Salariés des TPE, slasheurs, travailleurs ubérisés, salariés précaires… ils forment les contingents des oubliés des grandes confédérations. Non que celles-ci ne s’intéressent pas à eux, mais le plus souvent, elles ignorent comment les toucher massivement. Les seuls salariés des très petites entreprises représenteraient quelque 2 millions de travailleurs – presque 10 % des salariés en France – selon l’Observatoire du dialogue social de la Fondation Jean-Jaurès qui planche sur des scénarios pour attirer cette population vers les grandes centrales à partir d’une offre de services adaptée. Pour l’instant, toutefois, du côté des syndicats, les tentatives d’amorçage tiennent plus du bricolage que du process industriel. à l’Unsa, on a imaginé un bus itinérant proposant du conseil juridique à ces salariés de petites boîtes avec un certain succès. « On pouvait voir jusqu’à cent salariés faire la queue devant ce bus pour solliciter une aide juridique ! », se rappelle Jean Grosset. En 2021, la FGTA-FO, la fédération Force ouvrière de la grande distribution, de l’hôtellerie-restauration, de la coiffure, du service à la personne, de l’agro-industrie et de l’agriculture, proposait un « Pass solidarité TPE » faisant office de centrale d’achat pour ces salariés sans CSE et proposant en outre, d’autres prestations comme du soutien scolaire ou de la formation. Souvent pour des résultats médiocres, le taux de participation aux élections des TPE de 2021 ayant péniblement atteint les 5,44 %… Quant à l’investissement des syndicats auprès des travailleurs des plateformes, il n’a guère plus payé en 2022. Seuls 1,83 % des livreurs et 3,91 % des chauffeurs VTC se sont déplacés pour élire, pour la première fois, ceux chargés de les représenter pour négocier un premier socle de droits sociaux dans le cadre de discussions qui doivent s’achever en ce début d’année.