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Décodages

Francis Lévy délégué général de la fédération française des Geiq

Décodages | Insertion | publié le : 01.01.2023 | Lucie Tanneau

Le nombre de Geiq progresse ces dernières années. Comment l’expliquez-vous ?

Francis Lévy : Le premier Geiq a été créé à Bergerac, dans le secteur du bâtiment. Puis les groupements se sont développés dans l’industrie, la propreté, le transport, l’aide à domicile. Aujourd’hui il existe 200 Geiq. Le tournant a été 2015, avec la loi qui reconnaît l’existence des Geiq et permet l’obtention d’aides publiques1. Les Geiq ont été créés pour répondre aux difficultés de recrutement des entreprises, particulièrement dans le bâtiment où les candidats qualifiés étaient rares. Avec la hausse du chômage les Geiq ont été considérés comme un outil d’insertion plus que de recrutement, mais nous revenons aujourd’hui à la vocation d’origine : les Geiq ont tout leur sens dans la période de pénurie actuelle. Après des parcours de formation de onze mois en moyenne, nous comptabilisons 70 % de sorties en emploi.

Quelles sont les particularités des Geiq par rapport à d’autres structures d’insertion par le travail ?

F. L. : La place des entreprises dans le fonctionnement est la première : ce sont les entreprises qui pilotent les Geiq, qui répondent donc à leurs propres besoins. Il s’agit d’insertion par la qualification et l’apprentissage d’un métier. Le contrat de travail également change tout : il est responsabilisant et permet une intégration sociale. Enfin, les Geiq assurent l’accompagnement social et professionnel. En nouant des relations avec des partenaires de l’emploi, des associations, des acteurs de la santé, des organismes de formation, les Geiq assurent un suivi, territorial, de leurs salariés. C’est l’ensemble de ces facteurs qui sont la clé de notre réussite. Les Geiq proposent un service aux entreprises : elles adhèrent car elles ont un besoin de recrutement, et par engagement social ou société. Le curseur dépend de chacune d’elles, mais elles trouvent un lieu de partage, et d’échanges sur leur territoire. Dans certaines régions, le Geiq a d’ailleurs donné lieu à une création de groupement d’employeurs plus classique, entre des entreprises adhérentes. Cela offre un service complémentaire et permet un suivi des salariés.

Le profil des salariés des Geiq a changé…

F. L. : En matière de niveau, on accueille en grande majorité des infra-bac, (68 %) sans aucune qualification. On constate cependant une légère évolution du nombre de bacheliers, car de moins en moins de gens sortent de l’école sans rien… Mais nous recevons parallèlement des publics qui sont de plus en plus éloignés des circuits et d’une dynamique d’insertion. Les missions locales et Pôle emploi orientent vers nous nombre de candidats, mais nous nouons de plus en plus de partenariats avec tous types de structures qui accueillent et reçoivent des jeunes (clubs de sports, associations de quartier…). Les Geiq accueillent aussi, depuis quatre ou cinq ans, de plus en plus de réfugiés. C’est un potentiel très intéressant pour les entreprises, car une fois les barrières culturelles et de la langue levées, ils ont un fort potentiel et une forte motivation qui concourent à donner une vraie impulsion dans les entreprises.

(1) Conditionnées à un label, renouvelé chaque année

Auteur

  • Lucie Tanneau