logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Jusqu’ici tout va bien

Édito | publié le : 01.09.2022 | Benjamin d’Alguerre

Jusqu’ici tout va bien pour le nouvel exécutif. Malgré une certaine lenteur à l’allumage, malgré un casting gouvernemental bancal qui a nécessité quelques réajustements en urgence et, surtout, en dépit de l’absence d’une majorité nette à l’Assemblée pour le président réélu, l’équipe d’Élisabeth Borne est parvenue à imposer son « paquet » législatif sur le pouvoir d’achat. Et ce, malgré les coups de gueule, de poing sur la table et parfois de menton d’une opposition désorganisée, qui semble parfois confondre calendrier politique et classement des top-tendances de Twitter.

Jusqu’ici tout va bien. Sur le papier, la rentrée sociale s’annonce sereine. Fidèle à sa tradition, la CGT a déposé ses traditionnels préavis de grève de septembre pour les 22 et 29 du mois et appelé à deux journées de mobilisation en faveur du pouvoir d’achat, de l’augmentation du Smic à 2 000 euros bruts, de la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, de la réduction de la TVA à 5,5 % sur les produits de première nécessité et de l’égalité salariale hommes-femmes. Solidaires a déjà promis de se joindre à la fête, alors que FO se tâte, mais la perspective du prochain changement de tête à la direction de la Centrale de Montreuil projette une forme de rayon paralysant sur le mouvement. Qui imagine réellement qu’un secrétaire général sur le départ – Philippe Martinez rendra les clés de la Confédération en mars 2023 – se lance dans une mobilisation sociale de grande ampleur, alors même que le choix de dauphine, la peu connue Marie Buisson, patronne de la fédération de l’éducation et de la culture CGT, commence déjà à être contestée en interne ?

Jusqu’ici, tout va bien. À l’heure où vous lisez ces lignes, l’édition 2022 de la Rencontre des entrepreneurs de France (Ref), la nouvelle mouture de l’Université d’été du Medef, sera passée. On y aura vraisemblablement parlé licornes, politique culturelle de la France face à Netflix, défense européenne et réindustrialisation, la question du pouvoir d’achat y aura été rangée sous le tapis, de même que le fait que quelques-unes des mesures en faveur des salariés contenues dans la loi seront à la charge des employeurs.

Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’un retour de la Covid-19 dans l’actualité demeure une possibilité, a annoncé Brigitte Autran, nouvelle présidente du conseil scientifique. Que la guerre en Ukraine et les récentes tensions entre la Chine et Taïwan –  premier producteur mondial de semi-conducteurs – font peser un risque sur l’activité des entreprises. Que l’inflation pourrait affecter le coût de la vie au-delà des compensations induites dans le paquet « pouvoir d’achat » du Gouvernement. Et que les réseaux sociaux – pour ce que ça vaut – bruissent d’un mécontentement semblable à celui qui a précédé le mouvement des Gilets Jaunes. Les acteurs économiques et sociaux ont donc tout intérêt à se montrer attentifs aux problèmes de pouvoir d’achat des salariés. Et à prendre leur part dans l’objectif de cette revalorisation générale.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre