Les inégalités mondiales persistent. En 2021, avec de fortes disparités selon les pays, « un adulte gagne en moyenne 16 700 euros par an et possède en moyenne 72 900 euros de patrimoine ». Problème : « les 10 % les plus riches de la planète captent 52 % du revenu mondial » et possèdent les trois quarts du patrimoine. Les privatisations ont largement bénéficié aux multimillionnaires. Sauf changements politiques majeurs, les 0,1 % des plus riches pourraient même détenir « un quart de la richesse mondiale » en 2070. C’est l’un des avertissements du dernier « Rapport sur les inégalités mondiales », coordonné par Lucas Chancel et Thomas Piketty. Le livre dense s’appuie sur les données d’une centaine d’économistes dans le monde. Outre les revenus et le patrimoine, cette édition analyse les inégalités salariales des femmes, qui ne « perçoivent qu’un tiers des revenus du travail au niveau mondial » ou celles de l’environnement selon le niveau de richesse. Les économistes rappellent que « les 10 % des plus gros émetteurs sont responsables de près de la moitié des émissions » de carbone sur la planète. Ils avancent des pistes d’une redistribution plus équitable : impôt progressif sur la fortune des multimillionnaires, taux d’imposition mondial plus élevé (25 % au lieu de 15 % adoptés) sur les profits des multinationales. Idem, les politiques climatiques devraient taxer les plus fortunés et « viser les propriétaires d’actifs plutôt que des consommateurs ». Une question de choix politique…
coordonné par Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Ed. du Seuil, 496 pages, 24 euros.