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Un investissement qui s'avère payant

Dossier | publié le : 01.09.2001 | J.-Ph. D.

Programmes étalés sur deux ans, cours le soir et le week-end, cycles communs avec les étudiants… Pour accueillir davantage de salariés tout en satisfaisant aux exigences des employeurs, les DESS en formation continue rivalisent d'imagination.

En formation continue, deux années valent mieux qu'une. C'est ce qui ressort du classement des 3es cycles en ressources humaines établi par Liaisons sociales et le Cesi en fonction de leur accessibilité pour les salariés. Parmi les dix formations qui arrivent en tête du palmarès, six proposent un cursus étalé sur vingt-quatre mois. Et la formation lauréate, le DESS de management avancé des ressources humaines et des relations d'emploi de l'IAE de l'université de Paris I, se déroule exclusivement sur deux ans. Les stagiaires ont le choix entre deux formules : huit séminaires de trois jours chaque année ou des cours deux soirs par semaine auxquels s'ajoutent une dizaine de samedis.

Ce mode d'organisation sur deux ans présente l'énorme avantage de ne pas trop empiéter sur le temps de travail. Un critère primordial pour les employeurs qui rechignent à voir leurs collaborateurs partir en formation. C'est d'autant plus vrai quand les salariés en question dépendent d'un service RH. Car la plupart des directions des ressources humaines ont subi une sérieuse cure d'amaigrissement. « Elles souffrent d'un sous-effectif chronique alors même qu'elles doivent faire face actuellement à des chantiers de longue haleine, comme la gestion des compétences ou le partage des connaissances. Voire, pour les entreprises retardataires, le passage aux 35 heures », note Daniel Croquette, directeur du développement au Cesi. Difficile, dans ces conditions, de laisser les collaborateurs s'absenter. « Les responsables de 3e cycle RH en formation continue doivent aujourd'hui prendre en compte ce contexte », résume Dominique Sartori, directrice du DESS de direction et gestion des RH à l'université de Nancy II. Les salariés peuvent non seulement préparer ce diplôme en deux ans, mais les deux cents heures de cours annuels sont réparties en fonction des agendas de chacun.

Du coïnvestissement déguisé

Cette souplesse d'organisation, la majorité des formations de 3e cycle l'adoptent petit à petit. « Vouloir progresser ne suffit pas à décrocher un diplôme en formation continue, observe François Stankiewicz, responsable du DESS de management des ressources humaines de Lille I. Encore faut-il que l'entreprise accepte de jouer le jeu. Or, dans la plupart des cas, le cadre qui se forme doit assumer la même charge de travail. Incapables de concilier à la fois leur formation et leur poste, certains abandonnent au bout d'un mois. »

Hormis les heureux bénéficiaires d'un congé individuel de formation (CIF), les salariés se doivent d'être au four et au moulin. « Il serait préjudiciable au collaborateur qui se forme de rompre avec son quotidien professionnel. Même si cette situation implique pour lui de nombreux efforts et de lourds sacrifices personnels », estime ainsi Laurent Mozzo, DRH d'Aventis BioScience. Ses collaborateurs les plus brillants ne peuvent prétendre à une promotion que s'ils décrochent le DESS de gestion des ressources humaines décerné par l'IAE de Lyon III. Organisé sur deux ans, ce 3e cycle se déroule au rythme d'un jour de cours par semaine. « Le salarié est souvent invité à prendre cette journée de formation sur ses jours de RTT », remarque Christiane Dumoulin, responsable du DESS.

Cette situation s'observe dans un grand nombre de 3es cycles RH. Comme le DESS Gestion des ressources humaines de l'IGR de l'université de Rennes I. « Nos cours ont lieu le vendredi après-midi et le samedi, explique Gwénaëlle Poilpot-Rocaboy, docteur en sciences de gestion et maître de conférences à l'IAE de Rennes. Il n'empêche, la surcharge de travail est telle que certains salariés – qui ont pourtant négocié avec leur employeur une absence en fin de semaine – sont également obligés de poser des jours de RTT pour pouvoir suivre la formation. Nous avons là affaire à un coïnvestissement qui ne veut pas dire son nom. » Pour les responsables des 3es cycles RH, les cours le soir et le week-end constituent une bonne façon de tester la motivation des stagiaires. Et de satisfaire les employeurs… mais pas les étudiants en formation initiale qui n'apprécient guère d'avoir à bachoter le samedi.

