Ils sont derrière le démantèlement de Vivarte (André, la Halle…) placé en liquidation judiciaire en 2021, avec son lot de plans sociaux. La cause de la faillite de Courtepaille, d’Office Dépôt ou des difficultés de Vallourec. Depuis trente ans, encouragés par des mesures libérales favorables, les fonds d’investissement organisent « des pillages en bande organisée », causant d’énormes dégâts sociaux. Qui sont ces mastodontes, bête noire des syndicats ? Quelles sont leurs méthodes pour s’enrichir au plus vite en réduisant les coûts, souvent en licenciant ? Dans son enquête passionnante, Cyprien Boganda, journaliste à « L’Humanité », lève le voile sur cet « empire du cash » méconnu. Blackstone ou Apollo aux États-Unis, Ardian en France, ces fonds puissants géraient « 4 400 milliards de dollars d’actifs » en 2020. Documenté, son livre retrace leur histoire au États-Unis et en France, leur lobbying politique actif sous la bannière de France Invest. Le journaliste décrypte clairement leurs méthodes prédatrices : prendre le contrôle d’entreprises par rachat effet de levier (LBO) pour en tirer des marges records avant de les revendre, investir dans celles se trouvant en difficulté en rachetant leur dette « à prix cassé », les laissant exsangues. Entre économie et social, ce livre vivant, étayé de témoignages de syndicalistes et de gestionnaires de fonds, est un portrait à charge des géants du capital-investissement qui s’étendent. Cliniques privées ou logements seraient « leur nouveau terrain de jeu »…
« L’empire du cash » éd. de l’Atelier, 176 pages, 16 euros.
