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L’animal de compagnie, encore un sujet de niche pour l’entreprise ?

Idées | Recherche | publié le : 01.05.2022 |

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L’animal de compagnie, encore un sujet de niche pour l’entreprise ?

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La France est l’un des pays industrialisés au monde totalisant le plus d’animaux de compagnie. Par animal de compagnie, nous entendons un animal qui n’a pas d’intérêt productif. Il peut s’agir bien souvent d’un chien, d’un chat mais aussi de rongeurs, d’oiseaux ou de poissons, etc. La crise de la Covid-19 accompagnée de ses questions d’appropriation de son espace de travail, voire de son besoin de « nature », n’a pas freiné les acquisitions et les dépenses dans ce secteur, bien au contraire. Dans les sociétés occidentales, urbanisées, individualisées, les animaux de compagnie sont devenus un véritable phénomène de société. Aussi, en 2021, il semblerait que presque 78 millions d’animaux de compagnie soient comptabilisés en France (Facco, 2022). Force est de constater que dans la sphère personnelle, 1 foyer sur 2 détiendrait un animal de compagnie et que dans la sphère professionnelle sa présence s’avère parfois incontournable. C’est le cas pour certaines personnes atteintes de handicap. Ainsi, aujourd’hui, il apparaît légitime de se poser la question de l’intérêt et de la place de l’animal de compagnie dans l’entreprise.

L’animal, un objet de recherche dans différents domaines autres que l’entreprise

Depuis longtemps de nombreuses études essentiellement anglo-saxonnes se sont attachées à analyser l’intérêt de l’animal de compagnie dans des lieux et des problématiques totalement étrangers à l’entreprise. En situation médicalisée, il a été établi par exemple que le fait de caresser un animal familier réduit de manière significative la pression artérielle, la température de la peau et la fréquence cardiaque. Pendant l’hospitalisation et la convalescence, il a aussi été admis que la mise en relation d’animaux de compagnie avec les malades se révèle bénéfique car elle pallie l’absence de contacts humains. Plusieurs études ont également été menées chez les enfants, notamment chez de jeunes autistes qui ont modifié leur comportement social non seulement avec l’animal, mais encore avec leur entourage. Par sa présence, l’animal de compagnie peut rompre l’isolement social, favoriser la socialisation et engendrer des effets thérapeutiques encourageants (Corson, O’Leary Corson et Gwynne, 1975).

L’animal de compagnie, un facteur d’implication et de réduction de stress dans l’entreprise.

Dans le cadre d’une recherche qualitative et quantitative (Chaudat, Grima, 2017), nous avons questionné 133 salariés qui disposaient d’un chien sur leur lieu de travail. Concernant le premier volet de l’enquête, il a été question d’analyser la notion d’implication. La recherche témoigne que les jeunes salariés (moins de 25 ans) sont plus impliqués que le reste des individus lorsqu’ils sont accompagnés d’un animal. Cet attachement est également plus marqué chez les femmes que chez les hommes. Par ailleurs, la recherche relève que moins le salaire est élevé et plus l’attachement à l’entreprise est important pour le salarié exerçant au côté de l’animal. Concernant la variable « stress », Il s’est avéré que l’animal a une forte influence concernant les troubles de l’humeur (anxiété, irritabilité, découragement) et les troubles de la tension (maux de tête, nervosité …). Les femmes y sont d’ailleurs plus sensibles que les hommes. L’animal contribue à améliorer un cadre de vie. L’entreprise s’avère plus vivante, plus familière. Les salariés les moins rémunérés, qui plus est, les femmes, semblent les plus attirés par cet environnement. Au sein de l’entreprise, l’animal ne laisse à aucun moment indifférent, ni le salarié, ni l’entourage proche ou éloigné de ce dernier (fournisseur, client, patient …). Il peut se révéler un instrument précieux pour réinventer de nouveaux rapports sociaux. Paradoxalement, il contribue à humaniser les relations humaines.

La difficulté d’accueillir un animal dans l’entreprise

La présence de l’animal de compagnie reste aujourd’hui encore très marginale dans les entreprises et concerne bien souvent des start-up. Sans surprise, il est en effet impossible pour certains secteurs d’activités soumis à de fortes contraintes d’hygiène ou de sécurité d’accueillir certains animaux de compagnie dans leurs murs. Pour les autres secteurs d’activité, les salariés doivent se conformer au règlement intérieur (article 1321-1 du Code du travail) qui fixe les règles de conduite en matière de santé et de sécurité. Par ailleurs, le Code du travail oblige l’employeur à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail). L’employeur a même une obligation de sécurité et de résultat. Un chien peut se montrer agressif, aboyer, mordre ou transmettre à l’homme certaines maladies telles que la teigne ou le ver solitaire. Des salariés peuvent témoigner d’une véritable phobie ou se montrer allergique à l’égard d’un animal. Pour ces raisons, la présence de l’animal de compagnie ne s’improvise pas. C’est donc à l’employeur, au regard de son pouvoir de direction, d’accepter ou de refuser la présence d’un animal dans ses locaux. Si la présence d’un chien éduqué et sociable peut révéler de nombreux atouts (en termes d’implication du personnel, de réduction du stress, d’humanisation des rapports entre collaborateurs, d’amélioration du climat social), et présager un succès partagé, l’autorisation de sa présence nécessite sans aucun doute une discussion et l’adhésion d’un collectif.

Source :

Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers (2022). https://www.facco.fr

Chaudat P. et Grima F. (2017), « La présence de l’animal de compagnie au travail a t’elle une relation sur l’engagement organisationnel et le stress ? Une recherche à partir de la théorie de la facilitation sociale, « Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels.

Corson S.A., O’Leary Corson E. et Gwynne P.H. (1975), « Pet-facilitated psychotherapy ». Pet animals and society, R.S. Anderson (Ed.) Baillière Tindall : London, p. 19-35.