À côté des formations professionnelles stricto sensu, il existe en effet des 3es cycles RH mixtes, mêlant étudiants et salariés. Un cocktail qui, à la lecture de notre palmarès, ne semble pas gagnant : les cinq premières places du classement sont trustées par des DESS à 100 % en formation continue. Depuis la rentrée, l'IAE de Lyon a séparé les deux cursus. « Cette décision a été prise pour répondre à la forte demande concomitante des diplômés de maîtrise et des salariés, explique Christiane Dumoulin, responsable du DESS de GRH en formation continue. Mais également parce que les deux publics ont des attentes trop contradictoires. Les étudiants aspirent à acquérir des compétences professionnelles. Tandis que les salariés souhaitent prendre du recul par rapport à leur fonction et améliorer leur bagage théorique. »

Le label DESS très prisé des recruteurs

Certains responsables de 3es cycles RH mixtes reconnaissent, officieusement, que les deux populations se côtoient dans l'année mais se mélangent difficilement. « Les élèves en formation initiale n'ont pas grand-chose à apporter aux stagiaires de la formation continue qui souhaitent avant tout mutualiser leurs expériences professionnelles », affirme Gwénaëlle Poilpot-Rocaboy, du DESS de GRH de Rennes I. D'autant que les salariés inscrits en 3e cycle RH viennent souvent d'univers très disparates. Le cas le plus fréquent est celui de l'assistant RH envoyé par son entreprise afin de valider son expertise par un diplôme reconnu ou de développer ses compétences théoriques en vue d'une promotion.

Des consultants (en recrutement, outplacement, organisation, rémunération…) suivent également les DESS RH pour remettre à jour leurs connaissances. « Chaque année, 15 à 20 % de nos stagiaires proviennent de cabinets-conseils comme KPMG, Deloitte & Touche, Algoé ou Bossard Consultants », témoigne José Allouche, directeur du département RH de l'IAE de Paris I. D'autres y vont davantage contraints et forcés. C'est le cas des administratifs RH, du type responsables de paie ou gestionnaires de formation, qui ont senti le vent du boulet. « Les entreprises ne cessent d'externaliser les tâches administratives des ressources humaines pour, à terme, ne garder que la fonction stratégique, estime Alain Gintrac, responsable du DESS de GRH de l'Irgae de Bordeaux IV. Dans ces conditions, les administratifs RH ont tout intérêt à développer leurs compétences s'ils veulent pouvoir rester dans l'entreprise ou trouver un poste ailleurs. »

La majorité des stagiaires présents dans les 3es cycles RH partagent cette analyse. Ils savent pertinemment que le label DESS est très apprécié par les recruteurs. « Quatre mois en moyenne après l'obtention de leur diplôme, les salariés changent d'entreprise », remarque François Geuze, président de l'association des anciens élèves du DESS de MRH de Lille I. Outre les administratifs RH, cohabitent dans cette catégorie des salariés issus d'autres fonctions (commerciaux, chargés de communication, financiers…) qui souhaitent se reconvertir dans les ressources humaines. Enfin, une nouvelle catégorie de salariés est en train d'apparaître. « Il s'agit d'experts pointus qui souhaitent acquérir une double compétence pour se monnayer encore mieux sur le marché du travail, comme des informaticiens qui veulent se spécialiser dans les logiciels RH ou les contrôleurs de gestion dans l'audit social », observe Dominique Sartori, du DESS de direction et gestion des RH de Nancy II. Les 3es cycles RH accessibles en formation continue ont donc de beaux jours devant eux.

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  • J.-Ph. D.