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Et maintenant ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.05.2022 | Jean-Claude Mailly

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Et maintenant ?

Crédit photo Jean-Claude Mailly

La campagne électorale pour l’élection présidentielle a été particulièrement évasive ou imprécise sur les questions budgétaires relatives aux dépenses et recettes correspondant aux mesures proposées par les uns et les autres. Certes l’exercice n’est pas facile, lié notamment aux hypothèses diverses retenues. Il n’en reste pas moins que parfois la louche était importante.

Corrélativement, les questions concernant la dette et le déficit publics ont été peu abordées. Et pourtant elles pèsent et pèseront dans les mois à venir, notamment si, comme prévu, la suspension des critères européens de convergence (les fameux 3 et 60pc), arrêtés à Maastricht et amendés depuis, cesse au 31 décembre de cette année. Leur mise en parenthèse était liée à la pandémie et aux mesures mises en place pour y faire face.

En outre la guerre menée par les Russes en Ukraine a et aura des répercussions à la baisse sur la croissance économique, donc sur les recettes et les dépenses.

De fait, si l’on prend le cas de la France, le déficit comme la dette ont fortement augmenté, atteignant 8,9pc en 2020 et 6,5pc en 2021 pour le déficit et + 6,2pc en 2021 soit 112,9pc du PIB pour la dette.

Certes, comme le rappelle Fipeco, les dépenses inhérentes à la Covid jouent un rôle mais pas en totalité.

La France, comme d’autres pays, réclame à juste titre une modification des critères arrêtés en 1992, c’est-à-dire dans un autre monde. Mais l’Allemagne et d’autres nations ne le souhaitent pas, considérant que les flexibilités apportées pour les apprécier sont suffisantes.

Si l’accumulation des dettes et déficits n’est pas une fin en soi, en particulier s’il s’agit de dépenses courantes, qui plus est en période de retour de l’inflation et de remontée des taux d’intérêt, leur limitation appelle des réponses adaptées. Il faut en effet ne pas sacrifier l’avenir, mieux, investir pour l’anticiper, tout en assurant un consentement global. Ce qui signifie de faire des choix et d’avoir une méthode qui sorte du verticalisme en redonnant force et vigueur aux mécanismes de la démocratie représentative et en ayant recours à l’intelligence collective.

Cantonner la dette Covid et la faire rouler est nécessaire mais insuffisant. Il va donc falloir prendre des décisions en matière de dépenses et de recettes. Et c’est là que les difficultés commencent. Ainsi comment ne pas penser que l’annonce du report de l’âge de la retraite à 65 ans n’est pas avant tout lié à des motifs d’économies budgétaires. Sauf que la mesure ne passe pas et qu’il faut donc remettre l’ouvrage sur le métier en prenant en compte tous les paramètres, à savoir l’âge, la durée de cotisations, la pénibilité, le niveau des prestations et les carrières longues. Il ne s’agit pas de refaire une usine à gaz dévoreuse d’énergie pour rien, mais de dresser par la concertation des mesures acceptées le plus largement possible. N’oublions pas, par exemple, que la France a mis en place la double peine : augmentation de la durée de cotisation et recul de l’âge. Pour le plus long terme on pourrait également mettre sur la table la création d’un troisième niveau obligatoire d’épargne retraite, sachant qu’aujourd’hui il n’existe que dans certaines grandes entreprises et que c’est source dès lors d’inégalités. Cela pourrait être un sujet de négociation pour les branches.

D’une manière générale il est plus que nécessaire de conjuguer un projet avec une méthode, de savoir faire confiance, de ne pas vouloir tout décider : bref de faire vivre la démocratie avec le souci permanent de l’universalisme républicain.

Auteur

  • Jean-Claude Mailly