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États-Unis : un capitalisme qui tue

Idées | Livres | publié le : 01.02.2022 |

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États-Unis : un capitalisme qui tue

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Le monde a les yeux rivés sur la pandémie, mais aux États-Unis, une autre épidémie silencieuse fait des ravages depuis vingt ans : les décès dus à l’alcoolisme et aux opioïdes autorisés qui frappent la classe ouvrière. C’est ce drame invisible « des morts de désespoir » qu’auscultent les économistes américains Anne Case et Angus Deaton dans leur livre. Comment la première puissance mondiale en est-elle arrivée-là ? Les chiffres sont catastrophiques (92 cas pour 100 000 décès en 2017, selon leurs calculs) touchant surtout « les moins diplômés ». Mais au-delà, l’intérêt de l’ouvrage est de sonder les dégâts du néolibéralisme américain. Les États-Unis sont un pays profondément inégalitaire en matière de système de santé, que les auteurs fustigent. Mais pour eux, cette terrible explosion des décès tient à plusieurs causes : être au chômage ou accepter « de mauvais emplois » précaires (logistique) joue certes dans cette détresse. Mais tout autant que « le déclin » de la vie de famille ou des communautés, notamment syndicales. Ils pointent notamment du doigt l’externalisation qui s’accélère partout aux États-Unis : « Les syndicats ont perdu du poids dans le privé ». Face aux excès du capitalisme qui détruit la vie des classes populaires, les auteurs appellent « à un filet de sécurité » plus fort pour réduire les inégalités. Et à lutter contre « la rente » des entreprises pour établir enfin une redistribution « vers le bas ». Des politiques de fond, pour enrayer une spirale mortifère.

« Morts de désespoir »,

Anne Case et Angus Deaton, éd. Puf, 412 pages, 25 euros.