L’hégémonie des Gafa inquiète. Mais à côté de ces « titans » numériques, les « géants mondiaux comme Walmart », Nestlé ou Novartis font aussi partie du « 1 % des entreprises mondiales les plus rentables ». Faut-il s’inquiéter de leur puissance ? Sont-elles devenues plus fortes que les États ? Dans son livre axé sur la concurrence, François Lévêque, économiste et enseignant à l’école des Mines, analyse les ressorts de ces entreprises « superstars », qui « creusent l’écart » en matière d’innovation, de marchés ou de profits records. Il y montre notamment que Google ou Apple accroissent les inégalités salariales, en attirant, avec des rémunérations supérieures, des experts talentueux. Si les Gafa sont pour lui « une menace pour la démocratie » (à lire, le passage impressionnant sur leur lobbying), l’enseignant tempère dans l’ensemble l’impuissance des États face à ces multinationales. Les lois antitrusts n’ont pas évolué, mais pour lui, « la lutte est engagée » dans la régulation. Son ouvrage passe en revue les projets de la Commission européenne ou du G20 pour contrer l’évasion fiscale. Un avis assez optimiste. Si tout n’est pas simple (les pays ont aussi besoin d’attirer « des géants » pour créer de l’emploi), pour l’auteur, les États restent « souverains ». Entre ces régulations, le conflit entre la Chine et les États-Unis et la prise de conscience de la vulnérabilité mondiale depuis la pandémie, François Lévêque estime même que le temps de l’expansion sans limite « est fini ». Un avis très personnel.

François Lévêque, Odile Jacob, 240 pages, 22,90 euros.