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Idées

Le retour de la feuille de paye

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.11.2021 | Jean-Claude Mailly

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Le retour de la feuille de paye

Crédit photo Jean-Claude Mailly

La question du pouvoir d’achat s’invite dans la campagne électorale et le concours Lépine des propositions a débuté. Preuve que cette question est prioritaire et ce pour plusieurs raisons :

• les sommes déversées par les banques centrales, dont la BCE, pendant la pandémie ont notamment eu comme effet de gonfler le prix des valeurs boursières générant de fait un sentiment croissant d’inégalités ;

• l’inflation repart sans pour autant savoir si elle sera temporaire et conjoncturelle ou structurelle et plus permanente ;

• l’envolée des prix de l’énergie alourdit le poids des dépenses dites contraintes et ampute d’autant le pouvoir d’achat en particulier pour les ménages les moins favorisés ;

• en période dite de reprise il est logique que la question salariale redevienne prioritaire, notamment dans les secteurs dits en tension.

Quand certains d’entre eux, comme l’hôtellerie-restauration, ont des difficultés pour recruter, c’est dû à la faiblesse des salaires et aux conditions de travail. Dans une logique de marché, cela devrait logiquement conduire à améliorer ces deux aspects. Et l’expérience du Brexit montre que le départ de travailleurs étrangers n’est pas comblé par des salariés anglais ! Ce qui devrait faire réfléchir ceux qui font de l’immigration une des causes du chômage, pour peu qu’ils soient sensibles à la raison.

Face à une telle situation que peut faire l’État ?

Ses marges de manœuvre se limitent aujourd’hui au Smic et aux fonctionnaires. Leur augmentation serait un signe positif. Une augmentation brutale à deux chiffres serait cependant contre-productive car génératrice d’inflation et d’écrasement des grilles hiérarchiques, comme ce fut par exemple le cas en 1981. Il faut savoir prévoir un étalement pour permettre les négociations de branche. L’État devrait par ailleurs être plus directif vis-à-vis des branches sur la revalorisation des minima conventionnels en édictant qu’en l’absence d’accord, les exonérations de cotisations patronales diminueraient. Cela concerne notamment les « deuxièmes lignes » qui ne doivent pas être oubliées après leur visibilité prégnante lors du confinement. Il doit aussi utiliser la présidence française de l’Union européenne pour faire aboutir la mise en place d’un salaire minimum dans chacun des pays avec un niveau au minimum des deux tiers du salaire médian.

Enfin l’État pourrait décider de la mise en place d’un dividende salarial, c’est-à-dire d’une rémunération négociée et obligatoire préalable à tout versement de dividendes aux actionnaires.

Tout cela participerait d’une répartition plus équitable de la valeur ajoutée, un des éléments clefs d’une RSE ou ESG de plus en plus indispensable.

Nous sommes ici sur la question du partage des résultats. Reste ensuite à mettre en œuvre une réforme fiscale guidée par l’équité indispensable au consentement, tant pour les individus que les entreprises.

Si l’on est convaincu que les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité demeurent le cap et le projet de tous ceux épris de république et de démocratie, il convient aussi d’accélérer sur l’égalité hommes-femmes sur la base du principe « à travail égal, salaire égal », ce qui jouera aussi à terme sur l’amélioration des retraites des salariées, la retraite étant le reflet d’une carrière. Dans tous les cas il ne s’agit pas de faire de la démagogie ou de construire des usines à gaz, il faut être concret, lisible et efficace. C’est une question de crédibilité.

Auteur

  • Jean-Claude Mailly