Si le titre de l’ouvrage sonne comme une injonction, c’est parce que le dialogue social demeure insuffisant en France. Comme chacun sait, les partenaires sociaux versent trop souvent dans la confrontation, les jeux d’acteurs, les postures quand d’autres, comme en Allemagne ou dans les pays scandinaves, misent sur des approches plus constructives et pragmatiques.
Pourquoi le dialogue social est-il si difficile en France alors même que le taux de syndicalisation y est si faible ? Cela tient à la culture encore trop souvent conflictuelle des organisations, plus nombreuses et divisées qu’ailleurs, rappellent les auteurs. Orientée vers la construction du dialogue social et l’amélioration progressive des conditions de travail, la démarche réformiste portée par la CFDT, la CFTC et l’Unsa s’oppose à celle contestataire majoritairement portée par la CGT et Sud, FO oscillant entre ces deux pôles. « Il ne faut toutefois pas considérer comme un bloc monolithique la CGT qui se cherche entre mouvance réformiste et contestataire », nuancent les auteurs, qui pointent les nombreux accords d’entreprise signés par la centrale dirigée par Philippe Martinez. La complexité de nos évolutions législatives et, désormais, l’obligation de conclure des accords majoritaires compliquent aussi la donne. Les salariés français n’ayant plus toujours confiance dans la négociation collective face à l’omniprésence de l’État, ils tendent à exprimer leurs revendications autrement, comme le montre le mouvement des « gilets jaunes ». Malgré ces fondements peu propices, les partenaires sociaux ont intérêt à oser le dialogue social, tant il bénéficie à toutes les parties prenantes et contribue à la performance des organisations. Partant de là, les auteurs s’attachent tout au long de leur ouvrage à présenter des méthodes et outils qui permettent aux DRH de piloter ce dialogue et de mener efficacement des négociations. Point intéressant, l’ouvrage donne aussi la parole à des leaders syndicaux de terrain qui racontent leur expérience et esquissent en conclusion l’avenir du dialogue social. Bouleversé par la Covid-19, l’essor du télétravail et la digitalisation, il s’effectue de plus en plus en distanciel en visioconférence, ce qui pose de nouveaux défis. Syndicalistes et DRH doivent apprendre à maîtriser ces outils pour convaincre leurs interlocuteurs dans les décisions des CSE. Voici donc venu le temps des réunions mieux préparées et plus brèves…
Magali Courmontagne et David Hindley, éditions Dunod, 23 euros
