Ne l’appelez pas DRH. Ni même happiness manager. Embauchée en septembre 2021, Laura Terrollion est aujourd’hui la « responsable harmonisation et rayonnement humain » – ou (RH)² pour simplifier – au sein de Poralu Marine, une PME de 150 collaborateurs français et internationaux, spécialisée dans la construction flottante, la conception et l’installation de marinas, de clubs de voile ou de cercles nautiques et, plus récemment, de la collecte des déchets plastiques littoraux. (RH)², kézako ? « Au quotidien, mon travail consiste à diffuser le respect et la cohérence des valeurs humaines du groupe – humilité, bienveillance, courage –, à accompagner les managers dans leur rôle de soutien de leurs collaborateurs et de leurs équipes et à garantir le bien-être au travail afin que chacun puisse trouver son épanouissement personnel », explique cette jeune titulaire d’un double cursus en psychologie du travail et ressources humaines.

Pas de happiness management au menu, vraiment ? « Non », répond Laurent Gasiglia, PDG de Poralu Marine, « un happiness manager anime plutôt une communauté interne. Laura s’occupe de l’épanouissement des individus. Déjouer leurs peurs, les débarrasser de leurs croyances incapacitantes, les guider vers des formations en fonction de leurs talents », détaille-t-il. Pas d’organisation d’afterworks ou de tournois de baby-foot interservices dans la fiche de poste de Laura Terrollion, donc. Quant au domaine RH stricto sensu, elle n’y touche guère, sauf en coiffant la casquette de directrice formation du groupe, intégrée à son poste. « Pour moi, les RH relèvent de l’administration juridique et légale du personnel – d’ailleurs, le terme de « ressources humaines » me pose philosophiquement un problème. Les « RH », c’est la paie, les contrats de travail ou le recrutement. Le poste de responsable harmonisation et rayonnement humain ne demande pas les mêmes compétences », indique ce patron écolo qui a fait du bien-être de ses salariés un leitmotiv et du slogan « Replaçons l’essentiel au cœur de l’important » la devise officieuse de sa boîte. Au point de changer le statut de son entreprise début 2021 pour la doter d’une mission et d’une raison d’être (« permettre aux humains de vivre en harmonie avec leur écosystème »). « Par écosystème, on entend avec la Nature, mais aussi dans leur vie de citoyen et de salariés », précise le dirigeant de cette PME « multinationale » installée dans l’Ain mais qui dispose de sites de productions ou de bureaux au Canada, au Mexique, dans le Moyen-Orient ou en Australie, réalise 90 % de son chiffre d’affaires sur le marché international et a décroché le marché des installations nautiques pour les JO de Paris en 2024 après avoir installé des infrastructures similaires pour ceux de Londres en 2012.

De l’aveu de Laurent Casiglia, la création d’un tel poste n’a pas suscité de levée de boucliers des IRP qui auraient pu s’offusquer d’une fonction de l’entreprise susceptible d’entrer en concurrence en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. « Aucun lien », tranche l’intéressé. « Ici, les responsables de ces questions, ce sont les dirigeants de site. La (RH)² raisonne en termes d’épanouissement individuel. Cela a toujours été clair avec les représentants du personnel. » Dès le mois d’avril prochain, la fonction devrait se voir dotée de son propre budget de fonctionnement, pas encore décidé, mais qui devrait osciller « entre 120 000 et 150 000 euros annuels ».

1982

Fondation de l’entreprise

Avril 2021

Devient une entreprise à mission

Septembre 2021

Création du poste de responsable harmonisation et rayonnement humain