Pandora ou Panama papers, les scandales sur l’évasion fiscale se multiplient. Des affaires impliquant élites, hommes d’État, PDG de grands groupes. Si le projet de taxation mondiale des multinationales vient d’être adopté, la lutte contre la fraude fiscale reste insuffisante, juge Noël Pons. Dans « La corruption, comment ça marche », cet ancien inspecteur des impôts, expert reconnu du sujet, évoque une industrie mondiale de la fraude économique devenue très sophistiquée, avec avocats, cabinets conseil et banques « offshore ». Son livre clair en explique les ficelles. Et tout y passe : montages d’évasion fiscale utilisés par les entreprises (Kering), celle des Gafam avec les brevets intellectuels, fraudes à la TVA avec de fausses facturations et sociétés écran. En matière de lutte contre le blanchiment d’argent, les condamnations de banques comme BNP-Paribas ont marqué les esprits. Mais les instances de contrôle européennes seraient « trop en retrait ». L’auteur appelle « à renforcer les règles et à sanctionner directement les plus hauts dirigeants ». Le sujet est hautement politique et Noël Pons le sait. Mais il n’épargne personne, jusqu’aux appels d’offres truqués des marchés des collectivités, où il pointe les dérives des partenariats publics-privés. Dans son inventaire sombre, il insiste sur un « risque élevé » dont doivent se protéger l’État et les entreprises : celui de la cybercriminalité et des « rançongiciels » très actifs pendant la pandémie. Un éclairage instructif.
Noël Pons, Seuil, 592 pages, 23 euros.
