En réalisant des missions de contrôle, d’audit, d’expertise et d’évaluation, en conseillant les pouvoirs publics, l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) inspire des politiques sociales et des réformes sur une large gamme de sujets sociaux. Après un aperçu historique sur l’origine de la fonction d’inspection, cet ouvrage invite le lecteur à suivre l’évolution des politiques sociales depuis trente ans à travers les missions effectuées par l’Igas. Au gré des chapitres, le lecteur découvre les synthèses des analyses que les inspecteurs ont effectuées ces dernières décennies sur toutes sortes de sujets : aide sociale à l’enfance, politiques de l’hébergement, de lutte contre la pauvreté, du logement et de l’insertion, du handicap et du grand âge, de l’égalité professionnelle entre femmes et hommes, du monde associatif œuvrant dans cette sphère, de l’appel à la générosité publique pour des causes sociales… Certes, tous ces travaux n’ont pas eu de retombées identifiables mais « la décision publique obéit à des lois et des temps qui ne sont pas forcément ceux des inspections », rappelle-t-on dans l’introduction.

Dans la postface, Pierre Boissier, ancien chef du service de l’Igas, suggère des pistes pour améliorer le travail des corps d’inspection générale. Il appelle d’abord les inspecteurs à émettre dans leurs rapports des propositions plus opérationnelles. Cette exigence requiert une diversification des compétences de ces derniers, qui doivent pouvoir s’appuyer sur les connaissances des travailleurs sociaux, des statisticiens, voire des praticiens du privé. Une meilleure exploitation des bases de données publiques grâce à l’outil informatique devient également nécessaire pour compléter l’approche juridique et administrative de l’Igas. Les corps d’inspection sont, à cet égard, à un tournant, poursuit le haut fonctionnaire : « Ils doivent être en mesure, tout en conservant leur caractère généraliste, d’assurer la contre-expertise de sujets de haute technicité, et proposer des visions cohérentes de moyen terme, compréhensibles par le plus grand nombre. » Un défi d’ampleur « dans une période marquée par la méfiance du corps social, tant à l’égard du politique que de l’expert », conclut Pierre Boissier.

Ouvrage collectif sous la direction de Dominique Giorgi, Presses de l’École des hautes études en santé publique, 32 euros.