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Idées

Y aura-t-il assez de travail au XXIe siècle ?

Idées | Livres | publié le : 01.03.2023 | Frédéric Brillet

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Y aura-t-il assez de travail au XXIe siècle ?

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À cette grande question qui taraude notre époque, Daniel Susskind, professeur d’économie à l’université d’Oxford, répond par la négative en pointant la menace du chômage technologique comme d’autres experts avant lui. Née sous la plume de John Keynes dans les années 1930, cette expression soulève des questions passionnantes et angoissantes, qui ont souvent peu à voir avec l’économie, relève l’auteur. Ce n’est pas la première fois que la peur de l’automatisation se répand. Depuis des siècles, les gens vivent des épisodes de panique à l’idée d’être remplacés par des machines, et ces craintes se sont très souvent révélées infondées. Mais il en sera différemment avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Certes, « il restera des tâches difficiles à automatiser, ou pas rentables à automatiser, ou encore possibles et rentables à automatiser, mais qu’on préférera confier à des personnes », estime Daniel Susskind. L’auteur n’en fait pas moins valoir que plus les machines assumeront de tâches, plus les êtres humains seront obligés de s’en tenir à un ensemble d’activités réduit, jusqu’au jour où ce qui restera ne sera pas suffisant pour fournir à tous ceux qui le souhaitent un emploi correctement rémunéré. « Ce n’est pas par hasard que les préoccupations liées aux inégalités économiques augmentent au moment même où l’angoisse de l’automatisation augmente. Les deux problèmes – inégalités et chômage technologique – sont très étroitement liés », poursuit l’économiste. Il faudra donc trouver un moyen de répartir la prospérité dans la société alors que le mécanisme prévu à cet effet, à savoir, rémunérer quelqu’un en échange de son travail, est moins efficace qu’avant. Cette transformation amènera en outre tous ceux qui n’auront peu ou pas de travail à s’interroger sur le sens à donner à leur vie. « Il y aura des désaccords sur la façon dont il faudra relever ces défis, répartir la prospérité économique, limiter le pouvoir politique des grandes entreprises technologiques et donner un sens à un monde comprenant moins de travail », prédit Susskind. « Le défi, tel que je le conçois, est de tenir compte de ces éléments inévitables pour essayer de construire un monde où tous pourront s’épanouir. »

Un monde sans travail,

Daniel Susskind, Éd. Flammarion, 24 euros

Auteur

  • Frédéric Brillet