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Décodages

Les compétiteurs de Muriel Pénicaud à la direction de l’OIT

Décodages | Organisation internationale du travail | publié le : 01.03.2022 |

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Les compétiteurs de Muriel Pénicaud à la direction de l’OIT

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Kang Kyung-wha – Corée du Sud

« Une femme brillante » mais surtout « la candidate surprise », selon différents acteurs de l’OIT sollicités par Liaisons sociales. Première femme ministre des Affaires étrangères de son pays de 2017 à 2021, Kang Kyung-wha a occupé divers postes à l’ONU, dont celui de conseillère du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Ella a également été sous-secrétaire générale aux affaires humanitaire et adjointe du Haut-Commissaire pour les droits de l’Homme sous Kofi Annan à l’Onu. Son expérience internationale et onusienne fait l’unanimité, « mais pas sa connaissance des arcanes de l’OIT », persifle un connaisseur du dossier. Lors de son audition, elle a, en tout cas, été catégorique : élue, elle serait une directrice générale « impartiale ». Son point faible : la répression syndicale forte dans ce pays, où l’arrestation récente d’un dirigeant syndical, Yang Kyeung-soo, président de KCTU, a fait des vagues.

Gilbert Houngbo – Togo

Le charismatique Gilbert Houngbo a occupé un poste de directeur adjoint à l’OIT (2013-2017), après avoir été Premier ministre de son pays (2008-2012). Le candidat, qui a grandi dans une région rurale du Togo a développé des enjeux très clairs autour du travail. « Pour les travailleurs, les enjeux du travail de l’OIT sont particulièrement importants en Afrique, souligne un observateur français. Son élection serait un vrai signal positif. » Gilbert Houngbo se dit réformiste et estime qu’il est temps d’adopter un plan social global. À l’échelle de l’Afrique, l’un des grands défis, a-t-il relevé auprès du quotidien Le Temps, qui l’a rencontré, « est de formaliser l’économie dont 80 à 90 % est informelle. « Cela passe par la formation, l’apprentissage, une protection sociale et des politiques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes », a-t-il développé. Point faible : lors de son audition, on lui a demandé pourquoi il s’était fait réélire à la présidence du Fonds international de développement agricole (Fida) en 2021 alors qu’il convoitait la tête de l’OIT. Un mandat qui pourrait lui nuire. « S’il est élu, analyse un futur votant, l’une des grandes questions est de savoir comment il se comportera avec des pays comme la Chine et la Russie… »

Mthunzi Mdwaba – Afrique du Sud

C’est la candidature qui a les faveurs des organisations patronales et que les travailleurs veulent logiquement contrer. Le Sud-Africain Mthunzi Mdwaba, qui dirige diverses sociétés en Afrique, a occupé plusieurs postes dans des organisations patronales.. Il pourrait obtenir une bonne partie des 14 votes des employeurs sur les 56 que compte le Conseil d’administration qui élit le futur directeur. Considéré par certains observateurs comme « très dynamique », il a les faveurs de ceux qui pensent qu’après Guy Ryder, il faut un représentant des employeurs. Très bien placé à l’origine, Mthunzi Mdwaba part cependant avec un handicap : à peine déclaré, il a perdu l’appui de son pays d’origine, l’Afrique du Sud. « Il a en revanche obtenu le soutien du Brésil, de la Colombie et n’est pas un fervent défenseur du droit de grève ce qui est particulièrement problématique », détaille une source au sein de l’OIT. Selon nos informations, il aurait les faveurs du patronat français.

Greg Vines – Australie

L’Australien Greg Vines, directeur général adjoint de l’OIT pour la gestion et la réforme, a derrière lui une longue carrière de cadre dirigeant en Australie et au niveau international. Il a occupé une série de postes de haut niveau auprès des gouvernements de l’Australie et du Timor-Leste ainsi que des fonctions de direction au sein des syndicats australiens. « Son parcours s’est concentré sur le dialogue social, les évolutions en matière d’organisation et de lieu de travail, de gouvernance et de direction des ressources humaines », relève l’OIT. Cependant, malgré une excellente présentation lors de son audition et sa connaissance fine des dossiers, sa place de « numéro 2 est un handicap important « , analyse une source syndicale. En clair : comme il a contribué à l’élection de Guy Ryder, certains y verraient un retour d’ascenseur.