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Édito

Et si le Gouvernement en finissait avec les ballons d’essai ?

Édito | publié le : 01.01.2023 | Benjamin d’Alguerre

Mais quelle mouche a bien pu piquer Olivier Dussopt ? N’avait-il vraiment rien de mieux à faire le 23 décembre dernier, alors que le pays – syndicats compris – s’apprêtait à découper le chapon, de demander à ses services d’adresser à la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle un nouveau projet de décret restreignant encore un peu plus la durée d’indemnisation des chômeurs après avoir déjà porté un premier tour de vis le mois précédent ? « Une maladresse », « un raté sur la forme » ont immédiatement commenté off the records plusieurs ministres et conseillers de l’exécutif en guise de damage control et pour limiter la casse. N’empêche, le mal était fait. Et les syndicats n’ont pas manqué de saisir la balle au bond. « Déloyauté », « mauvais goût », « inadmissible » ont immédiatement réagi les principaux leaders syndicaux. Agacement garanti.

Certes, sur le fond, le projet de texte n’a rien d’une surprise. Olivier Dussopt, en présentant sa réforme de l’assurance-chômage à la presse en novembre dernier avait déjà averti qu’en cas de taux de chômage passant sous les 6 %, un nouveau tour de vis serait donné à la durée d’indemnisation-chômage (elle sera réduite de 25 % en février prochain). Certes, aussi, le projet de décret ne porte que sur l’année 2023 et les probabilités d’atteinte dudit plein-emploi sur une séquence aussi courte paraissent faibles aux yeux des économistes. Concrètement, la fausse bourde du ministre du Travail avait tout l’air d’un ballon d’essai tiré précisément pour faire réagir. Pas forcément une première, ni pour ce Gouvernement ni pour un autre. Et d’ailleurs, Élisabeth Borne, le 3 janvier, annoncera en catimini le retrait de cette mesure, la renvoyant à la future négociation des partenaires sociaux sur l’indemnité-chômage qui doit s’ouvrir début 2024.

Mais à l’heure où le pays semble à cran, où les organisations syndicales s’apprêtent à ferrailler contre la réforme des retraites, et où, surtout, la forte montée de l’inflation se traduit par une augmentation sensible des factures de gaz et d’électricité pour les entreprises qui pourrait à son tour entraîner, dès ce début d’année, une recrudescence des licenciements et autres PSE, on aurait pu attendre un comportement plus mesuré d’un homme présenté, lorsqu’il pilotait la réforme de la fonction publique voici quelques années, comme un modèle d’écoute, de dialogue et de pondération. Le monde social, déjà bien percuté par des « concertations » à rallonge menées au pas de chasseur, aurait besoin d’un peu d’apaisement. Voire de beaucoup.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre