Contre le chômage, a-t-on vraiment tout essayé ? Dans cette enquête – une bande dessinée politique – le journaliste de France Inter Benoît Collombatet le dessinateur Damien Cuvillier partent des années Pompidou jusqu’à Macron en 2017 pour montrer qu’il a bien été un choix dans la construction européenne. La baisse de la protection sociale et la précarité signent avant tout « la victoire » de la pensée néolibérale privilégiant les marchés. La critique est connue, mais elle est bien argumentée. Dans cette épopée dense, les auteurs reviennent d’abord sur des moments clés de cette bascule. Notamment pour eux la création du marché européen en 1988 sous Mitterrand et Jacques Delors : « en libérant les capitaux » sans réussir à harmoniser la fiscalité avec l’Allemagne, l’emploi sera déstabilisé. Ou plus tard sur les travers de la BCE, la doctrine de l’orthodoxie budgétaire ne laissant guère de marge de manœuvre aux États que de jouer sur le « coût du travail ». Attention : sur le plan financier, le décryptage est ardu. Riche en interviews d’économistes, d’anciens conseillers et d’intellectuels de tous bords, (Alain Minc, Alain Supiot, Barbara Stiegler), cette BD un peu complexe a surtout un intérêt : éclairer l’influence d’hommes politiques ayant diffusé le néolibéralisme. En particulier un certain Padoa-Schioppa, père fondateur de l’euro et grand partisan des réformes « structurelles » du marché du travail et des retraites. Un état d’esprit qui domine toujours en Europe…
Benoît Collombat, Damien Cuvillier, Ed. Futuropolis, 288 pages, 26 euros.
