Et de rappeler que depuis le début des années 1980, les jeunes actifs sont confrontés à un taux de chômage structurellement deux à trois fois plus élevé que celui observé dans le reste de la population. Que sur la même période, parmi les jeunes de moins de 25 ans en emploi, la part des contrats précaires (CDD, intérim, contrats aidés, stage, apprentissage) a été multipliée par trois pour atteindre plus de 50 % aujourd’hui. Qui plus est, cette précarité tend à s’installer : les calculs effectués dans ce livre montrent que les jeunes nés en 1980, davantage affectés par les emplois précaires à 25 ans que les générations précédentes, le demeurent encore à 35 et même 40 ans. Ce phénomène frappe évidemment en priorité les vaincus de la compétition scolaire « condamnés à une alternance d’emplois précaires, lorsqu’il y a de la croissance, et de périodes de chômage, dès que la conjoncture se retourne ». Dans cet ouvrage, Camille Peugny se plaît aussi à critiquer le concept en vogue de génération Y (nés entre 1984 et 1996) qui laisse croire que tous les jeunes sont concernés par la quête de sens, le refus de la hiérarchie, le souci de l’équilibre entre vie professionnelle et familiale, une infidélité et une grande attention prêtée à la politique RSE de leur employeur… Ces tendances réelles ne concernent en fait qu’une petite minorité des Y, ceux qui sont très diplômés et ont le choix quand beaucoup d’autres se soucient avant tout de trouver un emploi et de boucler leur fin de mois. Qui plus est, les jeunes des classes populaires ne bénéficient plus, comme durant les « Trente Glorieuses », d’une forte croissance qui laissait espérer à chaque génération de mieux vivre que la précédente. Conséquence ? Les origines sociales, le capital économique et culturel, redeviennent déterminants dans les trajectoires sociales et professionnelles, estime le sociologue. Pour y remédier, il préconise une politique de la jeunesse accordant à tous les jeunes une bourse durant leurs études comme cela se fait au Danemark, généralisant les dispositifs de « seconde chance » (type Garantie jeunes) ou renforçant le droit à la formation continue pour les moins diplômés.

Camille Peugny, Éd. du Seuil, 11,80 euros.