logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Crash test

Édito | publié le : 01.06.2022 | Benjamin d’Alguerre

Faut-il parler de changement de gouvernement ou de remaniement ? La situation est inédite. Depuis l’instauration du quinquennat en 2002, aucun président de la République n’aura enchaîné deux mandats de suite. La situation est donc inédite. La plupart des membres de l’équipe gouvernementale que nous avions quittée en avril sont toujours là en juin. Parfois à la même place, comme Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Éric Dupont-Martin, parfois à de nouvelles responsabilités comme Agnès Pannier-Runacher, Amélie de Montchalin, Sébastien Lecornu, Julien Denormandie, Gabriel Attal ou Olivier Véran. Jamais l’expression « jeu de chaises musicales » n’aura aussi bien porté son nom en politique.

Parmi ces « anciens nouveaux », justement, figure Olivier Dusspot, intronisé ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion. Pas de l’Emploi, comme sa prédécesseure devenue sa patronne, Élisabeth Borne, mais bien du Plein-emploi. Nuance. C’est-à-dire le ministre à qui revient la perspective de faire durablement passer un taux chômage aujourd’hui de 7,3 % en dessous de la barre des 5 % à l’horizon 2027 en dépit d’une guerre russo-ukrainienne et de ses conséquences économiques qui ont déjà poussé les experts à revoir à la baisse leurs prévisions optimistes d’il y a à peine quelque mois, d’une forte inflation entraînée (en partie) par le conflit à l’est de l’Europe ou des difficultés d’approvisionnement que rencontrent encore les entreprises françaises et européennes consécutives à la crise Covid. Sur ce dernier point, plusieurs branches professionnelles comme la métallurgie ou l’intérim ont d’ailleurs réactivé leurs accords d’activité partielle longue durée (APLD) pour préparer l’avenir.

Gros challenge annoncé, donc, pour le nouveau locataire de l’hôtel du Châtelet qui peut cependant déjà compter sur les réformes mises en place durant le précédent quinquennat et même celui d’avant. Sauf qu’avant d’éventuellement déboucher le champagne en se félicitant d’un retour à l’économie des Trente Glorieuses, le nouveau ministre va devoir passer le crash-test d’une réforme des retraites déjà ajournée lors du précédent mandat d’Emmanuel Macron pour cause de pandémie. Annoncée pour l’automne prochain, Olivier Dussopt a promis que la réforme serait faite « dans le dialogue et la concertation ». Certes… mais c’est presque mot pour mot ce qu’annonçait déjà Jean-Paul Delevoye voici bientôt cinq ans lorsqu’il était en charge du dossier. L’ancien Haut-commissaire à la réforme des retraites du premier quinquennat Macron avait d’ailleurs été salué par les syndicats pour sa qualité d’écoute, ce qui n’avait pas empêché ces derniers de rejeter son projet en bloc à l’hiver 2019. Dans un passé récent, Olivier Dussopt a lui aussi été félicité par les organisations syndicales pour son ouverture d’esprit pendant une négociation. C’était également en 2019, mais pour une autre réforme : celle de la modernisation de la Fonction publique qu’il est parvenu à mener à bien. Une de ces deux histoires va peut-être se répéter, mais laquelle ?

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre