Ils se servent de procédés pervers qui ligotent psychologiquement les salariés. Les stressent, les surveillent et jettent sur eux le discrédit professionnel. Les isolent de leurs collègues. Ils s’appuient sur un management autoritaire pour faire taire toute contradiction. Managers et dirigeants harceleurs provoquent ainsi de nombreux maux physiologiques et psychologiques chez les victimes : troubles du sommeil et digestifs, irritabilité, dépression… Après avoir vécu cette descente aux enfers lors de son passage dans une chambre de commerce, Rose-Marie Eynaud a publié deux ouvrages sur le harcèlement. Selon l’auteure, le cœur de ce processus réside dans la capacité du harceleur à manipuler, à séduire les membres les plus dociles d’un groupe de collaborateurs pour s’en faire des alliés contre la victime qui perdra alors pied et l’empathie de ses collègues. Dans ce second ouvrage, elle dénonce les failles au sujet de la réparation. Actuellement, les dommages récupérés par une victime du droit du travail sont très largement inférieurs à ceux récupérés par une victime du droit commun : le rapport des dommages récupérés est d’un facteur 10 en faveur des derniers. Le salarié, qui ne peut faire reconnaître la faute inexcusable de son employeur, ne bénéficie d’aucun poste de préjudice à part le déficit fonctionnel permanent, qui intègre le préjudice économique, par le versement d’un capital ou d’une rente AT/MP forfaitaire. Le reste à charge médical n’est pas couvert, ni la totalité de ses pertes de revenus passés et futurs. Avec la reconnaissance de la faute inexcusable, il obtiendrait « une réparation améliorée ». Alors même que les violences psychologiques au travail progressent, l’ouvrage prône deux mesures : la mise ne place d’un fonds d’indemnisation en faveur des salariés victimes de harcèlement (violences psychologiques) bénéficiant d’une reconnaissance de la maladie professionnelle, et la refonte des modalités de calcul des rentes accidents du travail/maladies professionnelles. « La Sécurité sociale utilise en effet des textes de loi très anciens (1959), beaucoup moins favorables aux victimes relevant du droit du travail qu’à celles qui relèvent du droit commun », regrette l’auteure.

Rose-Marie Eynaud, éditions Baudelaire, 22 euros