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Outre-Manche, un projet de loi de prévention des comportements sexistes en milieu professionnel annulé après la démission de Boris Johnson

À la une | publié le : 01.11.2022 | Lou-Eve Popper

Les clichés sexistes ont la peau dure. Au Royaume-Uni, les femmes sur leur lieu de travail sont toujours perçues comme des secrétaires corvéables à merci. En octobre dernier, une enquête commandée par Samsung auprès de 2 000 employés britanniques a montré qu’on demandait trois fois plus souvent aux femmes qu’aux hommes de préparer le thé pour toute l’équipe. C’est aussi à elles que l’on demande de réaliser de menues tâches inintéressantes ayant trait à l’administratif. Sans surprise, les femmes sont également deux fois plus souvent questionnées sur leurs enfants que les hommes. Quant aux blagues misogynes, toujours d’actualité, elles continuent de cibler en priorité les employés de sexe féminin. Lors d’entretiens d’embauche, les salariées sont près de 30 % à s’être fait déjà appeler par des surnoms du type « chérie » et près de 40 % l’ont été lors de réunions entre collègues.

Plus inquiétant, une enquête menée par le Trade Union Congress (TUC), la centrale syndicale britannique (qui regroupe plus d’un demi-million de membres), a montré que près de la moitié des femmes avaient déjà été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Problème, l’écrasante majorité d’entre elles (trois sur quatre) ne porte pas plainte auprès de leur direction pour dénoncer ces agissements. La faute à un environnement de travail toxique en général au Royaume-Uni ? Possible. Depuis 2010, une loi stipule pourtant que l’employeur a l’obligation légale de protéger ses salariés du harcèlement sexuel. Mais pour le TUC, l’entreprise doit aller plus loin et mettre en place une stratégie proactive afin d’éviter que le harcèlement ne se produise en premier lieu. En réaction au mouvement #MeToo, le gouvernement conservateur avait ainsi promis en 2021 une nouvelle loi devant contraindre les employeurs non plus seulement à sanctionner les comportements sexistes mais à les prévenir. Dans son sillage, le TUC recommandait ainsi une série de mesures comme des enquêtes internes afin d’évaluer les risques, la formation des manageurs sur les violences sexistes et sexuelles ou encore une communication ferme sur la politique de zéro tolérance au sein de l’entreprise, celle-ci devant s’appliquer aussi bien aux salariés qu’à leurs clients. Las, ce projet de loi n’a jamais vu le jour. En mai 2022, alors que Boris Johnson était encore Premier ministre, Angela Rayner, ténor du parti travailliste, avait ainsi qualifié sa politique à l’égard des travailleuses de « vaste blague ». Les choses pourraient cependant évoluer avec Liz Truss. Connue pour ses vues ultralibérales, la nouvelle Première ministre s’est pourtant déclarée en faveur d’une nouvelle réglementation en la matière.

Auteur

  • Lou-Eve Popper