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Incertitudes

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.11.2022 | Jean-Claude Mailly

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Incertitudes

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Incertitude sur les suites de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Incertitude sur l’évolution de l’inflation que certains croyaient temporaire mais qui devient structurelle.

Incertitude sur l’activité économique en 2023 avec un risque de récession.

Incertitude sur le nombre de PME et TPE qui peuvent aller au tapis compte tenu de la hausse des coûts de production et/ou du remboursement du PGE.

Incertitude sur le travail législatif étant donné l’existence d’une majorité relative à l’Assemblée nationale.

Incertitude sur l’expression des tensions sociales, sujet dont la météo est par nature difficilement prévisible.

Ce qui est certain, c’est que le pouvoir d’achat est devenu une préoccupation centrale.

Dans le secteur privé, il se traite dans les branches et les entreprises. Nombre de DRH découvrent ce que l’on appelle les clauses de revoyure afin de négocier les salaires et primes en fonction de l’évolution des prix. Là où il y a anticipation et un dialogue social en bon état, les choses se passent plutôt correctement. Ce n’est pas le cas partout, nous y reviendrons plus loin.

La responsabilité des pouvoirs publics concerne les fonctions publiques, les décisions diverses en matière de compensation et les sujets mis sur la table. Sur ce dernier point, force est de constater que le timing est mauvais et les sujets mal posés. C’est notamment le cas pour les retraites où il faut arrêter de mettre la charrue avant les bœufs. Travailler notamment sur l’emploi, y compris des seniors ou sur les évolutions importantes en matière de perception et d’organisation du travail devrait constituer un préalable. Or, pour les pouvoirs publics, la priorité est d’abord budgétaire pour atteindre l’objectif de 3 % de déficit public en 2027.

Par ailleurs il ne faut jamais oublier que le rythme de la démocratie sociale est différent de celui de la démocratie politique et qu’il faut éviter de mettre de l’huile sur le feu.

Alors, quand le sociologue Guy Groux rappelle que « la France est une bouilloire », qu’en est-il du climat social ?

Des grèves éclatent ici ou là, essentiellement sur la question des salaires. Celle des raffineries a marqué la période récente. TotalEnergie a une lourde responsabilité en ayant refusé d’anticiper les choses, un peu comme si cette entreprise voulait montrer qu’il ne fallait pas trop la chatouiller, y compris au plan fiscal.

Le comportement de la CGT peut aussi interroger tant il est patent que les préoccupations internes pèsent : le congrès de mars prochain avec le départ de Philippe Martinez, une représentativité en baisse dans le privé, une fédération de la chimie adhérente de la FSM où l’on trouve, par exemple, les syndicats bolivariens du Venezuela. Autrement dit, essayer de se refaire la cerise et de gérer l’interne.

Ajoutons que le comportement de la Nupes, et notamment de LFI avec des soutiens trotskistes, génère des porosités politicosyndicales, source d’ambiguïté et de confusion, qui plus est dans un pays où le conflit a souvent primé sur le compromis et quand le pouvoir snobe la démocratie sociale.

Pour tous ces motifs, le début 2023 pourrait devenir une zone de fortes turbulences, notamment alimentées concrètement par l’inflation, la hausse de l’énergie, la fin des discussions sur la retraite et les annonces qui s’ensuivront.

Raison de plus pour savoir traiter les urgences, ne pas en rajouter et dégager enfin un cap clair et consenti, ce qui suppose effectivement un changement de méthode, la méthode étant, comme le disait Victor Hugo, « le fond qui remonte à la surface ».

Auteur

  • Jean-Claude Mailly