Aubry, un accord 35 heures pour sa branche qui a fait grand bruit dans le Landerneau patronal. Dès son arrivée à l'UPA, Robert Buguet réclame un tiers des sièges pour les artisans au sein de l'AGFF, le nouvel organisme de financement des retraites complémentaires à 60 ans. Ernest-Antoine Seillière ne lui en accorde alors qu'un sur dix. Les incidents de frontière ne feront ensuite que s'amplifier. S'agissant des 35 heures pour les PME de moins de 20 salariés, l'UPA ne revendique que des assouplissements ciblés, branche par branche, alors que Medef et CGPME exigent un moratoire. Pis, Robert Buguet ne se montre pas hostile à une mise à contribution de la Sécu pour le financement des 35 heures. Une aubaine pour le gouvernement Jospin qui profite de cette faille dans la cuirasse patronale pour caresser les artisans dans le sens du poil. Un décret ad hoc va donc permettre à l'UPA d'assurer une présence patronale dans les organismes de Sécurité sociale.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange